Lauréat du Prix Innovation 2021 - remis par le cabinet d'avocats LPA - des Trophées des Français de Singapour organisés par Lepetitjournal.com, Pierre Hausheer est aujourd'hui l'un des Finalistes des Trophées des Français de l'étranger 2022 ! Pierre est arrivé à Singapour il y a une petite dizaine d’années avec sa femme et un petit garçon pour y commencer une nouvelle vie. Après quelques années dans le secteur de l’efficacité énergétique, il est revenu à sa spécialité d’origine pour lancer sa propre entreprise d’analyse des données, puis a développé des dispositifs adaptés à la pandémie.
Pierre, quand et comment êtes-vous arrivé à Singapour ?
Je suis originaire de Provence, où j’ai fait toute ma scolarité jusqu’aux classes préparatoires au Lycée Masséna de Nice. Je suis ensuite « monté » à Paris pour faire Supélec, avant d’entrer chez Renault, où j’ai travaillé pendant près de sept ans. En 2011, j’ai commencé un MBA à HEC que j’ai poursuivi, fin 2012, par un échange à NUS (National University of Singapore). C’est comme cela que mon épouse et moi avons débarqué à Singapour, il y a un peu moins de dix ans, avec un garçon d’un an, trois valises et un carton, mais sans travail.
Mon épouse, qui travaillait dans la finance, a trouvé un poste assez rapidement. Pour ma part, cela a été plus laborieux, car, les entreprises singapouriennes, de mon expérience, tendent à privilégier le recrutement sectoriel. Dans ce contexte, mon expérience automobile n’était pas très vendeur.
J’ai appris par la suite, après de longues recherches, que je n’étais pas le premier de la famille à avoir séjourné à Singapour. Mon arrière-arrière-grand-père, qui était de Suisse alémanique (d’où mon nom à consonnance germanique), a passé cinq ans ici au milieu du 19ème siècle.
Comment avez-vous finalement trouvé du travail ?
Je souhaitais me reconvertir dans l’efficacité énergétique. J’ai commencé par un stage, j’ai ensuite rejoint une start-up, puis un grand groupe. C’est surtout à force de rencontrer des gens et avec le temps, que j’ai fini par me faire une place dans cette industrie.
A cette époque, le prix du baril de pétrole dépassait les 100$ et les entreprises étaient sensibles aux économies sur leurs factures énergétiques. J’ai eu ainsi l’occasion de travailler dans tout Singapour, depuis les supermarchés, jusqu’aux usines de moteurs d’avions, de semi-conducteurs, de vélos, en passant par le zoo de Singapour. Cela était très intéressant. Malheureusement, en 2016, le prix du baril a chuté à 40$ et les économies d’énergie n’étaient plus une priorité pour les entreprises. Il a fallu que je trouve autre chose.
Je suis donc revenu à ma spécialité de base, les mathématiques appliquées, pour me réorienter dans l’analyse de données en créant mon entreprise, Arctan Analytics. Les débuts ont été difficiles. Finalement, par le bouche-à-oreille, les contrats sont devenus plus récurrents, dans les domaines du conseil, du développement et de la formation.
Comment est née l’idée de développer des dispositifs adaptés à la pandémie ?
En 2019, j’ai relevé le défi de TOTAL dans le cadre des Asian Tech Awards organisés par la Chambre de Commerce Française de Singapour (FCCS) et j’ai remporté le prix du public avec un dispositif de recueil de la satisfaction client à distance. C’est ainsi qu’est né le « happymeter », pour lequel j’ai déposé un brevet.
Grâce à une caméra et de l’intelligence artificielle intégrée, ce dispositif permet de compter les clients qui fréquentent un magasin et de leur permettre d’exprimer à distance leur satisfaction d’un geste de la main. Juste au moment où j’ai commencé à produire les premiers prototypes, la pandémie est arrivée, et la satisfaction client n’était plus à l’ordre du jour.
Au fond du trou, on voit parfois mieux le ciel.
L’expérience du happymeter m’a donné l’idée de trouver une solution pour reconvertir les écrans tactiles en non-tactiles, et de supprimer ainsi un vecteur de propagation du virus. Ce fut le « happyhover », dispositif qui se superpose à l’écran et se branche par une prise USB, donc sans nécessiter d’adaptation de l’écran lui-même. En juin 2020, j’ai eu un premier échange avec l’aéroport de Changi et, en août, 200 unités (soudées « à la main ») y ont été déployées. Nous sommes maintenant une PME experte des solutions sans contacts, avec comme clients les aéroports de Singapour, de Doha, de Hong Kong et de Seattle, mais aussi Capitaland, Nestlé, l’armée de Singapour …
En dehors de votre travail, quelles sont vos activités ?
Tout d’abord, être entrepreneur, c’est travailler 60 heures par semaine pour ne pas à avoir à en travailler 40. Avant la pandémie, les soirées avec les chambres de commerce permettaient toutefois à mon épouse et moi de joindre l’utile à l’agréable.
Ensuite, j’ai 3 garçons, ce qui est également une source d’occupation significative, particulièrement en ces temps de « home base learning ». Mes activités tournent autour d’eux. Je me suis notamment spécialisé dans la préparation des gâteaux d’anniversaire maison, selon les instructions des intéressés. Le défi est de trouver des colorants naturels.
Comment voyez-vous votre futur ? A Singapour ? Ailleurs ?
Il y a encore beaucoup à faire sur les applications sans-contact, que cela soit dans les hôpitaux ou dans les ascenseurs. Personnellement, nous apprécions beaucoup Singapour pour le caractère chaleureux de ses habitants et l’efficacité de ses transports et de ses administrations.