Elle aussi, la Pologne a soif. Tout comme le reste de l’Europe, le pays est confronté à une sécheresse toujours plus intense, toujours plus menaçante. Alors que les régions de l’Ouest polonais sont les plus durement touchées, faisons un point sur l’ampleur du phénomène.
La situation en ce début d'été 2023
Risque de niveau 3 pour les incendies de forêt. Le niveau d’alerte le plus élevé. C’est dire à quel point les autorités polonaises prennent au sérieux la sécheresse qui mine le pays depuis plusieurs semaines. Si leur niveau d’humidité descend en dessous des 10%, les forêts seront même interdites au public.
Basse Silésie (Województwo Dolnośląskie), Lubuskie (Województwo lubuskie), Grande Pologne (Wielkopolska), Basses Carpates (Województwo podkarpackie)… toutes ces régions font face au même problème. La sécheresse y est si prononcée que les cultures ne peuvent se développer correctement.
Parmi les cas les plus extrêmes, elle touche ¾ des terres arables de maïs dans la voïvodie de Lubuskie.
En Couïavie-Poméranie (Województwo kujawsko-pomorskie), dans la commune de Brześć Kujawski, l’interdiction d’arroser les jardins familiaux, potagers, espaces verts ainsi que le remplissage des piscines sur son territoire a été annoncée le 6 juin 2023.
Cette sécheresse s’explique, comme pour le reste de l’Europe, par le changement climatique, associé à la perturbation de la circulation atmosphérique. Propre à la Pologne, la mauvaise gestion des ressources en eau est également pointée du doigt. 60% de la consommation totale d’eau provient des centrales électriques ou d’autres centrales de production.
Comment se situe la Pologne par rapport aux autres pays européens ?
À cause de sa position géographique, la Pologne est l’un des pays les moins fournis en ressource d’eau. Les conditions hydrologiques y sont défavorables et le risque de déficit hydrique est plus élevé que dans les autres pays européens. Si l’on raisonne en chiffres, le coefficient de disponibilité de l’eau en Pologne est 1.600 m3/an/habitant contre 4.500 pour le reste du Vieux Continent.
Pour la suite, la situation ne risque guère de s’améliorer : les prévisions de précipitations sont inférieures à la moyenne en Pologne, contrairement à celles des autres pays européens. La situation risque de se détériorer au cours du mois de juillet. Les anomalies de précipitations négatives seront les plus élevées de toute l’UE.
Quels sont les risques pour les cultures, la population ?
Cette sécheresse pourrait même être qualifiée de catastrophe naturelle à cause de la destruction de nombreuses cultures. Certains agriculteurs polonais ont subi de lourdes pertes qui ont entraîné une réduction significative des rendements et une augmentation des prix d’achat. La situation est donc complexe à toutes les échelles.
Le manque de précipitations régulières et la hausse trop élevée des températures sont les deux principales causes du déficit d’eau dans le sol. Les nuits tropicales, de plus en plus fréquentes en Pologne, affectent, elles aussi, la croissance des plantes. Parmi les cultures les plus impactées, on retrouve le maïs, les buissons fruitiers, les légumineuses, les fraises, le houblon et les pommes de terre.
Quelles sont les réserves en eau de la Pologne ?
Une des causes les plus méconnues de la sécheresse polonaise est le manque de réservoirs de rétention. Conçus pour collecter l’excès d’eau lors de fortes pluies et ainsi l’utiliser en cas de sécheresse, les réservoirs de rétention permettent d’augmenter les chances de survie des écosystèmes aquatiques, mais aussi de réduire le risque d’inondation. Les pertes de récoltes dues au manque d’eau dans le sol et à la sécheresse demeurent toutefois inévitables, selon les dernières études statistiques.
Le gouvernement a pris des mesures
Mais face à tout cela, que fait donc le gouvernement ? Le ministère de la Santé a cette année lancé une application permettant aux agriculteurs de soumettre des demandes d’estimation des dommages survenus à la suite de pénuries d’eau. Ainsi, jusqu’au 15 octobre, les agriculteurs polonais peuvent signaler d’éventuels dommages dans leurs champs. L’estimation des coûts et les demandes d’indemnisation avec les assurances deviennent ainsi plus faciles et moins chronophages. De nombreuses aides sont également disponibles, que ce soit sous forme de prêt préférentiel, de crédits d’impôt gouvernementaux pour la taxe agricole ou encore de report de la date limite des contributions par le président du KRUS (Kasa Rolniczego Ubezpieczenia Społecznego, le fond d’assurance polonais pour l’agriculture).