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Témoignage : Klaudia, assesseure aux élections locales polonaises  

Dimanche 7 avril 2024, les électeurs polonais ainsi que les ressortissants de l’UE et du Royaume-Uni qui résident en Pologne ont été appelés à réélire leurs représentants locaux. Klaudia C. était assesseure à la Commission électorale, komisji wyborczej, à Wrzeszcz, un quartier de Gdańsk. Ce n’est pas la première fois qu’elle occupe ce poste, maillon essentiel de la démocratie, Klaudia C. a accepté de revenir pour nous sur cette mission, très différente de celle des assesseurs en France et sur l’engagement des jeunes polonais dans la politique de leur pays.

couverture Klaudia assesseur Sopotcouverture Klaudia assesseur Sopot
Écrit par Cécile Aurand
Publié le 14 avril 2024, mis à jour le 12 juin 2024

Lepetitjournal.com Varsovie : Bonjour Klaudia, en quelques mots, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Klaudia, j’ai 23 ans et je suis étudiante à l'université de Gdańsk. J’étudie la philologie romane : la littérature et la linguistique française.  

 

Comment êtes-vous devenue assesseure aux élections locales polonaises ?

C’est une histoire de famille ! Ma grand-mère a toujours fait partie de la Commission électorale, komisji wyborczej, cela m’a donné envie de le faire aussi. Naturellement, quand j’ai eu 18 ans, j’ai demandé à faire partie de la Commission électorale. 

C’est la 6e fois que je suis assesseure, członek komisji, lors des élections. Par le passé, j’ai participé à celles des élections législatives, en octobre 2023, et présidentielles, en 2020.

 

Qu’est ce qui vous motive à participer à la Commission à chaque élection ?

La plupart des jeunes qui le font aujourd’hui sont motivés par l’argent. Nous sommes payés, mais je le fais plutôt par plaisir. À chaque élection, je passe toujours un moment agréable à la Commission, au contact à la fois des votants mais aussi des autres assesseurs : on passe souvent plus de 12 heures d’affilée à échanger ! 

 

Assesseurs en France et en Pologne, quelles différences ? 

En France, les assesseurs assistent le président du bureau de vote. 
Durant la journée de vote : 
- Ils contrôlent et font signer la liste d'émargement, 
- Apposent le timbre portant la date du scrutin sur la carte électorale. 
- Ils peuvent également être amenés à assister le président du bureau de vote ;
- Ainsi procéder au contrôle d'identité des électeurs et tenir l'urne. 
- Après la fermeture du bureau, ils participent au dépouillement des votes et sont présents jusqu’à la signature du procès-verbal des opérations électorales. 
- Leur mission est entièrement bénévole.

Si les missions sont assez similaires en Pologne, la grande différence, c’est que les assesseurs sont rémunérés ! 
- Ils reçoivent une indemnité journalière. 
- Peuvent candidater pour être assesseurs les personnes ayant le droit d’élire les représentants : citoyens polonais de plus de 18 ans le jour de la demande, n’est pas privé de ses droits civiques ou électoraux par la justice.
 
Les tâches des assesseurs à la Commission électorale consistent : 
- En la tenue du vote dans la circonscription, 
- Ils veillent à ce que la loi électorale soit respectée pendant toute la durée du scrutin,
procèdent au décompte des voix, 
- Envoient les résultats à la commission électorale compétente.

 

Comment s’est déroulée votre journée en tant qu'assesseure pour les élections locales du dimanche 7 avril ?

C’est un week-end entier où je vis au rythme des élections, pas seulement une journée ! J’ai commencé le samedi [NDLR le 6 avril 2024, la veille des élections]. 

Avec les autres assesseurs, on se retrouve dans le bureau de la Commission pour compter et vérifier un à un tous les bulletins de vote. Pour les élections locales du 7 avril, cela a duré plus de 3 heures ! Ce n’est de loin pas mon moment préféré… 

Le dimanche matin, j’ai rendez-vous au bureau de vote à 5 heures et demi du matin pour recompter une deuxième fois les bulletins et apposer le cachet de la Commission, pieczec komisji. On prépare ensuite la salle : installation des bureaux, des chaises, des séparations entre les votants. A 7 heures, le bureau est prêt à accueillir les plus matinaux des électeurs !

Au début de la journée, je mettais le cachet de la Commission. A 10 heures, j’ai changé de poste : j’ai donné les bulletins, jusqu’à la fermeture du bureau de vote, à 21 heures. Il y a beaucoup d'autres rôles au bureau de vote : certains vérifient l’identité des électeurs, avec la liste des inscrits tandis que d'autres surveillent l’urne lorsque les votants y glissent leur bulletin. Nos missions sont très variées.

 

A la fermeture du bureau de vote, j’imagine que votre journée était loin d’être terminée ?

Après la fermeture du vote, avec l’équipe, nous avons compté les signatures, afin d’en comparer le nombre à celui des personnes qui ont pris un bulletin. Ensuite, nous avons ouvert l’urne et avons procédé au décompte, puis séparé les bulletins en fonction des 3 élections qui avaient lieu dimanche 7 avril :  Rada, Sejmik, le président de la ville ou le maire.

Pour procéder au décompte, chaque équipe dans les bureaux de vote a sa technique ; nous, nous les avons séparés par candidat. Nous écrivons le résultat, nous le vérifions puis nous remplissons les papiers administratifs protocolaires.

Dans mon bureau de vote à Gdańsk, cela a duré jusqu’à 5 heures du matin ! Ensuite, nous apportons les résultats à la mairie, et nous attendons l’approbation du chef de la Commission. Ensuite, j’enchaîne avec ma journée à l’université !

 

Est-ce que beaucoup de citoyens sont venus voter dans votre bureau de vote à Wrzeszcz, à Gdańsk ?

Peu de gens sont venus voter dimanche 7 avril 2024, c’était une élection assez calme pour les assesseurs. Aux dernières élections [NDLR : les élections législatives d'octobre 2023], c’était bien plus politique, il y avait beaucoup plus de monde, car c’était le changement de gouvernement ! Il y avait une file d'attente au-delà du bureau de vote ! 

 

Pensez-vous que les jeunes polonais sont investis dans la vie politique de leur pays ?

Oui ! Que ce soit pendant les grandes manifestation afin d’autoriser l’avortement, ou leur mobilisation massive pour les élections législatives, les jeunes s’investissent. Beaucoup de gens, que je connais depuis le lycée, qui ont mon âge, environ 24 ans, ont été des candidats pour les élections de la Rada, ils entrent déjà en politique !

 

 

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