Alors que les séries d’époque séduisent de plus en plus le public, la petite dernière de Netflix, L’impératrice, propose une version rafraichie du mythe entourant Sissi, l’impératrice Elisabeth d’Autriche. À quel point la série est-elle fidèle à l’Histoire ?
« Sissi », Elisabeth de l’Impératrice refuse ce surnom, qu’elle trouve infantilisant. Cela plante le décor de cette série qui propose une interprétation du personnage très loin de celle de Romy Schneider des années 1950. Bien moins timorée, Elisabeth (incarnée par Devrim Lingnau) y apparait libre, maligne, rêveuse, torturée et féministe. Sans être une interprétation tellement plus réaliste que celle de Romy Schneider, la série L’impératrice s’impose dans un sous-genre très en vogue dans le monde du cinéma actuellement : la réinterprétation des grandes figures féminines de l’Histoire.
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L’Impératrice, une romance plutôt qu’une série historique
La série, qui ne se veut pas réellement une série historique au sens strict, s’intéresse plutôt à la romance entre Franz (l’empereur François-Joseph 1er) et Elisabeth. Si la manière particulière dont les deux futurs époux se sont rencontrés est exacte, la série n’insiste pas sur l’âge d’Elisabeth lors de cette rencontre, 15 ans (22 ans pour Franz), ni sur le fait qu’ils soient cousins. L’histoire d’amour passionnée entre l’empereur et l’impératrice rythme la série, certes, mais édulcore tout de même les grandes tensions qui existaient entre les époux. Rien n’assure d’ailleurs de la réciprocité du coup de foudre de l’empereur pour sa jeune cousine, elle aurait pleuré dans le carrosse l’emmenant à son mariage. Très rapidement après les noces, Franz et Sissi s’éloignent et ne se comprennent pas, et ce en dépit de la naissance de leurs enfants.
Elisabeth d’Autriche était écrasée par le poids de l’étiquette de la cour de Vienne et par la figure de sa belle-mère, l’archiduchesse Sophie. Cette dernière reproche à sa belle-fille de refuser de sacrifier sa vie privée et ses goûts à ses devoirs de souveraine. Contrairement à ce que la série montre, Elisabeth n’était pas très populaire à Vienne, à la cour tant que dans la ville, auxquels elle affiche un mépris en réaction.
Sissi, une femme au destin sombre et tragique
La temporalité de la série ne permet pas encore de savoir comment Elisabeth évoluera, mais on peut douter que le scénario puisse être compatible avec les réelles difficultés que Sissi rencontrait : anorexie, dépression, neurasthénie, hypocondrie … Les prémices de ces troubles sont tout de même évoqués au long des épisodes, mais pas encore dans l’ampleur qu’ils auraient occupés dans la vie de Sissi.
Elisabeth était réellement une femme allant au devant de son époque. Elle pratiquait de nombreux sports, était très érudite, fumait, se passionnait pour la Hongrie et pratiquait la chasse (la scène avec le tsarévitch dans la série laisse d’ailleurs songeur). Mais sa vie, ponctuée d'événements malheureux et de la mort de plusieurs de ses proches, a fait d’Elisabeth d’Autriche une héroïne tragique.
Une notion est toutefois absente de la série diffusée sur Netflix. Même s’il ne s’agissait que d’une partie de sa personnalité, Sissi était connue pour sa beauté, qui s’avéra être un réel cadeau empoisonné. Obsédée par sa silhouette, elle ne mangeait que des aliments liquides et faisait au moins deux heures de gymnastique par jour. Sa chevelure - à laquelle elle consacrait trois heures par jour, pesait 5kg, l’empêchant de se tenir droite et lui causant de nombreux maux de tête. Toutes ces raisons font qu’on la diagnostiqua (de manière posthume) d’anorexie mentale.
Si les puristes de l’interprétation de Romy Schneider n’ont pas été séduits par celle de Devrim Lingnau, l’Impératrice est tout de même agréable à regarder et incite à se pencher sur la figure passionnante de ce personnage mythique, dont l’histoire est peut-être trop sombre pour être véritablement portée à l’écran.