L'exposition-photos Le monde sens dessus-dessous de Philippe Ramette a surpris et émerveillé les visiteurs présents jeudi lors de son inauguration au Centre des Arts et de la Culture de Bangkok (BACC). Le sculpteur et photographe français, dont les ?uvres ont été choisies pour des campagnes publicitaires, se fait prendre en photo, sans trucages, dans des lieux et des positions invraisemblables
Paresse irrationnelle, par Philippe Ramette (photo courtoisie La Fête/ Galerie Xippas)
Inaugurée jeudi soir au Centre culture des Arts de Bangkok (BACC) dans le cadre du festival culturel franco-thaïlandais, l'exposition Le monde sens dessus-dessous de Philippe Ramette est délirante. Marchant sur l'eau en direction d'un phare ou lecteur d'un journal les pieds collés à un fond sous-marin, Philippe Ramette se met en scène dans des situations incongrues à travers 36 photos prises de 1987 à 2006. "J'étais encore étudiant lorsque j'ai demandé à mon frère de prendre la première photo de ce genre-là, explique l'artiste âgé de 50 ans qui vit à Paris. Sculpteur, je concevais des objets qui, exposés, me semblaient photogéniques. Ces photos que je réalise sont des sortes de certificats attestant de mes ?uvres".
Tout commence par un dessin
Si l'artiste passe parfois devant un lieu et le choisit pour l'une de ses mises en scène, la plupart du temps, il dessine un paysage qui sort de son imagination et fixe les directions de son projet. A travers ses pérégrinations, il tombe nez à nez avec l'un des endroits qu'il a dessiné ou du moins qui s'en approche. Pour se mettre dans des positions que l'apesanteur rend impossible à tenir, il utilise ensuite des "prothèses cachées", structures métalliques qui sont des "sculptures". Le photographe Marc Domage, le "chef opérateur" comme Philippe Ramette aime à la qualifier, est ensuite là pour immortaliser le moment. "Marc Domage et le reste de ma petite équipe technique sont des personnes essentielles avec qui je travaille depuis longtemps. Cette fidélité est primordiale car il n'est pas facile de se comprendre lors de ce type de travaux, explique le sculpteur. Un jour, lors d'une séance au fond de l'eau, j'ai montré à Marc un très beau poisson. Par mes gestes, il a cru que je lui demandais de changer l'objectif de place, ce qu'il a fait, et nous n'avons pas pu saisir cet instant".
Un artiste qui touche sans retouche
Toujours affublé d'un costume noir, Philippe Ramette a constamment sur ces ?uvres un air impassible, tragi-comique, qui a fait naître une comparaison avec Buster Keaton. "Cette analogie n'est pas volontaire de ma part mais j'en suis content, explique l'artiste très heureux de l'exposition du BACC qui dure jusqu'au 29 mars et rassemble pour la première fois toutes ses photographies. Par mon impassibilité, j'essaie de présenter une mise à distance du monde, sans sentiment." Exposé par la galerie Xippas à Paris, le travail original de Philippe Ramette lui a valu d'être choisi pour des campagnes publicitaires, comme celle de France Culture l'an passé. Mise à part la photo Lévitation rationnelle, où un harnais le reliant à un ballon gonflé à l'hélium a été effacé informatiquement, les ?uvres de Philippe Ramette ne sont jamais retouchées. A l'heure où modifier une image avec l'outil numérique est d'une facilité déconcertante, l'artiste nous fait voyager sans trucages de paysage en paysage la tête à l'envers, mais ravis par ce grain de folie.
Yann FERNANDEZ (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 21 février 2012
"Le monde sens dessus-dessous de Philippe Ramette"
du 16 février au 29 avril, de 10h à 21h au 8e étage Bangkok Art and Culture Center
939 Rama1 Road, Wangmai, Pathumwan (station BTS Siam)
Entrée gratuite
Voir aussi :
Notre article du 13 janvier 2012 ? Ca va être encore la fête !
Le site officiel du festival La Fête 2012
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