Une société basée sur 100 % d’énergies renouvelables : voici l’objectif affiché par la Suède d’ici 2040. Pour atteindre cet objectif utopique, les pouvoirs publics misent gros sur la durabilité de la production électrique. Mais la situation est plus complexe que prévu.
Dans l’imaginaire collectif, la Suède, semble proposer un mode de vie sain et exemplaire. Mais la réalité sur son objectif zéro pollution est tout autre. C´est ce qu’en témoigne sa gestion actuelle en matière d’électricité, le pays traversant actuellement une forte pénurie. En cause, deux facteurs majeurs sont pointés du doigt.
Une raison conjoncturelle
D’abord, la saison hivernale, qui incite les habitants à augmenter leur consommation quotidienne, pour se chauffer principalement. Une récente campagne sur les réseaux sociaux incite d’ailleurs les Suédois à laisser leur aspirateur au placard. Cette démarche insolite a en réalité pour objectif d’éviter le plus possible l’utilisation des produits électroménagers, ce qui serait bénéfique à la fois pour la planète et les portefeuilles.
Une demande d’électricité en hausse, créant ainsi un cercle vicieux. Svenska kraftnät, organisme contrôlant le système d'électricité en Suède, met en garde la population contre cette tension de la distribution, qui a déjà engendré une forte envolée des prix. À titre d’exemple, le sud du royaume a enregistré le 11 février un pic des prix à 2,4 couronnes le kilowatt par heure. Ce taux, le plus élevé depuis 2011, s’explique par la forte densité de population dans cette région.
La vie quotidienne n’est pas la seule touchée par ce problème ; une partie du monde du travail ressent aussi ses effets. L’imprimeur Holmen a dû stopper l’activité de ses machines, car la consommation en électricité de celles-ci revenait à créer un déficit.
Les autorités ont tout de même tenu à rassurer les citoyens, en affirmant que le prix de l’électricité devrait se stabiliser et redescendre dans les prochaines semaines, avec la remontée des températures.
Un système d’approvisionnement encore défaillant
La seconde raison se trouve dans le mécanisme même de production d’électricité. La récente fermeture de la centrale nucléaire de Ringhals 1 le 31 décembre 2020 a réduit le nombre de centrales en activité à trois. Certes, cette action devrait impacter vertueusement la production du pays sur le long terme, avec une réduction des énergies fossiles et polluantes. Le pays des rennes prévoit à ce titre d’utiliser uniquement les énergies éolienne, hydraulique, et solaire d’ici à 2040.
En attendant, sur une durée plus courte, le résultat est mitigé. La Suède exporte majoritairement l’électricité d’Europe. Lorsque le vent ne souffle plus et que les températures tombent, c’est toute la chaîne de production qui se contracte. On remarque cet inconvénient notamment pour l’éolien : cette ressource représente 20 % de l’énergie électrique en tant normal, mais seulement 9 % en hiver.
Entrent alors en jeu de nouvelles solutions, moins « eco-friendly ».
La Suède a été ainsi forcée de s’approvisionner en électricité chez ses voisins allemands, polonais et lituaniens. Un ravitaillement polémique, puisque ces pays utilisent des usines à charbon, que l’on sait extrêmement polluantes, pour créer l’électricité. De plus, l’État a dû remettre en route l’usine de Karlshamn, fonctionnant au gasoil. Pourquoi le pays n’utilise-t-il pas l’énergie hydraulique norvégienne, plus respectueuse de l’environnement ? Pour des raisons financières principalement, car il est moins coûteux d’utiliser une énergie provenant des industries fossiles.
Une fausse note pour la Suède, qui relance le débat du nucléaire dans le pays, mais aussi de la production d’énergies dans toute l’Europe.