

Interrogés fin juin par Ipsos pour l'Observatoire des acteurs du travail Manpower-LCI - "Les Echos", les salariés ne sont plus que 41 % à souhaiter la rupture et 57 % d'entre eux pensent que leur pouvoir d'achat ne va pas augmenter. Les patrons, eux, sont beaucoup plus optimistes
La valeur travail s'enracine dans les esprits. Deux mois après l'élection de Nicolas Sarkozy, près d'un salarié sur deux (47 %) pense travailler plus qu'aujourd'hui dans les années qui viennent, et, chez les moins de 35 ans, ils sont même 55 %. C'est ce que montre la troisième vague trimestrielle de l'Observatoire des acteurs du travail, réalisée par Ipsos, en partenariat avec l'Institut Manpower, pour LCI et Les Echos.
Pour le moment, d'ailleurs, les mesures engagées par le gouvernement, notamment sur les heures supplémentaires et le contrat de travail unique, emportent une large adhésion : 87 % des chefs d'entreprise trouvent qu'elles vont "plutôt dans le bon sens", de même que 57 % des salariés. Chez ces derniers, l'assentiment est majoritaire dans toutes les catégories, des ouvriers aux cadres supérieurs, et il touche presque autant le secteur public que le privé.
Toutefois, l'état de grâce dont jouissent le président de la République et sa majorité reste fragile et ne diffère pas tant que cela de ceux que le pays a pu connaître par le passé. Sur les réformes à venir, l'envie de rupture perdure chez les patrons - 63 % d'entre eux attendent des réformes économiques et sociales majeures - mais elle s'effrite chez les salariés.
Ces derniers ne sont plus que 41 % à demander au chef de l'Etat une rupture avec la situation actuelle (contre 56 % en mars), tandis que le souhait de réformes "douces"gagne du terrain. Et manifestement, leur moral est déjà en baisse. Si l'espoir et la confiance progressent par rapport à mars, l'inquiétude et le stress dominent largement leurs sentiments, davantage qu'il y a trois mois. C'est vrai dans le public comme dans le privé, et plus particulièrement chez les plus de 35 ans. Le pouvoir d'achat reste leur principale préoccupation, loin devant le maintien de leur emploi et le temps de travail, en particulier dans les entreprises privées. Et lorsqu'on les interroge sur l'évolution de leurs revenus dans les mois à venir, 57 % d'entre eux ne s'attendent à aucun changement, tandis que seuls 21 % prévoient une amélioration de leur situation.
Potentiel de mobilisation
Tout se passe donc comme si les salariés attendaient de voir ce qu'il adviendra des promesses gouvernementales en général, et de la loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat en particulier, laquelle vient d'entrer en discussion au Parlement. Preuve de cet attentisme, leur potentiel de mobilisation est en léger recul mais reste élevé : 51 % des personnes interrogées auraient envie de participer à un mouvement de grève, s'il se déclenchait dans leur secteur.
Chez les chefs d'entreprise, le climat est en revanche beaucoup plus positif depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, comme si l'étau souvent dénoncé par eux se relâchait : non seulement les patrons sont optimistes sur la santé économique de leur entreprise (75 % en juin, contre 70 % en mars) mais leur sentiment enregistre, de surcroît, une embellie sur la possibilité d'augmenter les émoluments de leurs salariés (50 %, contre 35 % il y a trois mois) et sur les possibilités d'embauche (38 %, contre 30 %). Un phénomène observé dans toutes les entreprises, quelles que soient leur taille et leur spécialité, et curieusement très marqué dans l'industrie, où le moral des dirigeants remonte en flèche.
Guillaume DELACROIX de notre partenaire www.lesechos.fr vendredi 13 juillet 2007






































