Marie Dailey, à Singapour depuis 2006, est enseignante au Lycée Français. En parallèle, depuis janvier 2020, avec la création d’un site en ligne, elle propose à la vente ses photographies de Singapour. Avec la collaboration de la graphiste Lola Jolivet, Marie vient de réaliser un livre photo intitulé « Daily Singapore », qui est dédié à la « photo de rue » qui dépeint un Singapour différent de celui qu’on a l’habitude de voir dans les livres qui font la promotion de la cité-Etat. Lepetitjournal.com est parti à sa rencontre, afin d’en savoir plus sur sa passion.
Comment est née l’idée de créer un livre de photographies autour de la vie quotidienne à Singapour ?
Marie Dailey : Tout d’abord parce que de nombreuses personnes me l’ont suggéré en voyant mes photos. Ensuite parce que j’avais envie de montrer un autre aspect de Singapour celui qui correspond davantage à mon expérience depuis mon arrivée en 2006 puisque j’habite à Serangoon Gardens. Ce quartier, qui est maintenant devenu beaucoup plus « expat », était en 2006 un quartier beaucoup plus populaire. Il le reste d’ailleurs lorsqu’on s’aventure de l’autre côté du lycée vers Serangoon North Ave 1.
J’ai eu envie de mettre à l’honneur cette population qui est l’essence même de Singapour à mon sens et avec qui j’ai toujours beaucoup de plaisir à partager des moments. J’ai eu envie de faire connaître cette frange de la population qui habite dans les HDB, qui fait une partie de mahjong l’après-midi avec leurs amis dans les espaces communautaires de ces ensembles, fait ses courses au « wetmarket », mange au « foodcourt » du coin. Il y a aussi des photos des travailleurs immigrés qui permettent de garder Singapour dans l’état de propreté dont on connaît la réputation et aussi de maintenir ce constant « renouvellement » avec des bâtiments détruits et reconstruits dans des temps records.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Ce sont essentiellement les gens qui m’inspirent, les rencontres que je peux faire au cours de mes déambulations régulières à travers Singapour dans des endroits la plupart du temps loin des bulles touristiques.
Avez-vous rencontré des difficultés, par exemple des personnes qui n’étaient pas très à l’aise devant votre objectif ?
A Singapour, dans les quartiers plus populaires en tous cas que je côtoie plus souvent, les gens sont le plus souvent très accueillants et ravis que je les prenne en photo sauf depuis le COVID du fait de la législation par rapport au port du masque. Sinon je ne demande jamais de poser, ni l’autorisation de prendre en photo mais je ne me cache pas non plus et si les gens ne veulent pas ils me le font savoir en général tout de suite et alors je continue mon chemin et respecte leur choix.
Les gens engagent facilement la conversation et me posent des questions. Si je continue de prendre des photos, c’est cependant souvent la première lorsque le sujet n’était pas conscient d’être pris en photo qui est la bonne.
J’imagine que se balader dans les rues avec un appareil photographique dans les mains en prenant des photos partout ne passe pas inaperçu et que ça crée parfois des rencontres inattendues. Quelques anecdotes sympas à nous partager ?
J’ai découvert un monde que je ne soupçonnais pas en déambulant dans les espaces que l’on appelle les « void decks » des HDB, ces espaces couverts au pied des HDB.
J’ai pu assister à des mariages malais, des enterrements chinois et d’autres cérémonies d’autres communautés religieuses ; à des parties de mahjong, de dames ou d’échecs mais aussi non loin de là d’hommes et de femmes qui jouaient à la pétanque à la tombée du jour.
J’ai passé des heures le dimanche matin à écouter chanter les oiseaux dans les « bird corners » tout en buvant un « kopi » souvent offert par un « uncle » qui vient là aussi pour passer du temps avec ses amis et qui apprécie de partager son savoir sur les oiseaux, les compétitions de chants d’oiseaux. J’ai été accueillie chez des personnes, qui vivent modestement et qui sont loin d’être les « millionnaires » que l’on évoque souvent en parlant de Singapour mais qui se montrent toujours très généreux et curieux et c’est ces gens-là que j’ai voulu mettre à l’honneur dans ce premier livre.
Avez-vous un rêve dans votre tiroir secret ?
Réaliser ce livre est l’accomplissement d’un rêve imaginé de longue date qui est le premier volume d’une série de quatre sur des thématiques différentes mais toujours sur Singapour donc mon rêve est de continuer aussi longtemps que je peux d’arpenter les rues de Singapour et d’autres contrées et d’aller à la rencontre des gens.
Vous pouvez voir la collection de photos de Marie et réserver votre copie du livre “Daily Singapore” sur son site Vous pouvez la contacter par email pour avoir des informations supplémentaires : mariedaileyphotography@gmail.com
Des copies seront disponibles à la galerie au 37 Jalan Chulek 557467 et dans d’autres lieux qui seront annoncés ultérieurement sur les réseaux sociaux sinon les livres commandés peuvent être livrés. En ce moment et jusqu’au 15 novembre, jour de la sortie du livre, une réduction de 10% est offerte sur l’achat d’une photo avec l’achat préalable d’un livre. Profitez-en !