Si vous parcourez Valence pour la première fois, et en particulier le quartier du Carmen, il est possible que vous remarquiez un NINJA NOIR peint sur les murs, les fenêtres ou encore sur d’autres lieux insolites. C'est du street art (art urbain). Aujourd’hui, lepetitjournal.com/valence va à la rencontre de son créateur David de Limón.
On a coutume de dire que l’art urbain a commencé dans les années 70 à Philadelphie, aux États-Unis. Il s’appelait le BOMBING et consistait à bombarder (d’où son nom) la ville d’art en un signe de protestation pacifique. Aujourd’hui, il faut distinguer le GRAFFITI de l’ART URBAIN. Les artistes disent que ce dernier, qui recourt moins souvent aux lettres et plus aux dessins, appartient à l’ère du post-graffiti.
Dans les années 80, la ville de New York, comme celle de Boston, poursuivait les tagueurs ou les artistes. À la même époque, l’art urbain s’est développé à Paris, Berlin et Londres.
À Bristol, dans les années 2000, un artiste urbain a atteint la célébrité mondiale, Banksy. Aujourd’hui, ses œuvres sont exposées dans les musées les plus célèbres au monde mais peu de personnes connaissent son visage.
À Valence, l’un des artistes importants de cet art urbain est DAVID DE LIMÓN. Comme tous ces bons artistes, il est passé des murs à la toile et aux galeries. Il est valencien de pure souche et vient du quartier du Carmen. Graphiste, illustrateur, il consacre une bonne partie de son temps au street art. Après une formation aux beaux-arts et à la photographie, il a fait une partie de ses études à Liège, où il a appris à aimer la langue française et les frites belges. Qui n’aime pas, n'est ce pas ?
Si vous voulez découvrir qui se cache derrière le masque du ninja noir, Voici l'interview :
Comment tu t’appelles ?
Je m'appelle David de Limon (avec un clin d'œil).
Que fais-tu dans la vie ?
Je suis artiste urbain et artiste plastique de la ville de Valence.
Où as-tu grandi ?
J’ai grandi dans la ville de Valence, tout petit dans le quartier de Marxalenes, et à partir de mes 6 ans, j’ai déménagé au Carmen, où j’ai passé toute mon enfance.
Quand et où est né l’homme masqué ?
Le premier homme masqué, je l’ai fait dans la rue où je vivais quand j’étais petit. J’ai trouvé beau de faire le premier dans la rue où je vivais, dans le quartier de Marxalenes. À partir de ce moment, j’ai laissé derrière moi le type de graffiti que j’avais l’habitude de peindre pour me consacrer entièrement à ce personnage.
Quelle rue ?
Je préfère ne pas le dire (rires)
Est-ce que c’est un ninja ?
Il a l’air d’un ninja, mais je m’en fiche qu’on le voit comme ça. Quand je l’ai conçu, je n’ai pas pensé à créer un ninja, mais un personnage qui peut être créé avec une seule couleur. Au début, il n’avait pas cette apparence, il a pris forme avec le mélange de dessins que j'avais déjà créés et ce nouveau personnage.
Il n’est pas le résultat d’une session de travail, de la recherche d’une forme particulière, mais est né petit à petit. À partir d’autres personnages, d’autres logos que j’avais, il a fusionné et s'est approché de l’idée du personnage que j’avais en tête.
Je voulais créer un personnage qui ait 3 caractéristiques. Je voulais qu’il soit reconnaissable et que je puisse le peindre avec une seule couleur. Je voulais aussi un personnage qui devienne une signature de graffiti et d’art urbain.
Il a une famille ce personnage ?
Au début, ce personnage n’était qu’une signature. Quand les gens ont commencé à me faire des commandes, comme des portraits de famille avec ce personnage, j’ai dû changer d’avis. J’ai décidé que ce ninja ne serait pas seulement un personnage en particulier, mais que n’importe qui pourrait être ce personnage.
Je peux changer ses vêtements, son cercle intérieur, lui donner des émotions, ça peut être une fille, un grand-père, un père, un frère, une mère. Tous mes personnages transmettent la liberté d’expression de peindre dans la rue de manière positive.
J’ai vu que ce personnage est devenu une référence à Valencia. En tant que dessinateur, j’ai compris que je pouvais dessiner et représenter n’importe quel type de personne, je pouvais le faire plus grand, plus petit, plus gros, plus mince. On peut dire que le Ninja a beaucoup de familles actuellement, oui. (rires)
Quels artistes t’ont inspiré ?
Les artistes urbains qui m’ont inspiré sont El Pez de Barcelone, Mani de Barcelone, Suso33 de Madrid, à Valencia Duke103, puis Escif quand il a commencé. Ce qu’il faisait au début me semblait plus inspirant que le travail qu’il accomplit aujourd’hui, bien qu’il soit très bon, puis j’ai aussi été inspiré par des artistes plastiques comme Keith Haring qui, pour moi, est le maximum et celui qui m’inspire le plus.
Mais à présent, même si j’aime beaucoup les artistes, je ne cherche plus mon inspiration chez les autres artistes urbains ni chez les artistes plastiques. La vérité aujourd’hui, c’est que mon inspiration vient en regardant des séries d’animation, des bandes dessinées, ou des travaux d’illustration et de conception de personnages. Ces sources d'inspiration ne sont pas nécessairement focalisées sur la peinture...
Tu parles français ?
Oui, un petit peu ...
Tu as étudié en Belgique ?
Je parle un peu français parce que j’ai passé une année Erasmus en Belgique dans la ville de Liège.
Les frites belges ou l’omelette de Valence ?
C’est une question délicate, quand j’étais en Belgique, j’adorais les stands de frites dans la rue; mais je préfère toujours la “ tortilla de patatas'' de Valence.
Tes plans pour l’avenir ?
Les plans les plus proches que j’ai à développer sont avec le Musée du Carmen et le Consortium des Musées de Valence. Néstor Morente, le président, réside dans le centre du Carmen et a écrit un livre sur Vicente Alfaro, le maire de Valence en 1931-1932, et un livre sur les endroits républicains situés dans le quartier du Carmen. Nestor m'a contacté pour faire quelques illustrations pour son livre, et ces dessins nous allons les placer près de ces repères républicains de la ville aussi.
Valencia était la capitale de l’Espagne ?
Oui, Valence a été la capitale de l’Espagne pendant deux ans pendant la République. Il y a beaucoup de surprises qui se préparent avec Nestor Morente par rapport à cette période historique. Ils ont apporté les œuvres du musée du Prado et les ont gardées dans les tours de Serranos pour qu’elles ne soient pas volées, ils ont caché de grandes œuvres d’art à Valencia.
Un message pour les francophones de Valence.
En ces temps que nous vivons, courage les amis francophones !
Nous sommes très heureux de cette rencontre, Merci beaucoup David de Limón ! Vous pouvez appréciez ses créations artistiques sur sa page facebook et son instagram, ou simplement vous balader dans le Carmen. Le petit ninja est partout.