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Désirée ou la difficile intégration d'une reine d'origine française en Suède. Cette fille de marchand de soie connaîtra une destinée plutôt inattendue mais à l'époque troublée des révolutions, son ascension sociale n'est peut-être pas si étonnante que cela...
Née le 9 novembre 1777, elle est baptisée Bernardine Eugénie Désirée Clary à l'église Saint-Ferréol à Marseille. Elle évolue tôt dans la sphère Bonaparte, mais non sans quelques déboires : d'abord courtisée par Joseph Bonaparte en 1794 (qui finalement lui préfère sa s?ur aînée Julie), puis fiancée à Napoléon en avril 1795, elle est rejetée une seconde fois, au profit de Joséphine de Beauharnais. On la fiance alors au général de brigade Léonard Duphot, qui trouve la mort face aux soldats du Pape en défendant le palais de l'ambassadeur de France. Elle finit par épouser le général Jean-Baptiste Bernadotte en 1798. Un an plus tard naît leur fils unique Oscar, à Paris.
Les mystères d'une reine
Comme toute bonne épouse d'expatrié, Désirée rejoint son mari à Stockholm avec leur fils Oscar en janvier 1811. Toutefois, cinq mois plus tard, elle retourne à Paris, seule, et ce pour 12 ans (!). Ce n'est donc qu'en 1823 qu'elle retrouve la Scandinavie à l'occasion du mariage de son fils avec Joséphine de Leuchtenberg (fille d'Eugène de Beauharnais et petite-fille de l'impératrice Joséphine, son ennemie jurée). En 1829, Désirée est couronnée reine de Suède et de Norvège et prend le nom de Desideria. Charles Jean avait lui été couronné en 1818, après avoir uni la Norvège à la Suède en 1814. Contrairement à son mari et à son fils, elle ne se convertit pas au luthéranisme et n'apprendra jamais le suédois.
Son chambellan, Hochschild, décrit les trente dernières années de sa vie comme « calmes ». Complètement désintéressée par la politique, elle suit Charles Jean dans ses déplacements et partage son toit, mais guère plus. Elle prend l'habitude de vivre la nuit, de se coucher au petit matin pour se lever en début d'après-midi, passe les hivers au palais royal de Stockholm et les étés aux châteaux de Rosersberg, de Drottningholm, de Haga ou encore à celui de Rosendal, que Charles Jean lui a fait construire sur Djurgården. Désirée se passionne pour la mode et la danse, et rêve surtout à la France.
Une éternelle bourgeoise
Lorsque Charles Jean meurt en 1844, son fils, désormais Oscar Ier, lui laisse ses appartements dans le palais de Stockholm et son entourage, ce qui lui permet de continuer à mener son train de vie habituel, au grand dam de sa belle-fille et du reste de la Cour suédoise. Cette même année, le diplomate français Bacourt la décrit ainsi : « La royauté ne l'avait pas changée ? malheureusement, pour la réputation de la couronne. Elle a toujours été et restera toujours une bourgeoise des plus ordinaires, étonnée de sa promotion et étonnante à voir sur un trône. » Toute sa vie, elle rêve de rentrer en France ; sa maison parisienne rue d'Anjou est d'ailleurs toujours prête à l'accueillir, mais sa peur de voyager par mer l'empêche de refaire le trajet dans l'autre sens.
Oeuvres reproduites - Tous droits réservés Nationalmuseum
Audrey LEBIODA lepetitjournal.com/stockholm Dimanche 11 octobre 2015