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Yves Delhaye : « Tout homme descend d’un roi et d’un pendu »

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Écrit par Catherine Zaccaria
Publié le 26 août 2020, mis à jour le 26 août 2020

Depuis 22 ans à Singapour, Yves s’est intéressé à la généalogie depuis son adolescence et se plonge dans les recherches à chaque temps libre. Cette passion peut être chronophage car c’est un puit sans fin d’informations sur nos ancêtres.  Aujourd’hui, au XXIe siècle, la généalogie est une science importante car les gens bougeant de plus en plus, que ce soit pour des raisons économiques, sanitaires, professionnelles ou familiales, ils ont besoin de savoir d’où ils viennent.

 

LePetitJournal.com : Expliquez-nous en quelques mots votre parcours à Singapour ?

Yves Delhaye : Dans les années 80 en France, si tu ne voulais pas faire le service militaire en caserne, tu avais la possibilité de partir en coopération. Moi j’ai eu la chance de partir aux Philippines pendant 2 ans en 1984-85. Là, j’ai eu le virus de l’Asie. Je n’ai pas pu y rester à ce moment-là mais j’ai eu une opportunité professionnelle à Singapour pour deux ans en 1997 et j’y suis toujours !

Qu’est-ce qui vous a amené à vous passionner de généalogie ?

Nous avions une maison de famille entre le Nord et l’Aine où cinq générations de Delhaye avaient vécu. Dans les tiroirs il y avait des vieilles photos, des vieux papiers de familles, des cadres des ancêtres aux murs et quand j’étais petit j’adorais fouiller et poser des questions. Pendant les réunions de famille, trois générations se retrouvaient à table et se racontaient des histoires de famille. Ça m’intéressait et en grandissant j’ai toujours posé des questions mais malheureusement aujourd’hui il en a que je ne peux plus poser car ceux qui détiennent les réponses ne sont plus là pour y répondre.

yves delhaye genealogie

Quand avez-vous commencé à faire des recherches en généalogie ?

Ça a commencé exactement en 1982, une grand-tante habitait dans cette maison de famille et travaillait à la mairie. Un jour je l’ai accompagnée à son travail et j’ai commencé à feuilleter les registres d’état civil pour m’occuper. J’ai trouvé son acte de naissance, puis celui de son frère, mon grand-père, et très vite je suis remonté jusqu’à la Révolution. Et là ça ne m’a plus lâché !!

Comment commence-t-on ? Avec quels outils à vos débuts ?

En 1982 j’étais en école de commerce, j’avais beaucoup de temps et j’ai commencé à parcourir la France. Enfin surtout ce qu’on appelle aujourd’hui les Hauts de France car 90% de mes origines viennent de cette région. Idem pour mon épouse. Je profitais de nos week-ends chez nos grands-parents dans le Nord pour aller visiter les archives départementales où étaient stockés les anciens documents et registres. Je photocopiais ou photographiais ceux qui m’intéressaient et remplissais des fiches de référencement spécifiques. Il existait des associations mais les recherches progressaient très lentement car lorsque tu avais besoin d’informations tout se faisait par courrier postal.

En 1984, à l’arrivée des premiers McIntosh, j’ai commencé à utiliser un tableur pour stocker et classer mes informations. En 1986, l’état de mes recherches sur ma famille faisait 35 pages, aujourd’hui j’ai 1000 pages sur les ancêtres de notre fille !

Dans les années 80, les mormons ont eu un rôle très important dans le stockage d’informations. Ils partaient du principe qu’il faut baptiser nominalement leurs ancêtres. Ils ont donc dispatché dans le monde entier des jeunes qui ont fait du porte à porte pour convertir les gens mais ils ont également fait des campagnes de microfilmage des archives et des registres d’état civil et ceci dans le monde entier. Par la suite ceux-ci ont été numérisés et ont été mis en ligne par les archives nationales de manière publique et tout le monde peut y accéder. Il faut juste savoir comment chercher. Quand je suis arrivé à Singapour, les microfilms existaient mais ils n’avaient pas encore été numérisés. J’ai donc passé beaucoup de soirées chez les Mormons à les visionner.

yves delhay genealogie

Quels sont les outils internet que l’on peut utiliser aujourd’hui ?

J’utilise ces fichiers numérisés bien sûr que l’on trouve en ligne. Beaucoup de journaux ont également été numérisés avec une reconnaissance de caractères ce qui permet des recherches avec des mots clé. Il existe des bases de données d’amateurs qui partagent leurs informations, certaines vérifiées d’autres non, gratuites ou payantes, il y a des clubs ou des associations, des forums d’entraide avec des réseaux de correspondants. Lorsque l’on tombe sur des documents en patois écrits en lettres gothiques dans une langue étrangère, ceux-ci s’avèrent très utiles ! A force de faire des recherches, l’Intelligence Artificielle de Google finit toujours par m’envoyer l’Expert !! On peut quasiment tout trouver assis ici à son bureau à Singapour. Il faut juste savoir ce qu’on recherche et comment le rechercher.

Faites-vous ces recherches seulement au niveau de la France ? Sur quels pays avez-vous déjà fait des recherches ?

Je fais des recherches quasiment en permanence ! En ce moment j’y passe une heure tous les matins avant d’aller au bureau. J’ai fait des recherches en Argentine, Italie, Espagne, Allemagne et même en Pologne et Hongrie. Ce réseau est donc très utile. On reçoit des informations mais parfois aussi des photos ! Pour un ami américain, je suis arrivé au Canada, en France, en Irlande, République Tchèque… Le Vietnam aussi et c’est un peu plus compliqué sauf si c’est pour des Français du Vietnam.

Jusqu’à quelles années pouvez-vous remonter ?

Globalement on peut remonter facilement jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, vers 1750 en s’appuyant sur les registres de l’état civil jusqu’en 1793, et sur les registres des églises avant. C’est évidemment plus difficile dans les régions où il y a eu des guerres ou des révolutions car les archives ont pu être détruites.

L'Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 rend obligatoire la tenue de registres des baptêmes, en français, par les curés des paroisses. Tous ne l’ont pas fait jusqu’en 1650/1680 mais à partir de cette époque ça a été fait de manière plus systématique. Certains étaient plus prolixes et donnaient beaucoup de détails sur les circonstances d’un décès, qui était présent aux funérailles, ce qui donne beaucoup d’indices lors des recherches. Parfois les métiers étaient également consignés. On peut aussi voir qui savait écrire ou pas selon les signatures ou les croix dans les registres.

Au-delà de 1650, on ne peut pas retracer ses ancêtres sauf s’ils avaient des origines nobles. Comme le dit La Bruyère, « Tout homme descend d’un roi et d’un pendu » !

cimetiere genealogie yves delhaye

Quel est l’aspect que vous préférez dans cette activité ?

C’est l’enquête ! Ce que j’aime ce n’est pas de collectionner des gens morts, mais c’est de chercher l’indice qui va me permettre d’avancer dans mes recherches.

Ce qui est important ce ne sont pas les dates de naissance ou de décès mais qui ils étaient, ce qu’ils ont fait, commet ils ont vécu. Ce qui est intéressant c’est de replacer nos ancêtres dans le contexte historique, comment ils travaillaient. L’intérêt, c’est la petite histoire. A l’école on apprend la Grande Histoire et pour la plupart ça nous ennuie alors que la petite histoire de nos ancêtres nous passionne. La découverte d’anecdotes concernant les personnes recherchées me passionne, les secrets de familles aussi.

Le déchiffrage de documents, le contact avec des passionnés dans le monde entier est aussi très stimulant.

Quels conseils donner à une personne qui aimerait commencer ?

La première chose, il faut être motivé. Car quand tu mets la main dedans tu ne la ressors plus ! C’est addictif, chaque fois que tu arrives à identifier un ancêtre tu te demandes d’où il vient et ça t’ouvre la question sur qui étaient ses deux parents ?

Poser des questions aux grands-parents qui sont encore vivants. Ils ont eux-mêmes des connaissances sur deux générations avant eux. Si vous retrouvez d’anciennes photos, notez au dos qui est sur la photo et l’année si possible. Vos descendants vous remercieront s’ils ont la même passion que vous.

La généalogie demande beaucoup de concentration et surtout beaucoup de mémoire car une information lue aujourd’hui peut se révéler très utile dans des recherches effectuées dans plusieurs mois. Si certaines recherches ont été faites par des personnes de la famille au préalable ou si d’anciens documents relatifs à la famille existent, cela facilite le travail.

Si des lecteurs sont intéressés et veulent me contacter, je suggère qu’ils écrivent au PetitJournal.com de Singapour qui transmettra.

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