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Les menaces du réchauffement climatique à Kiruna

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Campement à quelques kilomètres de Kiruna. Photo Emma Barrier
Écrit par Emma Barrier
Publié le 2 avril 2020, mis à jour le 2 avril 2020

À l’heure où les études scientifiques tirent la sonnette d’alarme pour prévenir des potentiels désastres écologiques à venir, Le Petit Journal s’est rendu début mars à Kiruna, ville située à 145 kilomètres au nord du cercle Arctique, afin d´observer ce qu’il se passe sur place.

 

L´inquiétude des locaux se fait sentir

Alors que la Laponie suédoise relevait presque 32 degrés en juillet 2018 et que le nombre de feux durant l’été enregistré lors de la décennie précédente était dix fois plus important qu’en moyenne, c’est au tour de l’hiver de subir les conséquences du réchauffement climatique. « Le 2 janvier, trois stations du centre de la Suède ont signalé les températures les plus élevées pour un mois de janvier depuis 1971 » a précisé Sverker Hellström, un climatologue de l’Institut météorologique suédois. En effet, au début du mois de janvier, les températures relevées indiquaient un dépassement d’environ 5° par rapport aux normales de saison dans le sud et d’environ 10° dans le Nord. 

 

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Rues enneigées de Kiruna,Photo:Emma Barrier 

 

À première vue, lorsqu’on arrive à Kiruna, rien d’anormal. La ville est couverte de neige, le paysage blanc est incroyable et on a du mal à croire au réchauffement climatique. Puis on enlève ses gants pour faire des photos, et au bout de 15 minutes, on s’aperçoit que l’on n’a pas les doigts gelés. Effectivement, un coup d’œil au thermomètre et on réalise que quelque chose ne va pas. Début mars, le mercure annonçait 0 degré à Kiruna. Plutôt digne d’un hiver parisien, la température est loin des -13 relevés en moyenne en Laponie à la même période.

 

Les conséquences du réchauffement climatique sont en effet deux fois plus rapides et visibles au cercle polaire arctique que dans le reste du monde. En Laponie suédoise, les effets de la hausse de température affectent la faune et la flore : rivières pas toutes gelées, population de rennes divisée par deux, dégel du permafrost et surtout, fonte du glacier de point culminant suédois, le Kebnekaise. En cinquante ans, il a perdu 30 mètres de hauteur. 

 

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Stations de bus de Kiruna,Photo: Emma Barrier

 

Réchauffement et dérèglement climatique

 

Paradoxalement, cet hiver a été marqué par un record de chute de neige. Explications.

Avec plus de 3 mètres 15 tombés cette année, Kiruna a battu le record de chute de neige depuis qu’il est possible d’enregistrer les données. Comme nous l’apprend Ivan, guide sur un campement touristique à quelques kilomètres de la ville, un temps couvert garde mieux la chaleur. Les températures remontent donc, tout en restant négatives. Ainsi, avec un ciel nuageux et le mercure qui indique -3 degrés, il neige bien plus souvent. Habituellement, la neige tombe en quelques fois et résiste ensuite grâce aux températures avoisinant les -20 degrés permises par un ciel dégagé. Le réchauffement entraîne ainsi un véritable dérèglement climatique. 

 

Craintes pour les activités touristiques hivernales 

 

En bouleversant le paysage lapon, le réchauffement climatique impacte également les habitants locaux dont le tourisme est une des activités les plus importantes. Âgé d’une vingtaine d’années, Ivan nous raconte cependant qu’il n’a pas assez d’expérience pour constater de véritables changements, contrairement à ses aïeux, issus d’une famille Sami, le peuple indigène local. D’après eux, les hivers ont été réellement raccourcis au fil des décennies. Le jeune guide nous le confirme : en novembre 2019, son entreprise a commencé la saison deux semaines plus tard que l’année précédente.

 

Les hivers qui commencent plus tard et finissent plus tôt, c’est également ce qui effraie Rosalie, jeune allemande travaillant la moitié de l’année à Kiruna dans une entreprise proposant des courses de chiens de traîneaux. Cet hiver, les attelages ont commencé à courir deux mois plus tard, faute de neige en octobre, faisant drastiquement chuter le chiffre d’affaires. Sa plus grosse crainte n’est toutefois pas liée à l’argent : la jeune femme a peur qu’un jour l’épaisseur de glace du lac soit trop fine, mettant ainsi en danger ses huskys et les clients. Si les températures continuent de monter durant les prochains hivers, la société ne pourra pas prendre le risque de continuer à faire courir les chiens comme si rien n’avait changé. Ce 7 mars, Rosalie nous apprend toutefois que malgré la météo digne d’un mois d’avril, les 3 mètres de neige devraient pouvoir durer jusqu’à fin mai.

 

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Parc national d’Abisko, à moins de 100km de Kiruna). Photo: Emma Barrier

 

Recommandations du GIEC

 

Comme l’indique le Groupe d’experts International sur l’Évolution du Climat (GIEC), le réchauffement climatique a déjà atteint +1° depuis 1850 et va très vite atteindre +1,5°. L’émission de gaz à effet de serre (GES) étant la principale cause de ce réchauffement – 40 milliards de tonnes de CO2 sont émis par an. Il faudrait atteindre une neutralité carbone au plus tard en 2050 pour limiter la température atmosphérique à +1,5°, c’est-à-dire ne pas émettre plus de CO2 dans l’air que ce que nous pouvons en retirer. 

Pour rappel, la Suède, dont le taux d’émission de GES parmi les 195 pays signataires des Accords de Paris est de 0,15%, vise l’objectif neutralité carbone en 2050.

 

 

 

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