Silence Comunicación, sous le feu des projecteurs à la Mostra de Valencia

Le documentaire fictif "Marina, unplugged", produit par la société Silence Comunicación, ouvre la 38ème édition du festival la Mostra de Valencia.

“Marina, unplugged” mis à l’honneur à la Mostra de Valencia

Adaptation cinématographique de la pièce théâtrale éponyme créée par Alfonso Amador et Jorge Picó, le film se déroule à Valencia et porte sur Marina, un personnage représentant "un alter ego des femmes qui dirigent l'extrême droite", selon les mots du réalisateur. Description troublante de la rhétorique populiste de l’extrême droite, le documentaire dissèque les arguments, les motivations et les croyances qui alimentent ce courant de pensée.

Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants est bien sûr fortuite ; à l’heure où le groupe Vox s'est taillé une place de choix sur la scène politique valencienne. Ce faux documentaire n’est pas seulement subversif par le sujet qu’il traite, mais aussi par sa proposition formelle audacieuse. 

L’oeuvre est entièrement tournée dans un format 3:4 en noir et blanc (NDLR : une référence à un vrai documentaire sur la campagne de Kennedy). Un parti pris qui n’a pas peur de dérouter. "Il est vrai que cela peut être perçu comme audacieux, voire dangereux", concède Almudena. “Mais nous sommes les productrices et notre rôle est d'épouser la vision du réalisateur.”

Le documentaire est aujourd'hui unanimement salué par la critique et a eu le privilège d’ouvrir le festival de la Mostra. “C’est un magnifique piédestal pour notre film”, commente Eva. Malgré l'effervescence autour de leur sélection, les deux femmes ne se laissent pas déborder. "Notre calendrier pour cette année est déjà saturé", ajoutent-t-elles. Une belle réussite pour ce duo qui n'a pas ménagé ses efforts pour parvenir à cette place enviée.

Jean-Pierre Jeunet : "Ce qui compte pour réaliser un film, c’est le plaisir de faire"

Des portes closes aux tapis rouges

Almudena et Eva se souviennent de leurs premiers pas dans l’univers très masculin du cinéma, quand chaque porte semblait se fermer devant elles. "Être une femme dans ce milieu, c'est comme tenter de gravir une montagne en talons hauts." Elles échangent un regard complice, celui de deux femmes qui ont traversé des épreuves ensemble et mesurent le chemin parcouru : "C'était comme si le monde nous disait : 'Ce n'est pas votre place.' Mais à chaque fois, nous avons frappé plus fort à la porte suivante. Et aujourd'hui, nous sommes là, à la tête de nos propres productions, avec de nombreux projets à venir". 

Comment un café a réuni deux âmes cinéphiles

Almudena et Eva se sont rencontrées à l’âge de dix-huit ans lors d'un cours à l’université. Après avoir obtenu leurs diplômes, leurs carrières ont pris des chemins différents : l'une s'est aventurée à Londres tandis que l'autre a exploré le monde de la télévision en Espagne. Pourtant, malgré la distance et le temps, une rencontre fortuite autour d'un café va précipiter les choses et bousculer le hasard. "En 2011, j'ai lancé ma société, et j'étais à la recherche de quelqu'un spécialisé dans la production", raconte Almudena. Et Eva de répondre du tac au tac : “Eh bien tu l’as en face de toi !”. 

Depuis 2015, ces deux âmes passionnées ont donc mis en commun leur talent et leur passion pour travailler ensemble. "Assister à notre croissance, c'est comme observer un enfant grandir. Certes, cela représente énormément de travail. Mais quel bonheur de voir où nous en sommes aujourd'hui !".

Silence Comunicación : de la publicité au Grand Écran

Bien connue pour ses réalisations publicitaires, Silence Comunicación se fraye un chemin tapissé dans le monde du cinéma. En témoigne l’agenda des deux intéressées, entre une co-production internationale avec la Catalogne et la Hollande, des co-productions avec d’autres entreprises valenciennes, ou une production très prometteuse avec les scénaristes primés aux Goyas et au festival de Cannes, Enric Rufas et Laura Muñoz - dans laquelle Almudena co-dirige avec Laura. “En plus, nous travaillons sur un court métrage de fiction, ‘Domingo’, les documentaires ‘Street Art’ et ‘Indestructibles’, sur les personnages de Berlanga, et nous finissons de monter un documentaire sur les luttes des femmes dans le Palmar avec des images d’archive inédites. Bref, on ne s’ennuie pas.”, ponctuent-elles d’un rire communicatif. 

D’autres projets ? Développer de plus en plus les long-métrages et les documentaires fictifs. Almudena et Eva parlent avec passion de leur amour du cinéma : "Nous ne sommes pas ici pour simplement 'participer'. Nous sommes ici pour laisser une empreinte, pour créer des films qui bouleversent, qui interpellent, qui inspirent. Nous n'arrêterons jamais de rêver en grand.", conclut Almudena. Il semblerait que le rêve devienne réalité. 

Propos recueillis par Efflam Sionneau.