En 2013, Laurent Le Pajolec est lauréat de la première édition des Trophées de l’Etranger et Grand Prix V.I.E, parmi 280 candidatures émanant de 69 pays différents, collectées par les équipes de lepetitjournal.com. Titulaire d'un Master de contrôle de gestion avec un double diplôme franco-allemand, il réalise un stage au sein du cabinet d'expertise comptable Exco A2A Polska, à Varsovie. Poursuivant sa collaboration avec le cabinet en contrat V.I.E (Volontariat International en Entreprise) pendant 2 ans, il sera entre autre chargé pendant 6 mois de développer une filiale à Vilnius, capitale de la Lituanie. De retour à Varsovie, on lui propose le poste de gérant du cabinet à seulement 26 ans, avec une trentaine personnes sous sa direction. Neuf ans plus tard, Laurent Le Pajolec revient sur son parcours et nous parle de son implication dans une communauté citoyenne dédiée à l’action mondiale contre les gaz à effet de serre : Time for the Planet.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Laurent Le Pajolec, quels vents vous ont poussé à quitter votre Bretagne natale ?
Laurent Le Pajolec : Breton j’ai toujours aimé le large mais reste attaché à la culture celtique. Lors de mes études j’ai décidé de vivre en Allemagne et d’y faire un Master sur place en économétrie et contrôle de gestion. Grâce à ces études j’ai pu rencontrer des amis Polonais avec qui je suis toujours en relation. Suite à mon Master à l’IGR-IAE de Rennes j’ai décidé d’opter pour un stage de 6 mois en Pologne pour découvrir un nouveau pays et une nouvelle culture. Ces 6 mois se sont transformés en 15 ans au sein de la même société : EXCO A2A Polska avec un enchainement stage, V.I.E et CDI.
V.I.E, en quoi ça consiste ?
Le V.I.E (Volontariat International en Entreprise) comme le V.I.A sont des services civiques mis en place par l’Etat Français pour encourager l’activité des jeunes et des entreprises à l’étranger. Le statut V.I.E est soumis à des conditions spécifiques concernant l’âge, la nationalité ou encore la résidence fiscale. Pour en savoir plus, cliquez ici.
En 2013, vous avez reçu au Quai d’Orsay à Paris, le Trophée Espoir/Jeune avec UBIFRANCE V.I.E, pourriez-vous nous en dire plus sur l’initiative qui vous a permis de remporter la première place ? Ce prix a-t-il eu des retombées positives dans votre vie professionnelle ?
Après un épisode de création de société en Lituanie je suis revenu en Pologne pour reprendre un cabinet d’expertise comptable de 30 collaborateurs à 26 ans et c’est dans ce cadre que j’ai eu le bonheur d’avoir été choisi comme lauréat. Hormis le coup de projecteur sur le début de carrière cela a été pour moi un moyen de remercier ma famille pour leur soutien de toujours et de rendre fier mon grand-père avant son grand départ. D’un point de vue professionnel cela a permis de donner un peu de visibilité à une société que j’ai pu rejoindre grâce à la confiance d’un grand professionnel et ami Raphael Vieuxmaire fondateur d’EXCO A2A Polska.
Aujourd’hui on vous connait pour votre succès au sein d’Exco A2A Polska, comment avez-vous évolué au sein de cette entreprise ?
J’ai suivi un cursus idéal de l’expatriation : stage de fin d’étude, Volontariat international en entreprise (V.I.E) et CDI. Je profite de cette occasion pour saluer toute la famille V.I.E qui est grande en Pologne et à l’international. Nous avions à l’époque fondé un club V.I.E en Pologne (club des anciens VI, VSN, CSN) avec Maxime Gourgouillat et Christophe Cathala. J’encourage tous les jeunes à utiliser ce format qui permet de découvrir l’export mais aussi de trouver des missions qui font sens et au final, un réseau.
Avez-vous personnellement ou via EXCO A2A Polska pris des initiatives pour aider les réfugiés en provenance d’Ukraine ?
Je tiens surtout à penser à ceux qui souffrent en ce moment et dire aux Polonais que leur attitude est exemplaire durant cette période difficile. Au sein d’EXCO A2A Polska nous avons essayé de contribuer à notre échelle : des équipes volontaires soutiennent logistiquement la fondation « Fundacja Pomocy Dziecom z chorobą Nowotworą » (aide à la réception de famille avec des enfants en cours de traitement contre le cancer), collecte de produits, hébergement par les équipes. Nous sommes également engagés dans l’assistance de nos partenaires ukrainiens : aide logistique dans leur périple, support pour leurs premiers pas dans le pays d’accueil et embauche en cours de quelques employés dans nos équipes. Nous faisons également des recherches concernant les moyens médicaux manquants sur place...
On vous connait également pour votre engagement au sein de Time for the Planet en Pologne : en quoi consiste cette entreprise, comment fonctionne t-elle ?
Time for the Planet est une entreprise à but non lucratif dont la mission est de collecter des fonds pour ouvrir 100 entreprises innovantes luttant contre le réchauffement de la planète.
Le mouvement a été créé en France à Lyon par 6 co-fondateurs : Coline, Arthur, Denis, Nicolas, Laurent et Mehdi.
Les innovations sont mises en open source c’est à dire que les entreprises pourront utiliser les innovations mais ont des contreparties à l’usage de celles ci : partage des avancées R&D, remontées des données sur les émissions évitées ou réduites grâce à celles ci.
Time for the Planet s’engage à investir des fonds, trouver un CEO pour aider les innovateurs à créer un business model des innovations et faire profiter de sa communauté de +45000 associés.
Force est de constater qu’une grosse partie des innovations permettant de lutter contre le réchauffement sont bloquées dans des laboratoires. Elles n’arrivent pas à émerger du fait : d’un manque de financement et/ou d’un manque de connaissance entrepreneurial des créateurs (chercheurs).
Tout le monde peut être associé de Time for the Planet à la hauteur de 1 euro minimum et cela prend 5 minutes sur la page internet. Time for the Planet n’est pas une solution techno solutionniste car comme le stipule les rapports du GIEC, la sobriété et technologie seront nécessaires pour lutter contre un des plus grands défis pour l’Humanité.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour vous impliquer dans Time for the Planet ? Quel est votre rôle en Pologne ?
Je n’ai pas toujours été un modèle de sobriété dans mes actions. J’ai eu une prise de conscience en lisant pendant le covid les rapports du GIEC. Je suis aussi devenu papa il y a quelques années et cela m’a permis de réfléchir à ce que je voulais laisser à mes enfants. Je cherchais en plus des petits gestes du quotidien que je fais (manger moins de viande, faire attention dans mes transports,…) un projet qui soit positif et lié à mon métier d’entrepreneur. Je suis alors tombé sur Time for the Planet qui correspond à des valeurs intéressantes.
L’écologie devrait être au centre de notre quotidien. Les besoins de formations sont importants plus on lit plus les dogmes tombent. J’essaie aussi d’appliquer ce sujet au RSE des sociétés du groupe EXCO.
Mon rôle est simple. Je participe en tant qu’associé à faire connaître l’initiative en Pologne et à essayer de faire de Time for the Planet un projet reconnu en Pologne comme le sont aujourd’hui des initiatives telles que la fresque du climat (Mozaika klimaticzna), Too good to go, WWF…
Et vous Laurent, que faites-vous personnellement au quotidien pour la planète ?
J’essaie de m’instruire car on a souvent une méconnaissance de nos impacts du quotidien. Des programmes sont existants et très bien faits en Pologne (Fresque du climat, Nauka o klimacie…). Je vous invite à contacter les fresqueurs en Pologne : Virginie Little, Katarzyna Udrycka...
J’ai réduit mes voyages carbonés (avion et voiture). Je mange moins de viande (arrêt de la viande rouge) ou de poisson. Je consomme des fruits et des légumes de saison locaux, bois de l’eau du robinet, je n’achète pas des vêtements (sauf si nécessaire)… J’essaie de changer au fur et à mesure les mauvaises habitudes mais c’est vraiment un exercice compliqué d’où l’enjeu aussi d’avoir des entreprises qui aident leurs consommateurs dans cette démarche.
Je travaille également à ce qu’EXCO A2A Polska soit une société à mission avec une démarche éco responsable réduisant ses déchets et son empreinte carbone.
Diriez-vous que la Pologne est en retard en matière de prise de conscience écologique, je pense au charbon, au smog, à la taille du parc automobile polonais, pour ne citer que ces exemples ?
La problématique du mix énergétique et de la vétusté du réseau électrique est un vrai problème (90% charbon) ainsi que l’éducation de la population sur ce sujet. Je suis optimiste car je vois beaucoup de personnes qui sont réceptifs à ce message et qui sont engagées. La pollution de l’air est vraiment un problème national de santé publique. Actuellement de nombreux chantiers (ENR) sont en cours dans cette transition énergétique mais cela va prendre du temps. Le chemin est long mais soyons attentif je suis persuadé que la Pologne saura répondre au challenge. Il en va de l’avenir des futures générations.
Comment soutenir ce mouvement ?
Pour soutenir Time for the Planet c’est simple nous avons besoin de nouveaux actionnaires (privés, entreprises, associations…) et de visibilité.
90% des fonds vont directement dans des innovations et 10% maximum dans les frais de structure.
Des idées d’actions simples :
- Devenir associé sur le site web
- Donner des actions à des amis, clients, fournisseurs
- Nous aider à avoir des affichages, à organiser des évènements pour rendre visible le mouvement
- Nous aider à faire des évènements dans les entreprises
- Nous mettre en relation avec des partenaires
- Trouver des innovations polonaises …
Pour aller plus loin
- Vendredi 18 mars, à 19h30, Time for the Planet
En live sur YouTube, Time for the Planet, vous dévoile sa stratégie. Pour y participer, Cliquez ici.
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