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Karim Zatar : "Être scolarisé dans un lycée français, c'est choisir la sécurité"

Karim ZATAR est le nouveau proviseur du lycée français de Valence. Fort de 24 années d'expérience dans des établissements de renom, il entame aujourd’hui un nouveau chapitre en Espagne. Rencontre avec un passionné de l'éducation, bien décidé à faire rayonner l’excellence pédagogique française en terre valencienne.

KARIM ZATAR KARIM ZATAR
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 12 novembre 2024

 

Karim ZATAR est une figure bien connue du monde de l'éducation. Le nouveau proviseur du lycée français de Valence a plus de 24 ans d'expérience à son actif en tant que personnel de direction. Tout commence en 2000, après 12 années passées à enseigner le génie électrique en BTS et DUT. Une période durant laquelle il se démarque par son savoir technique et son sens de la pédagogie. Son travail fait l’unanimité et le conduit vers de plus grandes responsabilités. Son premier poste de proviseur ? Karim ZATAR en parle encore avec fierté et émotion : “J'ai passé 6 ans dans un grand lycée en France, le lycée Mariette à Boulogne-sur-Mer, véritable fleuron de l'académie de Lille.”

Mais l'appel de l'international se fait entendre, et en 2006, l'AEFE le nomme proviseur adjoint au lycée Pierre Loti d'Istanbul. Cinq années marquées par l'effervescence turque et des défis éducatifs à la mesure de ce globe-trotter. En 2011, alors qu'il s'apprête à rentrer en France, une surprise l'attend sur son bureau. La directrice de l'AEFE de l'époque, Anne-Marie Descôtes, aujourd'hui Secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, lui propose de prendre la direction du Lycée français de Malaga. Un pari relevé haut la main. En collaboration avec le comité de gestion, Karim ZATAR rebaptise son établissement "Lycée français international de Malaga". Il s’agit du deuxième lycée dans la zone ibérique à adopter cette appellation, après celui de Murcie.

 

 

lycée français international de Malaga
Le Lycée français international de Malaga. / Il s’agit du deuxième lycée dans la zone ibérique à adopter l'appellation "Lycée international".

 

 

Dans le cadre de sa réintégration en France, Karim ZATAR se voit ensuite confier une nouvelle mission de taille : la direction de la plus ancienne école hôtelière du pays, l'école Savoie Léman, à Thonon-les-Bains. Dans ce haut lieu de l'hôtellerie, le proviseur ne se contente pas de gérer l'établissement, il en fait un véritable pôle d'excellence. Il développe des partenariats avec les plus grands noms du secteur. Sa bonne humeur communicative et son optimisme laisseront une empreinte durable dans ces lieux et auprès de ses collègues.

 

L'école hôtelière Savoie Léman, à Thonon-les-Bains.
L'école hôtelière Savoie Léman, à Thonon-les-Bains.

 

 

En 2022, il rejoint un prestigieux lycée à Lyon : Le Lycée de Saint-Just, sur les hauteurs du 5ème arrondissement, ce magnifique château situé non loin de la basilique Notre Dame de Fourvière. Poudlard !

 

 

le lycée Saint-Just à Lyon
Le Lycée de Saint-Just, sur les hauteurs du 5ème arrondissement de Lyon.

 

Et maintenant, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour Karim ZATAR en Espagne. Le proviseur à Valence se livre sur “vuelta a España" et ses nouvelles fonctions. Rencontre.

 

 

Je me sens très bien entouré, et c'est une vraie chance de pouvoir compter sur une équipe aussi compétente à Valencia.



 

Comment s'est passée votre arrivée à Valence et au sein du lycée ? Quelles ont été vos premières impressions ?

Mon arrivée à Valence, c’est un peu la “vuelta a Espana” pour moi. De 2011 à 2016, j'ai été proviseur du lycée français international de Malaga, donc j'avais déjà un pied en Espagne. Je vis cela comme un retour, à la différence près que je connais maintenant l’environnement. C’est à mon avis un atout majeur. Je connais bien le système éducatif espagnol de la “selectividad”, et les problématiques rencontrées à Malaga m'ont permis de retrouver des éléments similaires ici. Cela m'a aidé à comprendre rapidement le fonctionnement du lycée de Valence.

Il faut aussi dire que j’ai eu la chance d'arriver dans un établissement qui fonctionne très bien. C’est un lycée magnifique. Je peux m’appuyer sur une équipe solide (directeurs et directrice du primaire, directrice des études espagnoles, conseillers principaux d’éducation (CPE)). Le proviseur adjoint, qui a déjà un an d'expérience ici, est exceptionnel, tout comme le secrétaire général qui entame sa troisième année et connaît parfaitement l’établissement. Je suis également soutenu par une assistante, Lola Campos, qui est remarquable. Je me sens très bien entouré, et c'est une vraie chance de compter sur une équipe aussi compétente dès mon arrivée.

 

 

La singularité du lycée français de Valence, c'est qu'il appartient à un réseau gouvernemental et international.

 

 

Qu'est-ce qui fait la singularité du lycée français de Valence, à vos yeux, par rapport à d’autres lycées de la région ?

La singularité du lycée français de Valence, c'est qu'il appartient à un réseau gouvernemental et international. Cela veut dire que nous suivons un programme strict et respectons des accords précis avec l’Espagne, tout cela sous une supervision à haut niveau. C'est rassurant pour les parents, car notre objectif n'est pas de faire des profits, mais de maintenir un équilibre pour offrir une scolarisation de qualité à leurs enfants. Nous développons également une politique de plurilinguisme. Notre réseau compte 580 établissements à travers le monde. Quoi de plus international ?

 

 

le proviseur Karim Zatar
Karim Zatar a été proviseur du lycée français international de Malaga pendant cinq ans.

 

 

Je vais vous donner un exemple. À Malaga, un parent d’élève se trouvait en difficulté pendant la crise économique. Il a reçu une offre d'emploi à Jeddah, en Arabie Saoudite, avec des conditions salariales bien plus intéressantes qu'en Espagne. Il est venu me consulter, inquiet pour la scolarisation de ses enfants. Je lui ai exposé trois options : refuser le poste, partir seul et laisser sa famille ici, ou encore, scolariser ses enfants dans le lycée français à Jeddah, grâce à notre vaste réseau d'établissements.

Étant donné que ses enfants étaient inscrits au Lycée français international de Malaga, il a pu les transférer sans problème au lycée français de Jeddah. Je me suis même permis de contacter mes collègues sur place pour faciliter la procédure, et ses enfants ont été admis. Ainsi, toute la famille a pu partir à Jeddah, avec la certitude que les enfants suivraient le même système scolaire. Qui d’autre peut offrir une telle continuité en termes de mobilité ? Scolariser ses enfants dans un lycée français, c'est faire le choix de la sécurité. Peu d’autres réseaux scolaires internationaux peuvent en dire autant, à part peut-être quelques établissements espagnols, mais ils ne sont pas nombreux. Voilà la différence avec les autres lycées, et elle est énorme !


 

Quels sont les chantiers que vous souhaitez mettre en œuvre au lycée français de Valence cette année, et à plus long terme ?

Tout d'abord, il s'agit de consolider l'aspect financier. Des avancées notables ont été faites. Nous ne sommes plus dans une situation difficile. Nous devons maintenant aller au-delà de la zone de justesse, c’est un point essentiel.

Sur le plan pédagogique, l’établissement est très actif, avec de nombreuses initiatives culturelles et sportives. Un projet important à mes yeux est le lancement du Baccalauréat Français International (BFI) dès la prochaine rentrée, avec des options trilingue et quadrilingue. Ce projet a été présenté et adopté par le conseil d'établissement, et le dossier a été transmis à l'AEFE pour approbation. Ce diplôme, encore jeune, permet un approfondissement des langues, notamment en anglais et en espagnol.

L’idée est d’offrir aux élèves plusieurs niveaux d’approfondissement dans les langues vivantes. En seconde, un élève peut choisir d’intégrer ou non la section européenne anglaise. Il a donc deux degrés d'approfondissement des langues vivantes. En première, nous introduisons le BFI trilingue et quadrilingue, ce qui portera à trois ou quatre les niveaux d’approfondissement possibles. Le BFI trilingue inclura le français, l'anglais et l'espagnol, tandis que le quadrilingue ajoutera une troisième langue comme l’allemand ou le valencien.


 

La charge de travail ne risque-t-elle pas d'être trop lourde pour les élèves ?

Il est vrai que ce type de baccalauréat représente une charge de travail supplémentaire. C’est pourquoi je tiens à avertir les parents : ils doivent bien réfléchir avant d’inscrire leur enfant dans cette filière. Parfois, il peut être plus judicieux de se concentrer sur les enseignements de spécialité, surtout pour ceux qui envisagent des classes préparatoires aux grandes écoles.

En effet, le recrutement dans les classes préparatoires aux grandes écoles repose surtout sur les notes académiques et les spécialités. C'est une réalité que m'ont confirmée des collègues à Paris comme mon collègue et ami Joël Bianco du lycée Louis-le-Grand et une collègue du lycée Henri IV. Nous faisons tous partie d'une association regroupant les proviseurs de lycées et des classes préparatoires, dont j’ai été trésorier à une époque. Je suis resté adhérent de cette association pour suivre de près le fonctionnement des CPGE, et au fil du temps, j’ai acquis une certaine expertise dans ce domaine, à l'instar de Jean Bastianelli, proviseur à Barcelone, qui en a été président et connaît parfaitement ces filières.

Grâce à mon expérience en tant que proviseur de lycées français à l’étranger, je connais bien le profil des élèves issus de ce type d’établissement, et j'ai pu constater à quel point un approfondissement linguistique peut être un atout dans certains cas. Toutefois, ce choix doit être mûrement réfléchi en fonction des aspirations de l'élève et de ses capacités à gérer cette charge de travail supplémentaire. L’enjeu est de bien comprendre la spécificité de chaque dossier et de savoir si l’élève est prêt à relever le défi d’un parcours comme le BFI, en tenant compte de ses ambitions et de ses capacités.

 


 

Il ne s'agit pas de fabriquer des hommes tous conformes à un modèle, ayant tous appris les mêmes réponses, mais des personnes capables de formuler de nouvelles questions.  Albert Jacquard

 

 

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