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Marion Mojaïsky : de New York à Varsovie, « rien n’est impossible ! »

À l’occasion du mois de mars, consacré aux femmes et à la francophonie, votre édition polonaise met en lumière des parcours, des quêtes et des vies. Cette semaine, rencontre avec Marion Mojaïsky, qui a travaillé durant 10 ans en tant que juriste, et qui, depuis 2018, a endossé le costume de « conjoint suiveur », nom peu flatteur pour désigner, celle ou celui, dans le couple, qui fait et défait les cartons, au fil des mutations. Mais réduire à cela Marion serait mal la connaître : de la Grosse Pomme jusqu’à Varsovie, elle a accepté de revenir sur son parcours « atypique », et se livre sur ses doutes, ses succès, ses projets.

Marion Mojaïsky, photographiée par Céline Martin Aujogue Marion Mojaïsky, photographiée par Céline Martin Aujogue
Marion Mojaïsky, photographiée par Céline Martin Aujogue
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 17 mars 2024, mis à jour le 21 mars 2024

Lepetitjournal.com Varsovie : Marion, pourriez-vous revenir sur votre parcours professionnel et personnel ? Comment le décririez-vous ?

« Atypique » a toujours été le qualificatif que j’utilisais pour décrire mon parcours scolaire et universitaire, lorsque je passais des entretiens d’embauche et je constate aujourd’hui que la suite l’est tout autant et cela me convient très bien ! Après la fac de droit, j’ai travaillé durant environ 10 ans en tant que juriste dans des entreprises connues dans le secteur de l’immobilier commercial.

Et en 2018, mon mari a été muté à New York donc nous avons déménagé là-bas avec nos 3 enfants en bas âge ! Une merveilleuse aventure et la première d’une longue série d'expatriations puisque nous sommes amenés à changer de pays tous les 3-4 ans ! Une vie de « CDD » donc atypique qui me convient pleinement, car jonchés de challenges et j’ai un grand besoin de défis !
 

Parlez-nous de votre vie de l’autre côté de l’Atlantique ?

« La ville qui ne dort jamais » : c’est très vrai ! Une énergie grisante émane de cette ville, une atmosphère de liberté, une envie d’entreprendre sans peur de l’échec, ainsi que l’apprentissage d’une nouvelle facette de l’échec, car celui-ci n’est pas mal vu ! L’échec est tout bonnement vécu comme une expérience !

On peut OSER en toute liberté et sans jugement ! Évidemment, il y a toujours des risques, mais mieux vaut prendre le risque de vivre ses rêves que de ne rien faire. 

Et une chose incroyable que je n’aurais certainement pas vécue en France, c’est recevoir cette réponse de la professeur américaine que j’ai eue dans le cadre de ma formation de doula lorsque j’hésitais à accepter d’accompagner mon premier couple de futurs parents de peur de ne pas être légitime : "You are ready! You were ready when you had the desire to come to the workshop. I know you can do it! Be kind and listen. I know you can do those two things so yes, you are legit. " « Tu es prête ! Tu étais déjà prête lorsque tu as eu le désir de venir à l'atelier. Je sais que tu peux le faire ! Sois bienveillante et écoute. Je sais que tu peux faire ces deux choses, alors oui, tu es légitime ».

Et ces futurs parents qui m’ont dit : « Marion, on veut que tu te testes sur nous ». Je suis prête à parier que cette situation n’aurait pas eu lieu en France voire en Europe !

C’était juste extraordinaire ! J’ai rencontré des femmes incroyablement bienveillantes, découvert l’empowerment au féminin, la sororité qui font désormais partie de moi !

Évidemment, cette ville est fatigante, il n’y a pas de chômage donc il y a un stress qui en découle indéniable. De plus, la vie y est très chère et avec les enfants qui grandissaient et l’arrivée de la petite dernière, on s’est dit que la mutation à Varsovie pourrait être bénéfique.

Qu’est-ce qu’une doula ?
L’origine du mot « doula » remonte au grec moderne, où il signifie « travailleuse, servante ». Le métier de doula a émergé à la fin du XXe siècle dans l’Occident moderne. La doula, qui n’a pas de fonction médicale, est une personne qui apporte un soutien et un accompagnement moral et pratique durant la grossesse. La doula soutient les sages-femmes, accompagne la future mère et son entourage pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale, et cela uniquement en complément du suivi médical choisi par les parents (hôpital, clinique, sage-femme libérale…).

 

Qu’est-ce qui vous manque le plus en Pologne et qu’est-ce qui vous fait le plus défaut, par exemple, en matière d’épanouissement professionnel ? Celles qui sont souvent réduites au statut d’épouses « suiveuses » ou mamans, sont également diplômées, actives et pleines d’idées…

En Pologne, c’est l’énergie new-yorkaise qui me manque le plus, les sourires qui me paraissaient hypocrites aux États-Unis me manquent aussi, les « Amazing » qui sonnaient parfois faux…

Je n’ai pas l’impression que les conjoints d’expatriés bénéficient d'accompagnement pour s'insérer dans la vie professionnelle locale. Le réseau de femmes entrepreneurs francophones dont je faisais partie à New-York-City me manque beaucoup et je suis justement en train de travailler sur la possibilité de créer une antenne ici ! 

Les avantages de la vie ici, résident surtout dans le fait que Varsovie offre un environnement sécure et calme à nos enfants, ce qui pourrait paraître paradoxal eu égard au contexte actuel de la guerre en Ukraine. L’histoire de la Pologne est passionnante bien que très dure, il y a de beaux endroits à visiter. J’espère découvrir d’autres avantages notamment sur le plan professionnel !

Nous avons également la chance qu’il y ait ici l’association « Varsovie Accueil » qui, comme son nom l’indique, nous accueille à bras ouverts dès notre arrivée voire même, avant ! Je me suis rapidement proposée pour être bénévole, ainsi, je suis une des marraines du quartier de Saska Kepa et j’aide à organiser certains événements destinés aux enfants. Nous avons de la chance que la Présidente soit ouverte aux nouvelles idées et qu’elle encourage ses bénévoles ! 

Aimant évidemment le côté « entrepreneuriat », je fais partie du groupe des entrepreneurs de Varsovie Accueil créé par Céline Aujogue. J’ai organisé début mars un atelier « vision board » et Céline un shooting photo pro en janvier !  L’idée est d’organiser des rencontres à thèmes et d’aborder des problématiques communes, d’échanger, de partager nos expériences et de se soutenir !

Dernièrement, vous avez voulu faire bouger les lignes et vous êtes retrouvée face à un mur, pouvait-on lire sur vos réseaux ! Vous voulez bien nous raconter cette aventure et quel est votre état d’esprit aujourd’hui ? 

Je ne peux pas donner le nom de cette association, mais effectivement, voulant proposer de faire moi-même et bénévolement quelques changements pour améliorer les choses, je me suis retrouvée face à un « non », car je sortais du cadre, que la personne (un peu âgée j’avoue) a eu peut-être peur pour sa place…

J’ai été naïve, car je pensais qu’on ne pouvait pas refuser quelque chose de gratuit ! N’étant pas du genre à me braquer, j’ai donc proposé une aide qui rentrait dans leur cadre, je me suis dit qu’il était trop énergivore de me battre contre des moulins à vent alors que je pouvais créer moi-même de mon côté ce que je voulais mettre en place dans l’association existante.

 

Quels sont vos projets aujourd’hui ? Voulez-vous en profiter pour lancer un appel à nos lectrices et lecteurs ?

Et bien…il y a encore quelques détails à régler, mais d’ici fin avril, avec une amie, nous allons organiser un événement pour réunir des femmes futures entrepreneurs et entrepreneurs francophones, je n’en dis pas plus pour le moment pour garder l’effet de surprise, mais ce sera bientôt annoncé sur les réseaux ! Je souhaite mettre en valeur l’entrepreneuriat au féminin et particulièrement celui des femmes d’expatriés qui se réinventent au gré des expatriations !

J’ai toujours des projets d’écriture, mais ils sont plus ou moins concrets pour le moment.
 

Où en est votre podcast familial, vous réunissant avec vos enfants, chaque soir pour une histoire ? Où peut-on écouter les anciens épisodes ?

Il y a les 24 épisodes de la 1re saison qui constituaient notre calendrier de l’avent ! Et nous avons démarré la 2e saison début mars et nous proposerons désormais une histoire par semaine (sortie chaque dimanche), car c’est un rythme qui conviendra mieux aux enfants et le but est que ce moment reste un plaisir et conserve sa spontanéité afin que nous en gardions tous un beau souvenir !

 

 

 

Sur vos réseaux professionnels, vous avez publié un post au titre qui donne envie d'en savoir plus : « De la naissance à la renaissance : et si votre accouchement vous permettait de donner aussi naissance à un projet professionnel ? » Dites-nous en plus sur cet autre aspect de votre vie professionnelle en tant que doula ?

C’est lors de ma 2e grossesse et de mon accouchement que, pour la 2e fois de ma vie, je n'ai écouté que Moi : je n’ai pas été influencée par les médecins, la famille, les amis qui tentaient de me dire que ma volonté d’accoucher par voie basse après une césarienne lors de mon premier accouchement était une folie… Je sentais au plus profond de mes tripes que je pouvais le faire et j’ai tout fait pour parvenir à mes fins. Bien évidemment, j’ai aussi eu de la chance que tout se passe bien, mais l’essentiel est que j’en ai retiré un profond enseignement : rien n’est impossible et lorsqu’on s’écoute, on se donne l’opportunité de faire naître la meilleure version de soi-même.

C’est de cet accouchement qu’est né mon désir de reconversion professionnelle. En 2016, je ne savais pas encore vers quoi, mais je savais que j’avais envie de sentir à nouveau la flamme, le « vilbrato », mot de mon invention pour définir ce que j’avais au fond de moi quand j’ai porté ce projet d’accouchement par voie basse.

Après cet accouchement, je suis allée voir une coach professionnelle pour me faire accompagner sur cette voie de reconversion, j’ai commencé par chercher un travail de juriste qui soit moins chronophage que les précédents et qui me laisse un peu de temps pour travailler sur cette reconversion. J’ai trouvé ce poste puis le 3e bébé est arrivé et nous sommes partis à NYC où, un an après notre atterrissage, je me suis inscrite à la formation de doula - coach périnatale.

Un an après notre installation à Varsovie, je me suis dit que ma casquette de doula ne me suffisait pas et que j’avais besoin de la compléter par une autre activité… Je me cherche encore, je chemine, je teste des choses, on peut dire que je suis encore en gestation !