Margarida Borràs est un symbole de la défense des droits LGBT à Valencia. Elle est la première Valencienne connue pour avoir été condamnée à mort à cause de son statut de femme transgenre. Aujourd’hui, son histoire ressurgit des archives.
Margarida Borràs, une femme transgenre au destin funeste
Si son nom est aujourd’hui connu de la communauté LGBT valencienne et des organisations locales de défense des droits des personnes LGBT, l’histoire de Margarida Borràs reste teintée de zones d’ombres. Les informations qui nous permettent de dresser son profil proviennent du journal d’un certain Melcior Miralles.
Un personnage historique entouré de mystère
Si Margarida Borràs est aujourd’hui sortie de l’oubli, c’est en grande partie grâce à Melcior Miralles. Aumônier du roi Alphonse V d’Aragon, il a tout consigné dans son journal.
Margarida Borràs, originellement Miquel, est née fils d’un riche notaire, probablement à Majorque. Elle a ensuite vécu à Valencia, la plus grande ville de la péninsule ibérique de l'époque, où elle fréquentait sûrement les clubs de l’aristocratie de la ville. À l’époque de son arrestation, on sait de Margarida qu’elle se rendait habillée en femme chez des hommes et qu’elle entretetenait des relations avec eux. Somme toute, le portrait que l’on peut faire de Margarida Borràs reste parcellaire. De sa personnalité, on ne sait rien. Rien non plus des difficultés qu’elle a dû affronter en tant que femme transgenre au Moyen Âge. Sa mort reste la partie la plus tristement célèbre de son histoire.
La mise à mort humiliante de Margarida Borràs
De nouveau, les informations que nous avons à propos de la mort de Margarida Borràs nous proviennent du journal de Melcior Miralles, qui a assisté à son exécution.
Arrêtée par les autorités en raison de son orientation sexuelle jugée hérétique, elle est torturée puis pendue sur la Place du Marché à Valencia. Ainsi, Margarida Borràs est la première femme valencienne transgenre recensée qui fut exécutée pour sa condition sexuelle, pour le fait d’être née homme et de se sentir femme.
Melcior Miralles décrit une mise à mort humiliante. Margarida est vêtue d’une tunique transparente qui permet aux observateurs d’apercevoir ses parties génitales. Une manière dégradante de nier son genre sur la place publique, face à une foule venue assister à la mise à mort. Depuis 2016, une plaque commémorative a été apposée sur la Place du Marché pour lui rendre hommage. Une rue de Valencia porte également son nom.
La place de Margarida Borràs dans la lutte pour les droits LGBT à Valencia
En tant que première Valencienne transgenre connue pour avoir été condamnée à mort, Margarida Borràs est un symbole de la lutte pour les droits des LGBT à Valencia. Son nom résonne au sein des mouvements de défense des droits LGBT valenciens, et il est régulièrement mobilisé dans les luttes contre la transphobie.
Le prix Margarida Borràs
Décerné tous les ans par Lambda, Col-lectiu de lesbianes, gais, transsexuals i bisexuals de Valencia, le prix Margarida Borràs a été créé en 1995 : “Les prix Margarida Borràs récompensent la trajectoire publique de personnes ou d'entités engagées dans la défense de la diversité sexuelle, de genre et familiale.”.
L’art pour lutter contre la transphobie
Lorsque Rubén Rodríguez Lucas a découvert l’histoire de Margarida Borràs, il a tout de suite fait le choix de lui dédier une pièce de théâtre. La troupe Las Libelulas a présenté “Margarida” en février 2019. L'œuvre mêle passé et présent, dans le texte comme dans la scénographie. Elle transmet un message de tolérance face aux multiples identités que chacun peut revêtir. Enfin, elle rappelle la discrimination subie au quotidien par les personnes trans à travers le monde.
Plus qu’un personnage historique valencien, Margarida Borràs est devenue un symbole de la lutte pour les droits LGBT à Valencia. Son exécution témoigne de la discrimination que subissent les personnes trans - et plus largement la communauté LGBT - depuis des siècles.