Alors que la Russie a envahi l’Ukraine, jeudi 24 février, plongeant le pays dans le chaos, et entrainant dans d’interminables odyssées la population sur les routes, Lviv de par sa proximité avec la Pologne est devenue un symbole fort ! Ville refuge avant de rejoindre l’Ouest, des bouchons de plusieurs kilomètres bloquent les différents check-points, aux portes de la cité. C’est à pied que de nombreux réfugiés se lancent et parcourent les quelques 95 kilomètres qui séparent Lviv de la frontière polonaise... Votre édition a décidé de vous faire (re)découvrir cet îlot multiculturel par essence, devenu résistant par nécessité.
L'ambassade de France transférée à Lviv est opérationnelle !
"Nous avons décidé, à la demande du président de la République, de transférer notre ambassade qui était jusqu’à présent à Kiev. En raison des risques et des menaces qui pèsent sur la capitale de l’Ukraine, l’ambassade est transférée à Lviv", a déclaré Jean-Yves Le Drian. "L’ambassadeur reste en Ukraine, pour être à la fois en soutien de nos ressortissants et des autorités ukrainiennes", a rajouté le ministre.
⚠️ L’ambassade de ?? en ?? continue à opérer depuis Lviv. Au service de nos compatriotes, encore et toujours depuis le sol de l’#Ukraine, ainsi qu’aux frontières et au Centre de crise et de secours de @francediplo ⤵️ https://t.co/gL0dGeWDcY
— Jean-Baptiste Lemoyne (@JBLemoyne) March 1, 2022
Lemberg pour les Autrichiens, Lwów pour les Polonais, Lvov pour les Russes, Lviv pour les Ukrainiens, Léopol pour les Français : la ville a assez d'atouts pour pouvoir se comparer à ses voisines d'Europe Centrale : Prague, Vienne, Cracovie, le regard plus que jamais tourné vers l'Union Européenne ! Pour les Léopolitains, nom des habitants de cette grande ville d'Ukraine de l'Ouest, située à moins de 100 kilomètres des frontières de l'Union Européenne, le centre de Lviv est la représentation même de ce qui fait la force de la culture ukrainienne, c'est-à-dire le mélange des cultures, l'ouverture et le dynamisme.
L'histoire de la ville débute au XIIIème siècle
Lviv est fondée en 1256 par le roi Danylo, du duché ruthène de Galicie-Volhynie. Il la nomme ainsi en l'honneur de son fils, Lev. La ville devient la capitale de la région de Galicie-Volhynie en 1272. Sa situation géographique entre la mer Baltique et la mer Noire ainsi que sa proximité avec les Carpates, aide à son développement rapide. A cause de cette position stratégique, elle doit faire face à de nombreuses invasions par les Tatars, Turques, Moldaves et Polonais. Ces derniers remportent la lutte pour la ville quand, en 1349, le roi Casimir III le Grand s'empare de la ville. Lviv est alors reconstruite selon les plans polonais : une place centrale entourée de quartiers d'habitations et de fortifications. Les rois polonais confient la construction des monuments de Lviv à plusieurs architectes italiens, ce qui explique une certaine influence transalpine au sein de la ville. Suite au premier partage de la Pologne en 1772, Lviv passe sous le contrôle autrichien. Les Habsbourg vont drastiquement influencer son architecture: le centre-ville se couvre d'immeubles à quatre étages, ornés et décorés, typiques de l'art autrichien.
Après la fin de la Première Guerre mondiale et la chute de l'Empire Austro-hongrois, le Conseil National Ukrainien (Rada) proclame la République Populaire d'Ukraine Occidentale, le 1er novembre 1918, avec pour capitale Lviv. Les Polonais, formant la majorité de la ville de Lviv mais une minorité de la région, sont surpris par cette étape politique. Néanmoins, ils commencent rapidement à s'armer, et reprennent rapidement la ville malgré le siège de l'armée ukrainienne. La commission interalliés de Paris tranche et décide de laisser la ville sous autorité polonaise en attendant le traité de paix. Polonaise jusqu'en 1939, Lviv est rattachée à l'URSS par le Pacte Molotov-Ribbentrop. Rattachée au Gouvernement Général par les nazis en 1941, la ville est libérée par l'Armée Rouge en juillet 1944, avant de suivre la République d'Ukraine dans l'indépendance en 1991.
Un centre-ville aux multiples influences
Lviv présente donc avant tout un visage Ukraino-polonais mais les influences qui la parcourent sont bien plus nombreuses. Le centre-ville rappelle évidemment le passé autrichien avec ses avenues majestueuses, tandis que subsistent également quelques traces de l'histoire juive de Lviv, où près de 25% de la population parlait yiddish avant 1941. Les traces soviétiques de la ville se révèlent évidentes au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre: barres d'immeubles édentées et routes fissurées constituent la périphérie de Lviv.
Le centre de la ville a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui s'étend autour de la place centrale de la ville, le Rynek. Le coeur de Lviv occupe une ancienne place de marché, un carré de 100 mètres de côtés avec au centre l'Hôtel de ville, et autour, des bâtiments datant du XVIe siècle tous aussi jolis les uns que les autres avec leur architecture et leurs couleurs variées. Les deux plus beaux édifices de cette place, situés aux numéros 4 et 6, abritent aujourd'hui le musée historique de Lviv.
Ce patrimoine reste concentré sur quelques rues par la superbe avenue Svobody qui conduit vers un magnifique théâtre, l'opéra Ivan Franko.
En empruntant les petites rues adjacentes, on croise de nombreuses églises, catholiques, orthodoxes, protestantes ou même maronites: l'église de la Transfiguration, la cathédrale Arménienne, l'église dominicaine, l'église de l'Assomption, la Chapelle Boyim, la cathédrale catholique, sans oublier le monastère des Bernardins ou le monastère des Carmélites qui sont légèrement plus excentrés.
Il est possible d'accéder aux hauteurs de la ville en empruntant la colline du Haut Château, là où se dressait l'ancienne forteresse. Une fois atteint le sommet, on peut admirer un superbe panorama.