Les chiffres du ministère de l'Intérieur ne laissent aucun doute : la criminalité est en hausse dans la Communauté valencienne (+25%). Parmi les augmentations les plus préoccupantes, on observe une augmentation de 68,3% des agressions sexuelles avec pénétration dans la région.
Ce constat alarmant a probablement joué un rôle dans la victoire du Partido Popular lors des élections du 28 mai dans la Communauté valencienne. Examinons de plus près les statistiques concernant les violences sexuelles dans la région et dans le pays.
Augmentation préoccupante des viols dans la Communauté valencienne
La communauté Valencienne a le taux le plus élevé avec 68,3%, vient ensuite Aragon avec 57,1% puis la Catalogne avec 40,3%.
Des chiffres alarmants pour Valencia et Alicante
Depuis le début de la pandémie, la Communauté valencienne a enregistré une augmentation de 25% de la criminalité, dont une hausse de 21,1% à Valencia. Cependant, le constat le plus frappant du rapport sur la criminalité du premier trimestre 2022 du ministère de l'Intérieur concerne l'augmentation des viols dans la région. En effet, alors qu'en 2019, sept viols avaient été recensés de janvier à mars, ce chiffre a plus que doublé pour la même période en 2022, avec quinze cas, soit une augmentation de 114,3%.
À Alicante, les chiffres ont été multipliés par cinq, passant de deux viols en 2019 à dix en 2022 pour la même période. Les statistiques indiquent qu'un viol se produit tous les six jours et qu'il y a en moyenne cinq agressions sexuelles par mois. Ces chiffres font de ces deux grandes villes de la Communauté valencienne les endroits où ce type de violences sexuelles a le plus augmenté.
Du pain bénit pour la droite valencienne
Valencia, autrefois classée 13e parmi les villes les plus sûres d'Europe en 2022, occupe désormais la 34e place selon le site Safety Index by City. Cette baisse dans le classement pourrait être l'un des éléments qui a conduit le Partido Popular (PP) à remporter les dernières élections dans la Communauté valencienne. En promettant de rétablir la sécurité dans la ville et la région, le parti a probablement su trouver oreille attentive de l’électorat valencien en accusant à plusieurs reprises Ribó et ses partenaires du PSOE de ne pas “agir alors que la criminalité se poursuit sans relâche dans la ville”.
Le programme du Partido Popular pour Valencia et la Communauté valencienne
Malgré les efforts de Joan Ribó pour améliorer la sécurité en mettant en place un groupe spécial de prise en charge des femmes (GAMA) ; en installant des points violets dans les zones festives pour lutter contre le harcèlement, ainsi qu'un service d'arrêt à la demande pour les femmes sur le réseau de nuit de l'EMT, la réalité est que cela n'a pas eu d'impact significatif sur les violences sexuelles.
Une tendance similaire à l'échelle nationale grâce à une législation favorisant les dénonciations
Augmentation des violences sexuelles en Espagne
La Communauté valencienne n'est pas la seule région à connaître une augmentation de la criminalité, bien qu'elle affiche effectivement le taux le plus élevé d’Espagne. En réalité, les chiffres à Valencia (15 viols recensés en 2022) ne sont pas plus élevés que dans d'autres régions d'Espagne, ils restent même bien inférieurs à ceux de Madrid (28 viols recensés en 2022) ou Barcelone (39 viols recensés en 2022), par exemple.
Cependant, l'augmentation est notable en raison des faibles chiffres enregistrés avant 2019 (7 à Valencia, 27 à Madrid et 26 à Barcelone). Les viols augmentent donc dans l'ensemble de l'Espagne, avec une hausse de 8,5% dans la Communauté de Madrid, de 40,3% en Catalogne - dont 4% sont des viols collectifs - et de 35,5% en Andalousie (entre 2021 et 2022).
Malgré ces fortes augmentations, le taux de criminalité s'élève à 48,8 infractions connues pour mille habitants, selon les données du ministère de l'Intérieur. Ce qui place l'Espagne parmi les pays européens ayant un taux de criminalité relativement faible par rapport à ses homologues (79,5 au Royaume-Uni, 60,7 en Allemagne, 53,9 au Danemark et 74,8 en Belgique).
Une législation plus favorable à la dénonciation
Il convient de souligner que la tendance à la forte augmentation des crimes contre la liberté sexuelle est en partie attribuable aux “politiques actives de sensibilisation et de réduction de la tolérance sociale et personnelle à l'égard de ce type de crime, ce qui se traduit par une plus grande volonté de la part des victimes de le signaler”, comme le rappelle le ministère de l'Intérieur.
Un exemple de cette évolution est l'adoption, par le gouvernement de Pedro Sánchez, en octobre dernier de la loi "solo sí es sí" (seulement un oui est un oui) visant à prévenir les viols et les agressions sexuelles. Cette loi fait suite à l'affaire controversée de “la manada” (la meute), où cinq hommes ont violé une jeune fille de 18 ans lors des fêtes de San Fermín à Pampelune.
Cet événement a suscité d'importantes manifestations en Espagne, appelant à la réforme des lois, à la protection des femmes contre les agressions sexuelles et à des peines plus sévères pour les agresseurs. Le gouvernement espagnol actuel, ouvertement féministe, a alors commencé à concevoir la nouvelle loi sur le consentement. Désormais, en Espagne, une agression sexuelle n'implique pas nécessairement l'usage de la force, d’où l’augmentation des cas de violences sexuelles enregistrés.
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