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Youth & Leaders Forum - “La valeur n’attend pas le nombre des années”

Youth & Leaders Forum Asia 2019Youth & Leaders Forum Asia 2019
Écrit par Maud Lhuillier
Publié le 29 septembre 2019, mis à jour le 30 septembre 2019

Si le message résonnait tout particulièrement entre les murs qui nous accueillaient (ceux du siège de Facebook à Singapour, co-fondé par un Mark Zuckerberg alors encore étudiant), c’est qu’il était, le 17 Septembre dernier, incarné avec détermination, persévérance, succès et charisme par un étonnant panel d’invités au Youth & Leaders Forum, premier temps de la conférence Women’s Forum Asia organisée à Singapour pour son édition 2019.

 

 

Le “haze” (pollution atmosphérique causée par les feux de culture sur brûlis dans les pays voisins) a beau encombrer l’horizon et le ciel de Singapour alors que s’ouvre le Youth & Leaders Forum 2019 (“Taking the lead: Our future Belongs to All of Us”), le message que nous adresse Vatey, Vanessa, Supriya, Chuu Wai, Omuoy, Aarti, ainsi que toutes et tous les autres contributeurs de l’événement est d’une limpidité incontestable : 

Education, Environnement, Tech, Économie, Politique,... les femmes ont non seulement une place, une voix et une contribution à apporter à tous les secteurs d’une région APAC en pleine transformation, mais le leadership au féminin est indispensable dans un monde du travail en mutation ou le “narrative of success” est en complète révolution.

 

youth forum asia 2019
Les intervenantes du panel “A Generation disrupted: Our call, Our planet, Our future

Ainsi, dans un environnement qui n’est pas encore prêt à les intégrer (question de culture, d’habitudes combinées à l’absence de “role models”), c’est aux femmes de prendre leur rôle en main, de bousculer ces codes et de tracer leur trajectoire. Non seulement car elles en ont, tout autant que les hommes, les capacités, mais aussi parce qu’elles le doivent à une société qui a besoin de toutes ses forces vives, et qui ne peut faire l’économie de la richesse, des points de vue, des idées et de l'énergie de plus de la moitié de sa population.

 

L’association Passerelles numériques, qui soutient depuis plus de 15 ans l'employabilité des jeunes filles dans le secteur du digital dans trois pays d’Asie du Sud-Est (Cambodge, Philippines et Vietnam), connaît bien ces enjeux et nous partage aujourd’hui quelques morceaux choisis de ce forum.

 

Grâce au soutien de l’Ambassade de France au Cambodge et des organisateurs du Women’s Forum, Passerelles numériques a pu assister mais aussi contribuer, aux échanges, par la voix d’une de ses Alumni, Omuoy HEANG, aujourd’hui Ambassadrice régionale de “Technovation of Cambodia” et fondatrice de Camsolution Technology.

 

youth forum asia 2019
Une partie de la délégation de Passerelles numériques (de gauche à droite : Marice Jade CHUA, Moritz LAQUA, Maud LHUILLIER, Trang VO, Eléonore IRIART et Laurence HURET)

 

Replaçons l’enjeu dans son contexte… 

 

L’évolution des niveaux de vie en Asie et les effet d’une démographie toujours dynamique voit émerger et croître une force de travail éduquée, jeune, connectée et ambitieuse. Un vivier d’entrepreneurs et de leaders. Femmes comprises. Cependant, au rythme actuel des évolutions et des changements dans l’égalité des chances, les inégalités homme-femme mettront 171 années à se combler. Et si cet écart est évidemment préjudiciable pour les femmes, il l’est aussi pour tous, et pour notre société. 

 

Pourquoi ? En quoi ? 

 

Sur ces questions mêmes, le débat existe. Les femmes ont-elles “quelque chose de plus “ à apporter ? Une sensibilité différente ? Une autre vision du monde devenue nécessaire face aux mutations du travail ? Peut-être.

Comme le souligne Sim Ann, Secrétaire d'état au sein du Ministère de la Culture, des communautés, de la jeunesse, de la communication et de l’information :

“Les codes du succès ont évolué. Ils sont désormais moins matériels que expérientiels. Ils abordent la recherche d’équité, d’inclusion, de sens” En d’autres termes, Il s’agit désormais plus d’être que d’avoir. Les mutations du travail associées à la robotisation et la digitalisation modifient jusqu’à la nature de nos activités. Qui ne sont plus linéaires mais simultanées : Sim Ann parle d’une société “très-d’union” où chacun peut être pluridisciplinaire, pluri-activités, par exemple “docteur-programmeur”.

 

Et-ce à dire que les femmes ont désormais “plus de place” dans une société qui correspondrait mieux à leurs “talents” ? C’est sans doute mal poser la question.

 

Comme le souligne, Nurul Jihadah Hussain (the Codette project) il s’agit plus de créer un environnement ouvert aux femmes, que de penser qu’elles ont des talents spécifiques à apporter à la société. C’est notamment le cas pour le secteur des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Et Nurul de citer les hackathons, ces marathons de compétition de coding prenant place sur tout un week-end et qui excluent de facto les femmes participantes, dont les week-ends sont souvent dédiés aux obligations familiales. 

 

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Omuoy HEANG, en rose à droite

 

Omuoy HEANG, ancienne élève de l’association Passerelles numériques (PN) abonde dans le même sens. Les femmes ne sont pas moins équipées que les hommes pour intégrer l’économie digitale. Elles manquent d’un discours qui leur en offre l’opportunité. “Dans le village d'où je viens, annonce Omuoy, les études d’ingénieurs n’étaient proposées qu’aux garçons. Ce n’est qu’en assistant aux sessions d’informations de PN, qui intègre au moins 50 % de filles dans ses promotions, que j’ai appris que je pouvais moi aussi coder, développer des sites web et des applications mobiles”. Forte de cet enseignement, Omuoy incarne désormais le modèle qui lui a manqué, en s’impliquant comme “mentor” auprès de jeunes filles pour les inciter à croire en leur potentiel, et à oser s’engager dans l’entrepreneuriat digital.

 

C’est aussi ce que promeut Supriya Paul : son association “Josh talks” diffuse, sur le modèle de ted talks, des récits inspirants en langue locale, afin que chacun (femmes, jeunes,...) trouve un modèle qui le pousse à agir.

 

Gabriel Fioni, de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) , pousse plus loin l’appel aux femmes : capables, inspirantes, compétentes, elles ont aussi une contribution indispensable à apporter dans un monde où la technologie fut majoritairement pensée “par des hommes, pour des hommes” (Crash test de voiture, réglage de climatisation…). 

 

Alors concrètement, comment faire pour combler plus rapidement le fossé qui sépare les femmes de la valeur qu’elles peuvent apporter à la société? Lily Kong (Université de Management de Singapour), Aarti Ramaswami (ESSEC) et Sara Cheng (Fuji Xerox) partagent les mêmes recommandations : assumer sa différence, rechercher un mentor, “be a lifelong learner”, oser poser ses exigences, et ne rien lâcher devant l’adversité.

 

L’adversité, Vanessa Paranjothy (Freedom Cuips) et Chuu Wai Nyein (Artiste) la connaissent au quotidien. Elles n’ont en effet pas choisi le chemin de la simplicité.... Que ce soit dans le combat contre le tabou des menstruations, ou dans celui au service d’un art qui valorise les femmes fortes et indépendantes tenir ses convictions, maintenir ses positions, avancer à contre vent (voire à contre famille) forgent une rare détermination.

 

Ces jeunes femmes leaders en Asie incarnent pour tous à la fois un chemin de réussite mais aussi la valeur que leur contribution peut apporter à la société. Il n’y a de richesses que d’Hommes … et de Femmes.

 

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De gauche à droite : Pheak TOCH, Moritz LAQUA, Hwee Ping TEO, Omuoy HEANG, Maud LHUILLIER 

 

 

A propos de Passerelles numériques:

 

Passerelles numériques est un organisme à but non-lucratif de droit français, créé en 2005 dont la mission est de permettre à des jeunes très défavorisés d’accéder, grâce à leurs capacités et à leur volonté, à une éducation et à une formation dans le secteur du numérique afin de leur construire une véritable employabilité; ils échappent ainsi durablement, avec leur famille, à la pauvreté, et contribuent au développement socio-économique de leur pays. Passerelles numériques opère dans 3 pays d’Asie: Cambodge, Philippines et Vietnam.

Plus d’informations: www.passerellesnumeriques.org 

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