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Bruno Laurent : quand la musique française rencontre le public valencien

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Écrit par Louisa Desgrees
Publié le 12 septembre 2022

Instigateur de la Fonoteca francesa, Bruno Laurent porte ce projet depuis près de 10 ans. Son objectif : transmettre le goût de la musique française au public valencien ou plus simplement partager son amour de la musique en général. Officiellement, la Fonoteca francesa s’est éteinte il y a un an, une fin inhérente au “redimensionnement” de l’Institut Français de Valencia. Malgré tout, son esprit perdure à travers Bruno. Au quotidien, il exerce le métier de bibliothécaire, mais entretient la Fonoteca francesa sur les réseaux sociaux et offre ponctuellement des DJ sets par passion. Il mixera d’ailleurs pour l'association francophone La Base Culture le 18 septembre au Llit del Turia.

 

Louisa Desgrees : Comment s’est déroulée votre rencontre avec Valencia ? 

Bruno Laurent : Je suis arrivé à Valencia par le hasard des choses. Je vivais et travaillais à Naples, en Italie, et pour des raisons professionnelles, j’aspirais à de nouveaux horizons. J’avais envie de rester dans le Sud, près de la Méditerranée. Je voulais retrouver l’Espagne qui est la terre de mon grand-père. Et c’est à Valencia que j’ai trouvé du travail, tout simplement. Valencia a éveillé ma curiosité. C’est en arrivant dans la ville que je me suis intéressé à la musique valencienne aussi bien populaire et traditionnelle qu’actuelle. Principalement aux artistes pop et rock. La région valencienne est extrêmement riche en termes de traditions.

On parle souvent de la Movida mais on parle moins de l’importance de Valencia pour la musique. Valencia a été l’une des villes pionnières de la musique des années 80.  Il y a eu Depeche Mode, U2, de gros groupes des années 80 sont venus spécifiquement à Valence pour la qualité de ses boîtes de nuit, de sa culture de la fête. La ville a dérivé vers la décadence des années 90 avec la Ruta del Bakalao. C’est important de rappeler la source de tout ce mouvement. Valencia doit tirer son épingle du jeu et rappeler son influence.  La musique traditionnelle, la musicalité de la langue, les danses… mais aussi les lieux de fêtes sont très importants à Valencia. C’est une ville débordante de culture.

Oui, Valencia a ses spécificités et cette question pourrait s’appliquer à chaque quartier de ce monde. Et c’est très important, notamment à l’heure d’une globalisation de la culture, de mettre en avant et de sauvegarder ces spécificités.

Valencia a été l’une des villes pionnières de la musique des années 80.

 

Comment vous-êtes vous rapproché du métier de DJ ?

Cet attrait pour le désir de partager mes trouvailles musicales est survenu alors que je vivais encore à Naples. Un jour, nous avons organisé une fête "à la française", et invité tous nos amis napolitains. Sans prétendre faire le DJ, j’avais préparé une playlist qui ne durait pas moins de 12h. On l’a écoutée jusqu’au bout de la nuit. Ça a été un réel succès. Les gens dansaient sur des musiques que personne ne connaissait. On avait fait ça pour soutenir une association africaine et les gens ont adoré. 

C’est à ce moment-là que je me suis dit que ça me plaisait beaucoup de partager de la musique en soirée et de voir les gens se l’approprier. 

 

Comment est né le projet de la Fonoteca francesa ?

Le projet de la Fonoteca francesa a pris vie à l’Institut Français de Valence. C’est né de mon travail. Initialement, j’y étais bibliothécaire, responsable de la médiathèque lorsqu’il existait encore... On a créé le projet de la Fonoteca francesa pour pallier le manque de budget. L’idée était de solliciter les maisons de disques afin de recevoir certaines de leurs productions gracieusement. Je partageais ces musiques sur Twitter, puis sur Facebook et enfin Instagram, en contrepartie. Ce projet a duré près de 10 ans au sein de l’Institut Français. Depuis que l’Institut a fermé ses portes au public, je continue sur les réseaux sociaux. Il n’y a plus ce service d’échange direct avec les labels et les artistes, mais nous avons conservé un lien. Aujourd’hui, j’en ai fait une passion et je suis fier d’avoir poursuivi cela. Je donne des Dj sets de temps en temps sur mon temps libre. Ce n’est pas une vocation, ça m’amuse simplement de mixer parfois dans des bars, des fêtes privées, des inaugurations, à l’Atmosphère plus récemment… 

À la fermeture de l’Institut Français, j’ai reçu un certain nombre de messages de soutien des maisons de disques et des artistes mais aussi du public, ce qui m’a poussé dans cette voie. J’ai trouvé très gratifiant de voir que j’étais toujours suivi sur les réseaux sociaux. Ça m’a prouvé que ce que je fais n’est pas vain.

 

Que trouve-t-on dans les playlists de la Fonoteca francesa ? 

J’aime tous les styles de musique. Du moins je suis assez curieux pour aller à la découverte de chaque style de musique. Bien sûr, j’ai mes préférences. Par exemple, je ne suis pas très touché par le rap actuel, mais ça m’intéresse de suivre cette actualité, ce phénomène.

Dans le cadre de mes mixes, le besoin de raconter une histoire passe avant le choix du style musical. J’ai parfois tendance à me rapprocher de l’électro, mais c’est surtout par paresse. C’est généralement plus simple qu’avec des morceaux pop, rap ou urbain. 

Mais j’essaie d’être assez éclectique. De fait, je me définis comme "schizophone". Ça me représente bien, ainsi que la musique que j’écoute et que j’aime partager avec le public, dans mes mixes, mes playlists, mes réseaux sociaux, au quotidien. 

 

Quelle énergie voulez-vous faire passer à travers vos mixes ?

À travers mes DJ sets et mes playlists, j’espère capter l’attention des auditeurs. J’ai réalisé avec la Fonoteca francesa que la musique francophone était peu connue du public espagnol. C’est pourquoi j’espère éveiller leur curiosité. Et qu'au-delà de ce que je propose, le public, écoute, prenne goût, et aille plus loin dans la découverte de cette musique. 

Le but est de développer l’attrait de la musique française et des artistes français à Valence. Il faut savoir jouer avec les connaissances du public. L’amener de ce qu’il connaît, pour l’attirer vers ce qu’il ne connaît pas, pour piquer sa curiosité. C’est tout l’enjeu d’un DJ selon moi. Bien que je ne me considère pas Dj de profession, mais par passion. 

C’est ce que je reproche aux réseaux sociaux. Cette façade électronique entre ce qu’on fait et le public, sans avoir de retour direct. C’est très agréable de rencontrer les gens dans la rue ou de recevoir un message, un simple "merci". Même si ça ne touche qu’une seule personne, c’est déjà une victoire. 

Le DJ set du 18 septembre sera 100% francophone et schizophone.

Que prévoyez-vous pour le DJ set de La Base Culture au Llit del Turia ce 18 septembre ?

Le DJ set du 18 septembre sera 100% francophone et schizophone. Après une introduction tropicale tout en douceur, je proposerai une invitation au voyage avec de la pop francophone actuelle et quelques classiques pour faire monter la chaleur. Voyage qui, si tout se passe bien, se transformera petit à petit en grande fête un peu folle, électronique et dansante. J’espère que les gens vont danser. En tout cas, c’est le but !

bruno laurent affiche

 

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