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PKiN - Un emblème contesté

PKiNPKiN
Le PKiN dans la brume
Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 21 octobre 2020, mis à jour le 21 octobre 2020

Après avoir longtemps fait planer l'ombre de l'URSS sur la capitale polonaise, le Palais de la Culture et de la Science (Pałac Kultury i Nauki ou PKiN) est aujourd'hui un symbole de Varsovie. Cadeau de l'Union Soviétique à une ville presque complètement détruite, cette immense tour résume à elle seule une grande partie de l'histoire de la Varsovie contemporaine.  

 

Nous sommes en 1950. Varsovie qui a presque été rasée après la Seconde Guerre mondiale renaît peu à peu. Staline décide de faire un cadeau au peuple polonais en lui offrant le Palais de la Culture et de la Science. C'est l'architecte Lev Roudnev qui s'occupe de la conception du bâtiment en s'inspirant notamment du Manhattan Municipal Building mais aussi de l'Université de Moscou qu'il avait lui-même conçue. Commencé en 1952 et construit en à peine 3 ans, le Palais de la Culture a nécessité 7000 ouvriers, dont plus de la moitié étaient des Polonais. En 1955 le bâtiment ouvre ses portes et le résultat détonne dans Varsovie : l'édifice écrase complètement le centre ville où l'on ne voit plus que lui…

 

Le Palais de la Culture dansla brume

 

 

Un symbole avant tout

Aujourd'hui en face de la grande tour trône un bâtiment qui aurait été insignifiant s'il n'était pas orné du logo Coca-Cola, marque ultime de l'impérialisme américain. Quand on pense à tout ce qu'avait mis en place Staline pour cacher les édifices contraires à la doctrine communiste à proximité du building - il avait notamment fait construire des "barrières" d'immeubles autour des églises - la scène a de quoi faire sourire ! Car si en théorie la tour était un cadeau de l'URSS à Varsovie après sa destruction, il s'agissait surtout d'une pièce avancée sur l'échiquier politique en temps de guerre froide : dès ses débuts le bâtiment fut un symbole. Symbole de la reconstruction de Varsovie après les ravages de la guerre et sa destruction à 90%, mais surtout symbole du communisme et de sa toute puissance qui permit à une ville de renaître sous son impulsion. En "offrant" cet immense bâtiment à la Pologne, l'URSS se place au centre de la capitale et s'enracine fermement en Europe de l'est.

 

Un des nombreux fumoirs du PKiN

 

 

Car même si des statues de héros polonais comme l'écrivain Adam Mickiewicz ou Nicolas Copernic gardent les entrées du building, tout le pourtour du bâtiment est décoré de fresques représentants les vertus du stalinisme et du marxisme. À l'intérieur c'est la même chose : les bas reliefs représentatifs du communisme côtoient des décors typiques polonais. Ainsi l'art architectural traditionnel est à chaque fois cerné par la présence de l'URSS. Tout vise aussi à rappeler que chacun doit rester à sa place : les chaises d'époque placées dans les différentes salles de congrès ou de réunion sont difficiles à déplacer car très lourdes… Ainsi le message est clair: il faut s'asseoir à la place qui est la sienne, autour d'une table ou bien contre un mur et y rester, sans bouleverser un ordre bien établi.

 

Plafond à caissons typique de Cracovie

 

 

Un poids historique qui s'efface

Emblème du joug communiste, disgracieux pour certains et extrêmement énergivore, de nombreux Polonais pensent à faire détruire le Palais de la Culture et des Sciences après la chute de l'Union Soviétique au début des années 1990. L'idée sera néanmoins écartée malgré le poids historique que porte le PKiN et une consommation énergétique journalière égale à une ville de 30 000 habitants. Aujourd'hui, pour la nouvelle génération de Polonais, ce bâtiment est principalement un édifice culturel et le symbole de la capitale. Le Palais de la culture compte entre autres des salles de concert, trois cinémas, deux théâtres, un centre commercial et une piscine. Ce bâtiment autrefois appelé Palais de la Culture et de la Science de Joseph Staline avait accueilli en 2006 la finale de Miss Monde, comme pour bien rappeler que le poids de l'histoire allait s'effacer petit à petit.

Corentin Gastard

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