Connaissez-vous Minimo ? C’est le podcast incontournable pour les enfants français ou francophones vivant hors de l’hexagone. Il a vu le jour cet été grâce à la plume et la voix de deux journalistes et mamans installées à Stockholm. Le Petit Journal Stockholm les a rencontrées pour réaliser une interview en exclusivité.
La naissance de Minimo : un podcast pour cultiver le français dans la vie des petits expats
L’Histoire de Minimo c’est d’abord l’histoire d’une longue amitié. Celle d´Emilie Cochaud-Kaminski et de Charlène Pelé. Elles se sont rencontrées à Sciences-Po. Depuis, leurs chemins se sont croisés à plusieurs reprises, de la rédaction de la BBC à Paris à France 24 et plus récemment à Stockholm.
Émilie est journaliste à Stockholm depuis 2 ans. Elle travaille pour des media tels que Libération et la presse magazine. En parallèle de son activité de journaliste, elle a enseigné cette année dans une École FLAM (Français langue maternelle) à Stockholm. Elle a toujours fait les deux : journalisme et enseignement, « ça se complète bien » nous confie-t-elle, « J’ai vraiment beaucoup aimé enseigner à des tous petits et c’est un peu comme ça qu’est né Minimo.
Charlène a elle toujours vécu à l’étranger, dont une dizaine d’années en Italie. Elle est également journaliste et a travaillé pour l’AFP, Associated Press, en agence, et a déménagé l’an dernier en Suède. Elle est maman de deux enfants, moitié italien-moitié français.
Pourquoi avoir choisi Stockholm ?
Emilie : J’ai suivi mon conjoint et aimais déjà beaucoup Stockholm. J’ai aussi été attirée par la possibilité de faire de la correspondance, sur les thèmes de société et d’éducation en Suède qui sont mes sujets de prédilection.
Charlène a également suivi son conjoint et affirme avec conviction « J’ai toujours voulu être correspondante. Stockholm, c’est une nouvelle aventure. Le fait d’avoir retrouvé Emilie a aussi donné naissance à d’autres projets. »
L´idée du projet : quel a été le déclic pour se lancer ?
Emilie : C’est la rencontre d’une histoire personnelle, familiale en expatriation et puis des compétences de journalisme et de savoir-faire. C’est aussi en enseignant dans cette école FLAM, (Ecole buissonnière à Stockholm) que je me suis rendu compte que j’étais à la recherche de supports pour faire travailler les élèves. Je ne trouvais pas forcément ce que je voulais, uniquement des choses très scolaires sur internet. Pour moi la France ce sont les comédies musicales, des choses un peu folles, les Demoiselles de Rochefort, les chansons de Richard Gotainer … J’ai donc été amenée à créer mes propres cours. En "brainstormant" on s’est dit il fallait vraiment que l’on fasse quelque chose ensemble.
Charlène : On aime beaucoup le monde de l’enfance, j’aime bien faire la folle également. Dans le journalisme tout est sérieux donc j’avais envie de rigoler aussi de m’amuser au montage, rigoler dans l’écriture. Et puis de se lâcher un petit peu. Parce que l´on a une partie qui est plus documentaire, une partie qui est une interview avec un enfant donc c’est plus amusant peut-être, et puis il y a aussi de la fiction qui nous permet de s’éclater tout simplement.
Un média avec un focus sur la langue et la culture
Emilie : On trouvait que pour tous ces enfants, avec une double culture, il n’y avait pas de media dédié avec un focus à la fois sur la langue et sur la culture. C’est quoi la culture française quand tu es à mille kilomètres de la France ?
On a grandi en France. C´est un peu distendu pour eux. On veut donner quelque chose pour les enfants, plein de détails qui donnent la base de la culture française. C’est l’envie de partager quelque chose qui t’appartient, qui fait partie de ton identité.
Le jour où je suis devenue maman, je suis devenue nationaliste.
Charlène : J'ai vécu à l’étranger, aux USA, en Italie. J’étais française mais pas forcément liée d´une façon. Il n’y avait pas que la France dans la vie mais le jour où je suis devenue maman, je suis devenue nationaliste. Il fallait que mes enfants soient en partie français, qu'ils parlent français, connaissent la culture et au quotidien ce n’est pas forcément simple. Alors oui il y a les vacances en France, les grands parents, etc .. Mais Minimo c’est vraiment quelque chose pour les aider.
Minimo : Apporter quelque chose de vivant à l’image de la France.
La France, c’est la gastronomie, une multitude de régions, des paysages différents, la musique, toute cette richesse-là. Il y a une certaine joie de vivre. On peut critiquer la France, mais ça c’est ce qui fait partie de nous. La joie de vivre, l’art de vivre, c’est chouette de transmettre ça à des enfants.
Charlène : J’avais peur que mes enfants associent uniquement le scolaire au français. Je veux aussi qu’ils s’amusent, qu’ils aient de l’amour pour ce pays.
Présentez-nous le podcast Minimo
C’est parti du constat que transmettre sa langue et sa culture pour une famille en situation de binationalité ou d’expatriation c’est un effort. C’est compliqué, c’est un vrai investissement, et nous ce qu’on voulait c'est donner un outil aux parents.
On a voulu apporter cette partie créative, narrative, ludique, sans écran. Le choix a été de faire de l’audio pour se concentrer sur les mots, sur l’histoire, sur la langue, au son.
Et puis on voulait aussi créer un monde sonore, qui donne aussi liberté à l’imagination. On joue beaucoup avec les sons, la musique. Avec bien sûr notre script mais ce n’est pas que ça, c’est aussi plonger vers quelque chose.
Le pouvoir d'évocation du son, c’est quelque chose d’intimiste, qui fait vraiment travailler l’imaginaire. Ça permet à l’enfant de se représenter tout un monde. C’était très important que ce soit sans écran parce qu’en tant que parents on se bat déjà pas mal sur l’utilisation.
On souhaite proposer quelque chose d’intelligent, de sain, et de ludique.
La cible : les petits francophones du monde entier de 3 à 9 ans
Au niveau du contenu il y a 3 rubriques :
1. La balade
C'est une balade dans une région. Au début on a fait Paris ville lumière, Paris sous terre, la Bretagne, la Normandie, la Réunion. On va faire le tour de toutes les régions. C’est la partie plus documentaire.
2. Et toi tu vis où ?
C’est une interview avec un petit francophone qui ne vit pas en France. On va avoir la Suède, les Etats-Unis, l’Australie… Interview sympathiques en français avec des accents ou pas mais on a tous quelque chose en commun. C’est pour montrer à tous ces enfants qu’ils ne sont pas tous seuls après tout. Il y en a beaucoup qui font partie d’une communauté un peu particulière mais qui peuvent partager un peu les mêmes choses. C’est vraiment de l’interview.
3. Fiction
Cette fiction nous sert pour enrichir le vocabulaire, les expressions. Ça s'appelle les Sharckéoloques. Shark comme les requins et parce que ce sont des archéologues, des chasseurs de trésors qui partent en mission. Il y a un aspect historique aussi qu’on introduit là-dedans et c’est vraiment pour enrichir le vocabulaire. C’est quelque chose de plus imaginaire. Une histoire. Il y a beaucoup d’histoire sur le marché.
La fréquence : Un Bimensuel
Emilie : Pour la fréquence, on voulait du coup quelque chose qui soit avec une bonne fréquence car on est tous abonnés à Pomme d’api ou des choses comme ça. Une fois par mois c'est bien mais en 15 minutes c’est terminé et nous c’est deux fois par mois- tous les quinze jours. Trois épisodes audios tous les 15 jours plus un petit magazine qui fait huit pages qui permet de prolonger l’expérience. On revient sur ce dont on a parlé – il a du vocabulaire des expressions.
C’est une fréquence qui est assez intense mais c’est notre promesse. Donner beaucoup de contenu de très haute qualité parce qu’on est deux journalistes de plus de 10 ans de carrière et on a envie de mettre ça au service des enfants. Il y a notre rigueur journalistique et notre partie créative.
On peut s’inscrire par mois ou à l'année avec 6 épisodes par mois, 3 tous les 15 jours et chaque cahier d'activités est associé à chaque numéro.
Un tarif raisonnable
C'est du travail car on veut vraiment que ça soit qualitatif. On ne voulait pas non plus qu’il y ait de la publicité car c’est pour les enfants. D’où l’idée d’un abonnement, on a choisi un tarif qui nous paraissait très raisonnable : 5 euros par mois.
Quelles ont été les réactions ?
On a eu plein de réactions. Les enfants, ils adorent. Il y a un vrai intérêt sur le mode de vie d’un enfant qui vit à l’autre bout du monde. Ils s’identifient ou pas à l’école. C’est rare d’écouter juste de la parole d’enfant en brut comme ça. On les attend assez peut s´exprimer, c’est assez rare. Là, d’entendre leur voix, leurs rires, les blagues, des choses auxquelles on n’avait pas forcément pensé car les questions sont quasi toutes les mêmes. On va leur demander de raconter leur quotidien, et ils vont nous nous raconter des anecdotes. Nos enfants écoutent en boucle. Ils ne vont pas se coucher sans Minimo.
Vous continuez à mener vos activités journalistiques en parallèle ?
Charlène : Oui. On se connait très bien. On est flexible si l’une à un reportage à faire. C'est vraiment la rencontre de compétences très complémentaires. Emilie est sur l’écriture et moi j’ai toujours été dans la vidéo, le montage. Le montage Son c’est pour moi une forme d’écriture.
C’est une création faite par des journalistes. En tant que parents on a la garantie d’avoir des infos fiables qui sont vérifiées. La rigueur est en nous. On a d’ailleurs une rubrique « vérité ou inventé » pour questionner les enfants sur qu’est-ce qu’on a inventé dans cette fiction. Qu’est-ce qui est de l’ordre de l’Histoire, qu´est ce qui de l’ordre de l’invention.
Quels sont vos projets ?
On est contente du début, du retour que l’on a eu donc on veut grandir. Ça nous donne envie de continuer, de pouvoir toucher ces parents qui sont nombreux.
Informations
Site www.minimopodcast.com et la page Instagram.
Les parents peuvent découvrir une partie des épisodes en accès libre (les autres sont en accès premium).
Outre l'abonnement, il est aussi possible d'acheter des épisodes sous forme de pack.