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Éléa Bigot, une étoile française dans le ciel suédois

Éléa Bigot danseuse classique danse ballet arabesqueÉléa Bigot danseuse classique danse ballet arabesque
Éléa Bigot. © Pickledthoughtz
Écrit par Lou Cercy
Publié le 20 octobre 2021, mis à jour le 21 octobre 2021

Éléa Bigot a tout juste 20 ans et vient de débarquer à Stockholm. Cette jeune fille, au léger accent ensoleillé qui trahit ses origines toulousaines, n’est cependant pas là pour visiter ou prendre des vacances. Elle vient en effet d’intégrer la compagnie du Kungliga Operan de Stockholm, avec laquelle elle va danser pendant un an.

 

D’un bout du monde à un autre

Éléa commence la danse un peu par hasard, lorsque sa mère l’inscrit à l’âge de 4 ans dans une petite école de quartier. Elle y prend goût et décide, après avoir découvert les concours et la joie de danser seule sur scène, de s’y consacrer pleinement. Elle intègre donc le CNED et se forme à Toulouse, à VM Ballet, où elle suit son parcours tout naturellement. À 18 ans, son bac en poche, elle réalise qu’elle veut découvrir de nouveaux horizons. Elle passe alors une audition pour un stage d’été d’un mois à la San Francisco Ballet School, qui lui offre ensuite l’opportunité de rester un an de plus pour compléter sa formation. Elle s’embarque ainsi dans une aventure américaine d’une année, pendant laquelle elle a la chance de danser le spectacle Casse-Noisette avec le San Francisco Ballet, le meilleur souvenir qu’elle garde de son séjour californien.

 

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Éléa Bigot, San Francisco. © Frédéric Lemé

 

C’est au milieu de ce conte de fée que la pandémie contraint Éléa à rentrer à Toulouse, où elle suit ses cours en ligne, répétant dans son salon face à un écran. Malgré cette période difficile et emplie d’incertitudes, elle postule, sur les conseils du directeur de l’école, à un contrat d’apprentie dans une compagnie de Dresde. Et la voilà partie ! En septembre, elle s’envole pour l’Allemagne, mais cette première expérience en tant que danseuse professionnelle s’avère rude, entre la solitude, les vagues de restrictions, et les spectacles qui s’annulent l’un après l’autre. Elle apprend ensuite que la compagnie ne pourra engager aucun·e apprenti·e comme titulaire, faute de moyens.

Elle reprend les auditions, enchaîne les concours, à Milan, Prague, Leipzig, Paris, mais la pression est forte et la concurrence est rude. Ce n’est qu’au mois d’août que la situation se débloque… Elle se trouve alors face à un dilemme de taille : elle doit choisir entre un contrat de trois mois à l’Opéra de Paris et un contrat d’un an au Kungliga Operan de Stockholm. Son cœur balance, elle hésite, mais décide finalement de se lancer dans l’aventure suédoise, avec une belle compagnie qui lui offre stabilité et possibilité de se perfectionner, même si cela implique de renoncer, en tout cas pour l’instant, à un rêve de petite fille.

 

Éléa Bigot danseuse saut danse classique
Éléa Bigot. © Pickledthoughtz

 

L’aventure suédoise

En octobre, Éléa a donc rejoint la compagnie du Kungliga Operan de Stockholm, et ses danseurs et danseuses de 22 nationalités différentes. Si elle a, à l’origine, été recrutée pour danser Le Lac des cygnes en décembre, la compagnie lui a très vite demandé de préparer également le spectacle de novembre, Kylian/Ek/Forsythe, un programme néo-classique et contemporain pour lequel elle est remplaçante.

 

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Éléa Bigot. © Kristóf Kovàcs

 

Avec deux programmes à préparer, Éléa a donc des journées bien remplies. Les danseurs et danseuses commencent à 10h par un cours d’une heure et demie avec différent·e·s professeur·e·s, afin de s’échauffer et de perfectionner leur technique. Suivent ensuite, selon le programme des spectacles, plusieurs répétitions, jusqu’à trois par jour, qui s’enchaînent jusqu’à 17h. Les générales ont en revanche lieu le soir, en costume, dans la salle de l’opéra. Cet entraînement est d’ailleurs crucial car la scène sur laquelle se déroulent les spectacles est en pente ! Les scènes dites « à l’italienne » ont en effet été construites pour permettre au public de voir l’ensemble des danseurs et danseuses… Un gros challenge quand il faut enchainer les tours et les sauts !

 

Entre deux arabesques, Éléa continue à étudier

Même si sa carrière est à présent bien lancée, Éléa assure ses arrières : depuis son retour de San Francisco, elle suit un BTS en 4 ans en nutrition et diététique, qui lui permet de se rapprocher de la médecine, un domaine qui l’avait toujours attirée au lycée. C’est aussi une manière pour elle d’apprendre à mieux connaître son propre corps et son alimentation. Elle explique en effet que les danseuses n’apprennent pas à bien s’alimenter, alors même que leur corps est soumis à un mode de vie difficile et exigeant. Sans doute parce que les danseurs et danseuses sont souvent considéré·e·s comme des artistes, plus que comme des athlètes, comme en témoigne l’obligation de porter un masque pour s’entraîner pendant la pandémie.

Le sujet de l’alimentation est, aujourd’hui encore, tabou. La pression est forte, car prendre du poids signifie s’exposer à des critiques. Mais perdre trop de poids peut être dangereux, et il est crucial d’avoir des apports suffisants pour continuer à s’entraîner. Éléa souligne à quel point il peut être difficile, pour une jeune danseuse tout juste sortie de l’école, d’apprendre à gérer seule son quotidien, de combiner sa nouvelle vie d’adulte, et entraînement de haut niveau. Il est facile de saturer et de perdre pied. Elle profite donc de son BTS pour mieux connaître et comprendre son corps. Elle souligne cependant que certaines compagnies sont attentives au bien-être de leurs athlètes. Ici, à Stockholm, par exemple, des réunions sont organisées pour suivre leur équilibre et leur santé mentale.

 

L’aventure suédoise s’annonce donc palpitante ! Éléa se réjouit de découvrir ce pays et sa culture, de faire des rencontres, de profiter de cette belle aventure, et surtout, de danser sur scène. Pour venir l’admirer rendez-vous sur scène en décembre, lors des représentations du Lac des cygnes au Kungliga Operan !

 

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