Tous les principaux journaux consacrent leur Une à Paweł Adamowicz, maire de Gdańsk, victime d’une attaque au couteau lors du gala final du Grand orchestre de charité.
La mort de Paweł Adamowicz est une pilule amère à avaler pour toute la classe politique qui doit se préparer à une discussion sur la sécurité lors de l’organisation des rassemblements de masse mais surtout sur l’escalade du discours de haine – écrit Rzeczpospolita. Bogusław Chrabota, rédacteur en chef du journal, souligne que la Pologne a perdu non seulement un maire exceptionnel, mais aussi ce qui restait encore du sentiment d’innocence politique. Il indique que la mort de Paweł Abramowicz ne se serait jamais produite si l’on n’avait pas laissé se propager librement la haine sur les réseaux sociaux. Selon lui, l’indifférence dans la vie publique et le comportement scandaleux des hommes politiques antagonistes ont joué un rôle important dans cet acte de barbarie. Ainsi, il rappelle l’extrait d’un acte de décès de Paweł Adamowicz publié en 2017 par la « Jeunesse de toute la Pologne » [Młodzież Wszechpolska] ou la pendaison symbolique des effigies de députés polonais de la PO à Katowice par les nationalistes. Au lieu de montrer leur fermeté, les autorités ferment les yeux face à ce genre de happenings « peu nuisibles » selon elles. Bogusław Chrabota appelle la justice à condamner tout acte d’expression de haine dans la vie publique.
Adam Michnik, rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza écrit que l’assassinat de Paweł Adamowicz est un coup porté à la démocratie polonaise. Pour sa part, Jarosław Kurski, rédacteur en chef adjoint de ce journal, parle d’un assassinat politique car le maire de Gdańsk était ancien membre de la PO et défenseur de l’Etat de droit et de la constitution polonaise. Il évoque une responsabilité du pouvoir en particulier pour l’inertie de l’Etat à l’égard du discours de haine et de tout acte d’incitation à la haine raciale, ethnique, sexuelle et politique. Jarosław Kurski souligne que la meilleure façon de rendre hommage au maire de Gdańsk de la part des autorités au pouvoir serait de changer de discours et de renoncer à la propagande de la haine dans les médias publics.
Krzysztof Jedlak, rédacteur en chef de Dziennik Gazeta Prawna admet que les fous se nourrissent de notre haine et qu’il est temps de détruire la haine en nous-même.
Hier, Jerzy Owsiak, président de la Fondation du Grand Orchestre de charité a présenté sa démission. « J’ai entendu des opinions selon lesquelles Paweł Adamowicz est mort de notre faute et que j’ai une part de responsabilité dans sa disparition. » - a-t-il déclaré.
Hier soir, Donald Tusk, président du Conseil européen est venu à Gdańsk afin de participer à la marche contre la haine. « C’est un coup porté à notre communauté » - a déclaré le Président Andrzej Duda, à l’issue de la rencontre à laquelle ont participé le Premier ministre Morawiecki et des leaders du PiS, du PSL, de Nowoczesna, de Kukiz’15 et de Razem. Le Président a annoncé que le jour des obsèques du maire de Gdańsk, dont la date doit être décidée par la famille, sera proclamé journée de deuil national.
De nombreux pays ont exprimé leurs condoléances et des marches de protestation contre la violence et se sont tenues dans plusieurs villes du pays.