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Exalté, intrépide, Tong King-Sum (1940-2008) est l'un des maîtres de la sculpture hongkongaise. La rétrospective que lui consacre le Hong Kong Museum of Art met en valeur une oeuvre sensuelle, quasi charnelle, qui trahit sa révérence pour les forces de la nature.
Tong King-Sum, sculpteur du souffle de vie
Faisant fi de la tradition chinoise qui condamne la glorification du nu, King-Sum consacre sa carrière à la volupté du corps déshabillé. La plénitude des formes organiques, tout en douceur et en rondeurs, rend hommage à la vitalité de la chair. Travaillant d'après nature, il délaisse tête et membres pour ne sculpter que le torse, résidence du coeur où pulse l'énergie de vie. Ce n'est pas l'anatomie qui l'occupe mais la sensibilité qui se dégage de la structure du corps et de sa musculature, son souffle. Les femmes ont le physique robuste des danseuses, les hommes celui des soldats glorieux, chacun signifiant avec grâce l'élan vital.
Harmonie du bois et de l'oeuvre
Les formes de Tong King-Sum surgissent du tronc, conservant la charge viscérale du bois qui a vécu. L'arbre semble donner vie à la sculpture, l'oeuvre respire. Pourtant le grain est travaillé sans expressionnisme. Dans la tradition chinoise, le bois renvoie à l'unité de l'homme et de la nature. S'il est habituellement utilisé en architecture et pour la décoration (bas-reliefs) - les sculpteurs d'antan lui préférant le bronze ou le jade pour la statuaire en ronde bosse - il est ici solennisé, traité comme un matériau noble. Les qualités propres du bois sont mises en avant avec simplicité et délicatesse. La surface lisse et brillante des oeuvres, la charge érotique, aussi bien des corps que des fruits, invite au toucher.
"Il y avait une paire d'ailes dissimulée dans le coeur de Tong King-Sum" (Chung-Hing)
Estropié, Tong King-Sum est un être frêle qui manie le bois comme s'il lui était poussé des ailes. Ce sont ces ailes qu'il sculpte dans la série des Wings, comme pour mieux échapper à la pesanteur de son corps abîmé. Lui qui aime faire voler les cerfs-volants, admire la fluidité de leurs volutes dans le ciel, il transcrit dans le bois son désir de liberté. Refusant d'être prisonnier de son handicap, il taille et cisèle des troncs souvent plus grands que lui. Ses oeuvres naissent d'un combat mais la tranquillité qui les habite appelle à la contemplation.
Comme un écho à la ville où il a vu le jour, l'oeuvre de Tong King-Sum emprunte à l'Occident et à la Chine, puisant dans chacune des cultures pour imposer une troisième voie, celle d'une pratique hongkongaise.
Laure Phelip (www.lepetitjournal.com/hongkong) vendredi 7 novembre 2014
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Infos pratiques : TEMPTING TOUCH - THE ART OF TONG KING-SUM |
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