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CULTURE - La place du français en Espagne

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 21 mai 2013, mis à jour le 22 mai 2013

Transmettre de l´optimisme sur l´apprentissage du français en Espagne, était une volonté affichée au colloque international qui s´est tenu il y a quelques jours à Valence. Au-delà des décisions politiques au c?ur de l´actualité en Espagne comme en France, il existe une vraie dynamique pour l´apprentissage de deux langues étrangères. Mais il y a la volonté, et ensuite, il y a l´application?

Alain Fohr, conseiller culturel de l'Ambassade de France en Espagne, aux côtés du recteur de l´Université de Filologie de Valence et Sophie Aubin, professeure, coordinatrice du colloque (Photo lepetitjournal.com)

Avec l´anglais, langue dominante en Europe, et de loin, associé à l´apprentissage majoritaire des langues internationales, l´avenir s´assombrit. En effet, un des effets négatifs de la mondialisation, est que les élèves n´apprennent que des langues parlées dans plusieurs pays à la fois. Ainsi l´anglais, l´allemand, le français, l´espagnol et le russe s´en sortent globalement bien. Mais les autres langues sont vouées à disparaitre petit à petit, et l´ensemble des cultures qui vont avec, si il n´y a pas de volonté de les sauvegarder. Nous n´en sommes pas là pour la langue de Molière, mais il est important d´y veiller. Les enjeux et les perspectives de la "langue-culture" française ont été examinés, analysés pendant les 3 jours du colloque. Il est clair qu´une réelle volonté existe et que l´optimisme est de mise, mais entre les différentes politiques linguistiques, en France et en Espagne, la formation des enseignants qui pose question, et bien sûr la crise, ce n´est pas si simple.

De grandes disparités sont à notées entre les communautés
En Galice, 70% des élèves apprennent le français. Il y a des politiques plurilingues dynamiques en Aragon, en Andalousie, en Galice et en Asturies. En Andalousie par exemple, les textes rendent obligatoire l´apprentissage de deux langues étrangères. Si cette politique, pour l´instant unique sur l´ensemble de l´Espagne, n´est pas reconduite, on peut s´interroger sur l´avenir de l´apprentissage des langues étrangères. Les Communautés autonomes ont un rôle déterminant sur les politiques de l´enseignement. Il existe des différences considérables d´une communauté à l´autre pour l´apprentissage des langues européennes. Majoritairement en Espagne, on apprend le français en LV2. La "meilleure élève" est la région de Murcia où 26% des élèves apprennent le français. Vient ensuite l´Andalousie, avec 21% et très loin derrière, la Communauté valencienne fait office de cancre, avec seulement 6,4% des élèves. Le bonnet d´âne revient aux Baléares, où le français a carrément disparu, au profit de l´apprentissage de l´allemand.

France - Espagne, une relation susceptible qui va de soi
70% des élèves français apprennent l´espagnol. Il faut bien le reconnaitre, la relation franco espagnole est une relation "susceptible", mais elle va de soi. En Espagne, on pourrait appréhender le français pas vraiment comme une langue "étrangère". C´est d´ailleurs le travail des politiques linguistiques. Dans la Communauté valencienne comme en Catalogne par exemple, le français, le valencien et le catalan devraient faire bloc et ne pas être considérés comme des langues étrangères. De plus, la politique d´options empêche la continuité dans l´apprentissage. Il faudrait supprimer la hiérarchie entre la LV 1 et la LV 2, et en Espagne, le français devrait s´imposer comme la LV 1. L´ensemble des facteurs éducatifs mais aussi économiques doivent être pris en compte. On ressent un intérêt certain pour le français et un effort du côté de Castellón où sont implantés Michelin et Renault ou encore en Galice, avec Peugeot Citroën. Certes la politique espagnole donne priorité à l´anglais, mais il existe un projet d´accord coopération avec la France pour la formation professionnelle. Le Royaume Uni sature d´étudiants européens pour les stages en entreprises et les prochaines lois vont avoir un impact sur l´apprentissage des langues.

Le français doit avoir un bel avenir en Espagne
Si l´on classe les langues en Europe par importance, l´anglais est en première position, suivi par le français. En Espagne : 1.100.00 ados étudient le français. 13,8% de l´ensemble des jeunes du primaire et du secondaire. 12,7% des jeunes espagnols qui étudient le français, sont dans le public, et 16,4% dans le privé. L´enseignement privé joue un rôle important pour l´accès aux langues étrangères européennes. Ce qui peut, au passage, expliquer les politiques linguistiques espagnoles. En Espagne, 2 000 élèves sont inscrits en études supérieures avec du français. 20.000 élèves sont inscrits dans un cursus autre et suivant un ou plusieurs modules en langue française. 15.000 étudiants suivent un cours de langue française dans un centre de langues. Ils sont 12 à préparer des co-diplômes en langue et littérature françaises. Le chiffre est plus important dans d´autres filières, avec environ 400 en ingénierie. Les Instituts français et Alliances françaises ont vu leur nombre d´élèves augmenter de 31% sur 5 ans, avec aujourd'hui quelques 20.000 inscrits. Sur 5 ans, la hausse moyenne des certifications françaises, est évaluée à + 60% (17.500 en 2013 et plus de 20.000 en 2013). En effet, la crise a contribué à la prise de conscience entre les certifications à valeur nationale et les certifications à valeur internationale, nécessaires voir indispensables pour la mobilité des jeunes et la recherche d´emplois pour les moins jeunes. Avec 24 lycées français et 20.000 élèves scolarisés, l´Espagne est un des premiers pays d´accueil du monde. Entre 700 et 800 bacheliers sortent chaque année de ces établissements. L´investissement des familles pour leurs enfants restent un enjeu capital et la crise n´a pas vraiment eu d´effet sur les inscriptions dans les lycées français de la zone. En Espagne, la langue-culture française est encore ressentie comme une chance pour l´avenir, mais attention. Les 190 professeurs de français que comptent la Communauté valencienne par exemple, reconnaissent qu´il est de plus en plus difficile d´attirer les élèves vers notre langue. Ils déplorent et dénoncent la tendance grandissante vers la monolangue : l´anglais. Regroupés en association de Valence, Castellón et Alicante, ils regrettent aussi le manque de soutien de la part de l´administration.

Les perspectives : aller vers une politique plurilingue, et s´interroger sur la formation des enseignants de langues étrangères
Pour aller dans ce sens, avec de préférence, le français en première place, 6 propositions principales ont été  présentées :
- Gagner l´opinion publique à la cause du plurilinguisme. Pas assez acquise en Espagne où l´on dénonce un déficit de communication sur le plurilinguisme.
- Une action déclinée au niveau local, communauté par communauté.
- Un enseignement plus attractif et plus efficace avec des parcours diversifiés.
- Les langues, l´affaire de toute une vie.
- Agir sur la formation et mobiliser toutes les compétences.
- Mettre l´ouverture internationale et interculturelle au c?ur de l´enseignement des langues en saluant au passage, le nombre d´appariements considérables en Espagne.

Ces bonnes résolutions posées, la question de la formation des professeurs a été abordée. Mettant tout d´abord en avant un problème de renouvèlement générationnel des profs de français, la manière dont sont enseignées les langues étrangères à l´école a été discutée. Manière qui laisse à désirer pour les intervenants du colloque. "Il faut remédier au problème de formation des enseignants de langue étrangère. Aujourd´hui, il n´y a pas d´obligation ni même de recommandation d´immersion dans le pays de la langue enseignée". Ce qui compte, c´est l´intercompréhension des langues. L´important est de comprendre, plus que de parler la langue étrangère. Ça doit être au c?ur de l´enseignement d´une langue étrangère. Il faut familiariser les enfants au jeu des langues. Ils absorbent et acceptent quand on leur permet d´y avoir accès. Les sections européennes doivent se développer plus largement que les sections bilingues.
En conclusion de ce colloque international, objet de culture, moyen de communication, une langue doit exister et vivre. La langue française est bien "vivante" en Espagne. Pour l´instant? .

Cécile PANISSAL (www.lepetitjournal.com Espagne) mercredi 22 mai 2013

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Publié le 21 mai 2013, mis à jour le 22 mai 2013

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