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Un cocktail toxique et écologique pourrait constituer une arme contre le paludisme

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Un moustique Anophèle femelle boit un cocktail rose à base de jus de betterave et de HMB-PP. © Melika Hajkazemian
Écrit par Stockholm Université
Publié le 3 novembre 2021

Selon une étude de l’Université de Stockholm, les moustiques peuvent se nourrir de jus de betterave supplémenté en HMB-PP, un métabolite produit par le parasite Plasmodium, responsable du paludisme. Les chercheurs ont prouvé qu’il était possible d’imiter un repas sanguin de manière si fidèle que les moustiques préfèrent cette solution artificielle, à base d’un jus de plante, notamment de betterave, et d’un mélange protéines/lipides, supplémentée en HMB-PP.

 

Il est possible de tromper les moustiques et de leur faire ingérer ce cocktail à la betterave auquel sont ajoutées des toxines. Les chercheurs ont testé quatre types de toxines, contenant de la capsaïcine, de l’huile essentielle de sarriette, de l’acide borique et du fipronil sulfone (un insecticide), et les ont comparés à un repas témoin. La tendance des moustiques à se poser et à ingérer la solution était équivalente pour le repas témoin et le cocktail insecticide, qui a causé la mort des moustiques cobayes entre 100 et 350 minutes après ingestion.

 

« Ce mélange, que l’on appelle jus rose, est une solution inoffensive, inerte et écologique, mais naturellement toxique pour les moustiques femelles qui l’ingèrent », explique Noushin Emami, professeure agrégée à l’Université de Stockholm, au département de biologie moléculaire Wennergren-Institute (MBW).

« Ainsi, notre étude constitue une démonstration de faisabilité de ce piège alimentaire spécifique et respectueux de l’environnement, qui peut être déployé là où il est nécessaire. Nous espérons le tester sur le terrain ainsi que combiné avec d’autres méthodes de lutte antivectorielle », ajoute-t-elle.

 

L’équipe de Noushin Emami s’intéresse à l’absorption des repas sanguins par les moustiques, ainsi qu’aux attractifs et stimulants spécifiques. L’utilisation du HMB-PP, qui a un effet phagostimulant, a pour but d’éliminer les maladies transmises par les moustiques en modifiant leur comportement et en permettant un contrôle spécifique des populations.

Aujourd’hui, alors que la biodiversité mondiale s’effondre, que les risques sanitaires liés aux pesticides se multiplient et que les insectes développement une résistance aux pesticides, il est primordial de pouvoir cibler uniquement les espèces de moustiques attirées par le sang, sans affecter d’autres organismes.

 

« Un grand nombre de nouvelles et passionnantes technologies de pointe commencent à être expérimentées, mais je suis convaincue du potentiel des solutions simples mais très efficaces, qui reposent sur des molécules simples et des ressources qui ont un prix abordable et sont accessible à presque tout le monde. C’est précisément ce que nous avons prouvé en utilisant de la betterave dans cette étude », explique Noushin Emami.

Elle ajoute : « À présent, quand vous voyez une betterave dans un rayon de supermarché ou sur un étalage, rappelez-vous que ce n’est pas seulement un délicieux légume racine, mais aussi un ingrédient central d’un cocktail qui peut réduire la transmission des maladies transmises par les moustiques. »

 

Contexte

Depuis un an et demi, la pandémie virale de COVID-19 monopolise l’attention des médias dans le monde entier. En 2015-2016, la diffusion de l’épidémie du virus Zika inquiétait les scientifiques, tous les experts de santé et la population. Alors que le virus SARS-CoV-2 se transmet par voie aérienne, le virus Zika est transmis par les moustiques – et n’est pas l’unique agent pathogène qui profite de ces insectes volants, bourdonnants et piquants, pour s’étendre à d’autres espèces et localisations. D’autres virus transmis par les moustiques sont par exemple les virus du chikungunya, de la dengue et du paludisme. Ces deux derniers représentent à eux seuls près de 300 millions de cas chaque année, dont 440 000 mortels.

 

Article publié sur Communications Biology et traduit de l’anglais par Lou Cercy.

 

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