De Berlin à Munich, en passant par Hambourg, l’Allemagne séduit par sa capacité à allier tradition industrielle et innovation technologique. Dans ce pays où les PME familiales côtoient les géants de l’automobile et de l’ingénierie, entreprendre, c’est s’inscrire dans une culture de précision, de stabilité et de rigueur administrative. Lepetitjournal.com vous présente le guide complet pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en Allemagne.


Le contexte économique en Allemagne
L’Allemagne était, jusqu’à l’année dernière, la troisième force économique mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine. Dépassée par le Japon, elle reste donc, à ce jour, la plus grande puissance économique européenne. Son économie est basée en grande partie sur l’exportation, notamment dans les secteurs de l’automobile, de la machinerie et de la chimie. Dû aux récentes crises mondiales, le pays est entré en période de stagnation, et une croissance nulle pour 2025 est attendue.
Néanmoins, le pays garde ses PME (petites et moyennes entreprises) solides, actives, innovantes et fructueuses. 3% du PIB du pays est investi dans le développement et dans la recherche, et les PME génèrent près de la moitié de la valeur ajoutée du pays. La valorisation de celles-ci, ainsi que la diversité de leurs spécialisations, font de l’Allemagne un pays très attractif pour entreprendre.
Les secteurs attractifs en Allemagne
- Secteur de l’énergie durable : l’Allemagne est en pleine transition énergétique, et beaucoup de sociétés bien établies doivent atteindre certains objectifs pour réduire leurs émissions. L’innovation technologique et écologique trouve son cœur à Hambourg, avec ses nombreux salons de networking.
- Secteur de la Finance : la BCE (Banque centrale européenne) trouve son siège à Francfort, rendant la ville très attractive pour qui veut entreprendre.
- Secteur de l’IA (intelligence artificielle) et de l’IT (informatique) : secteur attractif partout dans le monde, y compris en Allemagne. Une majorité de plus anciennes PME peinent à assumer la transition numérique, et les start-ups qui peuvent les épauler sont bien accueillies. Souvent basées à Berlin.
- Secteur de l’automobile : avec Volkswagen, ou BMW, pour ne citer que celles-ci, le secteur automobile est un des piliers de l’économie allemande depuis des décennies, et reste un secteur innovant et dynamique. Viser Munich pour les développements en électro-mobilité et technologies automobiles.
- Secteur de la chimie et ingénierie : troisième secteur économique d’Allemagne, très présent à l’Ouest du pays. Principalement à Francfort, Mannheim, ou Karlsruhe.
- Secteur de la culture et micro-entreprises : bien que la culture souffre de coupes budgétaires dans de nombreux pays européens, les villes de l’Est, comme Berlin, mais aussi Leipzig ou Dresde, soutiennent les idées circulaires, locales et culturelles.
Les visas pour travailler et investir en Allemagne
Les ressortissant·es de l’UE, de l’EEE et de la Suisse n’ont pas besoin de VISA pour venir s’installer et travailler en Allemagne. Les ressortissant·es des pays tiers doivent demander le permis de séjour correspondant au service des étrangers de la commune de résidence.
VISA d’auto-entrepreneur : fournir un business plan concret avec :
- justification de l’intérêt régional, social, et économique du votre projet,
- les retombées économiques positives du projet sur le pays,
- financements sécurisés, et une autorisation d’exercice de la profession.
Le VISA d’auto-entrepreneur dure trois ans, mais peut être prolongé sous certaines conditions.
La carte des opportunités (Chancenkarte)
Pour les ressortissant·es hors-UE / EEE et Suisse, la carte des opportunités permet de séjourner pendant au moins un an en Allemagne, et d’utiliser ce délai pour chercher un emploi (avec la possibilité de travailler 20h par semaine dans un secteur secondaire). Pour être éligible à la carte des opportunités, il faut :
- option 1 : avoir obtenu son diplôme en Allemagne, ou disposer d’une qualification professionnelle entièrement reconnue : alors la carte des opportunités vous est d’office accessible.
- option 2 : Réunir au moins six points dans le système de la carte, en plus d’avoir un diplôme académique ou professionnel, reconnu par l’Etat dans lequel il a été obtenu, et validé par l’Office central de l’éducation à l’étranger. L'expérience professionnelle, la connaissance de l'allemand, ou l'âge, par exemple, font partie du système de points.
Possibilité de "Self-check" son éligibilité.
VISA de travailleur qualifié :
- avoir une qualification reconnue par l’Allemagne, ou un diplôme d’équivalence universitaire. Pour les métiers réglementés (la santé, notamment), il faut aussi fournir une autorisation d’exercice.
- Offre d’emploi concrète d’un employeur allemand, pour une activité dite « qualifiée », c’est-à-dire qui nécessite une formation professionnelle ou un diplôme reconnu.
- L’emploi ne doit pas nécessairement être en rapport avec la qualification.
- Pour les personnes âgées de plus de 45 ans, il faut justifier un salaire brut annuel d’au moins 53 130€ (en 2025) avec l’activité envisagée en Allemagne, ou d’une pension de retraite. (REFORMULER)
Délivré pour une durée maximale de quatre ans, à condition que le contrat reste en vigueur tout du long.
Les différents statuts juridiques pour créer son entreprise
GmbH (Gesellschaft mit beschränkter Haftung)
La GmbH, ou société à responsabilité limitée de droit allemand, est la forme juridique la plus populaire pour la création d’entreprise. Sa grande répandue peut s’expliquer par le faible capital social nécessaire pour démarrer (25.000€), par la liberté de sa conception (seul ou à ou plusieurs, personne morale ou physique), et peut donc être utilisée par des grandes entreprises comme des petites.
En cas de manque de fond pour atteindre le capital minimum, il est possible de créer une « mini-GmbH » en attendant d’atteindre les 25 000€.
OHG (Offene Handelsgesellschaft)
Société en nom collectif, ce type de forme juridique est fort courant en Allemagne. Elle comprend au moins deux associé·es : un·e commandité·e à responsabilités illimitées, avec des associé·es commanditaires, dont les responsabilités se limitent à leur apport.
GbR (Gesellschaft bürgerlichen Rechts)
L’entreprise de droit civil est la forme juridique la plus simple, et permet de mener des activités commerciales qui ne dépassent pas une certaine limite — en terme de bénéfice, de nombre d’employé·es, etc. Adaptée pour les petites entreprises, surtout culturelles, sociales, artisanales ou dans le secteur du soin.
AG (Aktiengesellschaft)
La société anonyme allemande, l’AG, est réservée aux grandes entreprises, et c’est la seule qui permet de rentrer en bourse.
Micro-entreprises (Kleingewerbe)
Statut juridique simplifié, réglementé par la mise en place d’un plafond sur le chiffre d’affaire qui permet à la start-up d’être exemptée de certaines obligations, surtout au niveau fiscal.
Einzelunternehmerin (entreprise en solo)
Pour celles et ceux qui souhaitent se lancer en freelance, le statut juridique existe et permet d’avoir le contrôle total sur son activité commerciale.
Comment enregistrer son entreprise en Allemagne ?
L’Allemagne est connue pour sa rigueur administrative. Pour créer sa propre entreprise, quel que soit son statut juridique, il faut se préparer à être assidu et patient avec les formalités, toujours conséquentes. Les activités freelance ou de petites entreprises nécessitent moins de démarches, sans pour autant s’en dédouaner.
Il faut avant toute chose identifier si le projet d’entreprise est de l’ordre commercial (Gewerbe) ou libéral (freie Beruf).
Première étape : définir un business plan et choisir un nom d’entreprise
En Allemagne sont valorisés la rigueur, le sens du détail et l’intérêt unique d’un projet. Plus le business plan est solide, réfléchi et original, meilleure impressions vous ferez. Il faut ensuite choisir un nom d’entreprise. Pour les micro-entreprises, ou les projets freelance, qui sont inscrits au Code Civil, il faut toujours inclure son nom et son prénom en plus du nom de l’entreprise commerciale. Pour les autres, il faut vérifier auprès du registre du commerce (Handelsregister) si le nom est disponible, et s'il répond à toutes les exigences.
Deuxième étape : rédaction des statuts
C’est dans ces statuts que vous listerez : le format juridique de l’entreprise, ses fondateur·ices, le capital initial, les techniques de gestion, etc. Tous les projets qui sont soumis au Registre du commerce doivent passer chez le notaire pour officialiser les démarches.
Troisième étape : passage à l’Office du commerce
Pour faire sa demande de licence commerciale (Gewerbeschein), qui permettra d’exercer l’activité. Consulter l’IHK dans le cas de professions particulières : permis spéciaux (santé, architecture), brevet de maîtrise (artisanat), ou mesures d’hygiène (restauration).
Documents à fournir
- Carte d’identité / passeport et VISA (si nécessaire) pour chaque fondateur·ice
- Anmeldung de chaque fondateur·ice : certification d’habitation / contrat de bail
- Déclaration d’activité
- Tous les permis et certificats nécessaires
- Dans certains cas, extrait du casier judiciaire
- Statuts rédigés, et certifiés par le notaire si nécessaire
Quatrième étape : Obtention du numéro fiscal et de la TVA
Se rendre au bureau des impôts (Finanzamt) pour enregistrer votre entreprise : avec les statuts, les licences, l'inscription à l’Office du commerce, et vos documents mentionnés ci-dessus. Le bureau des impôts fournit alors un numéro d’identification fiscale, ainsi qu’un numéro de TVA.
Une fois votre numéro de TVA reçu et inscrit, vous pouvez facturer et lancer votre entreprise. Cependant, il ne faut pas négliger le système d’impôts spécifiques aux entreprises et nouvelles entreprises. Le mieux et le plus conseillé est de se doter d’un·e comptable agré·ée, d’un·e conseiller·ère fiscal·e, et d’assurances.
Les micro-entreprises et les auto-entrepreneur·euses peuvent être exempté·es de TVA si leurs bénéfices annuels ne dépassent pas les 17 500€ la première année, et 50 000€ la deuxième.
Se lancer comme freelance en Allemagne
Comme pour les entreprises, il faut d'abord savoir si vous faites partie des Freieberufler (en d'autres termes "freelance libéraux" : médecin, journaliste, architecte, ...). Si oui, la fiscalité est simplifiée et vous ne payez pas l'impôt commercial. Vous devez cependant inscrire votre activité auprès du Finanzamt pour obtenir votre numéro d'identification fiscale. En tant que freelance, vous êtes soumis·e à l'impôt sur revenus, et cotisez 19% sur vos factures, à déclarer chaque année. Toutefois, le statut d'indépendant permet de déduire beaucoup de dépenses professionnelles, et il n'est donc pas négligeable de garder ses reçus.
L'autre possibilité est que votre activité nécessite une déclaration d'activité commerciale (Gewerbeanmeldung), et donc de payer l'impôt sur entreprises (Gewerbesteuer). Dans ce cas-là, les étapes de créations sont les mêmes que mentionnées ci-dessus.
Si vous êtes freelance (et il en va de même pour les entreprises de personnes (GbR)), et que votre bénéfice ne dépasse les 24 500€ par an, l'impôt sur entreprise leur est exonéré. Le reste du bénéfice est soumis à l'imposition de base (3,5%), ainsi qu'à l'imposition locale de la commune.
Les ressources pour les entrepreneur·euses en Allemagne
Infos générales
Make it in Germany : site officiel du gouvernement fédéral pour toute information relative à l’installation en Allemagne, traduit en 5 langues, dont le français.
IHK : chambre de commerce et d’industries locales.
BMWK : portail des créateur·ices d’entreprise, source officielle et guides.
Clevver : application et service de centralisation des données et documents lors de la création d’entreprise.
Ressources et guides
Frauenalia : aide professionnelle pour les travailleuses étrangères (hors-UE) pour valoriser leur activité et leur entreprenariat en Allemagne.
BGA : Agence nationale pour les créatrices d’entreprises (conseils et forums).
Les Nouvelles Voix : associations de professionnelles entrepreneuses de Berlin, ressources, ateliers, conseils.
Connexion-emploi : site leader dans la diffusion d'offres d'emploi franco-allemande. Dispose donc également de guides, et de conseils de carrière.
Expatriation Allemagne : expert·es franco-allemandes qui fournissent un certain nombre de guide sur le travail, l'imposition, la retraite, l'immobilier, et plus.
Des conseils avant d’entreprendre en Allemagne
Tout d’abord, il faut bien choisir le statut juridique de son entreprise. Les entreprises individuelles et les petites entreprises de personnes, enregistrées au Code Civil (et non au Code du Commerce) sont certes moins intenses au niveau administratif et permettent de se lancer plus simplement et rapidement, mais impliquent une responsabilité financière personnelle. Les GmbH, ou les AG, plus réglementées et à responsabilités limitées, offrent de la sécurité financière au détriment d’exigences commerciales et de capital minimum, donc d’un coût plus conséquent au lancement.
La connaissance de l’allemand n’est pas absolument indispensable, mais fort recommandée. A part à Berlin, où de plus en plus d’administratif est traduit en anglais, la grande majorité des documents officiels ne sont accessibles que de la langue nationale.
Les projets d'entreprises sont davantage valorisés quand ils privilégient le sens du détail et l'excellence. Veillez à bien mettre en avant la valeur ajoutée de votre produit, ou service, afin qu'il trouve sa place dans l'écosystème d'entreprises allemandes. En savoir plus, par ici.
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