Voilà plus de 3000 ans qu’elles plongent en apnée à la recherche de coquillages, de concombres de mer, d’algues ou de crustacés. Ce sont les ama, une communauté de femmes au rire contagieux. « Ama » signifie simplement « femme de la mer » et désigne ces Japonaises pratiquant la pêche en apnée. Un travail qui aurait été traditionnellement réservé aux femmes, car il n’obligeait pas à partir en mer à bord d’un bateau comme celui des pêcheurs.
Aujourd’hui la moyenne d’âge des ama est de 65 ans. Ces fières plongeuses ont la répartie facile et un humour vif. Une communauté d’à peine 2000 femmes (et quelques hommes) à travers tout le Japon que nous avons eu le plaisir de découvrir lors d’une escapade dans la préfecture de Mie.
Le quotidien d’une plongeuse en apnée japonaise
Ne peut pas devenir plongeuse ama qui veut. La petite communauté doit en effet se plier à de nombreuses règles propres à la préfecture où elle pratique ses activités. À Mie par exemple, les plongeuses se retrouvent pour plonger en groupe entre 9 h et 10 h 30. Une heure et demie de pêche est le temps maximum autorisé afin de préserver la faune marine pour les prochaines générations. Généralement, le groupe va plonger 30 minutes puis revenir sur le rivage se réchauffer 30 minutes avant de replonger une deuxième fois.
À quelle profondeur plongent donc les ama ? Les débutantes descendront à 4-5 mètres, quand les plongeuses les plus expérimentées iront jusqu’à 10 mètres. Certaines atteignent même les 20 mètres lorsqu’elles plongent en haute mer, aidées de pêcheurs. Une prouesse pour ces femmes qui pratiquent cette activité quotidienne jusqu’à plus de 80 ans !
Les outils des ama
Pour plonger, les ama ont tout le matériel nécessaire : combinaisons, lunettes, palmes. On est loin du mythe de la jeune femme presque dénudée ! Elles possèdent également dans leur armoire une tenue traditionnelle colorée, parfois agrémentée de symboles comme l’étoile censée les protéger lors de leurs plongées.
Pour les aider, pas de bouteille d’oxygène. Leurs outils sont simples : une bouée, un filet pour amasser les trésors trouvés lors de leur plongée et enfin une lame leur permettant de creuser pour débusquer les mollusques ou détacher les coquillages.
Les ama et l’écologie
Perpétuer la tradition des ama n’est pas uniquement une question culturelle, c'est aussi une initiative écologique. On l’a vu plus haut, leurs activités sont surveillées afin de préserver la faune et flore marine. Mieux encore, les ama participent (comme beaucoup d'autres acteurs de leur région) à la préservation du patrimoine naturel japonais. En scrutant régulièrement les fonds marins, ces femmes sont de vraies lanceuses d’alerte, capables de reporter précisément divers bouleversements qui interviennent dans les océans suite au réchauffement climatique ou à la pollution ! Le changement de couleur des algues, la température de l’eau, les périodes auxquels les coquillages apparaissent, tout cela est ainsi consigné et pris en compte.
Il est tout à fait possible de rencontrer des plongeuses ama lors d’un voyage au Japon, notamment dans la préfecture de Mie et plus particulièrement à Toba. Le restaurant ama HUT propose par exemple la dégustation de fruits de mer fraîchement pêchés et cuits devant vous par quelques ama. L’occasion d’échanger avec elle autour de leur passion et peut-être même de danser avec elles !