Le 25 septembre, Marie-Pierre Mol organise une visite guidée de cette exposition. Une occasion de découvrir un bâtiment riche en événements. L'antenne singapourienne de l'Ecole hotellière de Lausanne est située dans un bâtiment historique, qui abrite aussi des œuvres d'artistes présentés par la galerie Intersections. Lepetitjournal.com l'a visitée en compagnie de Marie-Pierre Mol, cofondatrice de cette galerie.
Un bâtiment art déco riche en événements
En 1903, sur un grand domaine appelé « Lady Hill », l’ingénieur colonial Ecossais Alexander Murray, construisit sa résidence privée, qu’il baptisa « Kinloss ». Après son retour au pays, cette résidence devint en 1909 celle du consul du Japon à Singapour, et ce jusqu’au milieu des années 1920.
Un financier et propriétaire de chevaux de course, Joseph Brook David, flamboyant célibataire, acheta alors le domaine et agrandit le bâtiment dans les années 1930 pour pouvoir donner des fêtes à la mesure de sa richesse. C’est alors que le bâtiment actuel, en style art déco, fut construit. Lors de l’occupation japonaise, Joseph Brook David fut fait prisonnier et mourut peu après la libération de Singapour.
En 1946, la maison devint le mess des officiers de l’armée britannique. Puis vint dans les années 1950 l’insurrection communiste, pudiquement appelée « Malaya emergency ». Pour la combattre, les anglais durent battre le rappel de troupes à travers tout le Commonwealth. Les militaires venant avec leurs familles, le domaine fut transformé en pensionnat pour leurs enfants. Des dortoirs en préfabriqué furent construits dans le parc pour accroitre la capacite du domaine. Cette situation subsista jusqu’au départ des troupes britanniques en 1970.
Le domaine fut alors rendu au gouvernement singapourien qui en fit le premier département d’architecture de Singapour. C’est là qu’étudiait le leader du syndicat étudiant, Tan Wah Piow. Celui-ci, après avoir critiqué véhémentement le gouvernement singapourien pour des arrestations qu’il jugeait arbitraires, s’est retrouvé en prison, avant de s’exiler au Royaume-Uni, où il obtint le statut de réfugié. Son nom est revenu sur le tapis lors de la « conspiration marxiste » qui agita Singapour en 1987 et dont il était accusé d’être le cerveau.
En 1976, le département d’architecture fut intégré à la NUS (National University of Singapour) et le bâtiment fut transféré à la police qui en fit divers usages jusqu’en 2002.
Le bâtiment fut ensuite occupé jusqu’en 2017 par AXA qui procéda à sa restauration en profondeur.
L’Ecole hotellière de Lausanne a pris possession du domaine en 2020, et accueilli ses premiers étudiants en 2021. 150 étudiants, provenant du monde entier, suivent leurs cours de deuxième année dans ce bâtiment.
Un lieu d'exposition d'œuvres d'artistes contemporains d'Asie du Sud-Est
Pour exposer les élèves à un environnement artistique en relation avec l'Asie du Sud-Est, l'EHL Singapour a proposé à Marie-Pierre Mol de décorer les parties communes avec des œuvres contemporaines d'artistes de la région, spécialité de sa galerie Intersections.
Depuis le mois de juin, six artistes sont présentés dans le cadre de l'exposition "Between Source & Cloud", qui illustre les trois perfections de l'art chinois : la poésie, la calligraphie, et la peinture. Dans sa série Transmigrations, Tamir utilise sa formation à la calligraphie mongole pour refléter les résultats de ses méditations sous une forme résolument moderne. Hélène Le Chatelier, française résidant à Singapour de longue date, interprète nos rythmes intérieurs sous forme d’écriture automatique. Chloë Manasseh, issue d’une grande famille singapourienne qui plonge ses racines dans de nombreux pays, peint son idée de l’Asie du Sud-Est à travers des paysages imaginaires, mais réalistes. Naan Naan, d’origine birmane, évoque le festival des lumières tel qu’il est célébré dans l’état Shan à travers une peinture rappelant les ballons qui sont envoyés dans les airs avant d’être mis à feu. Emi Avora, d’origine grecque, arrivée à Singapour durant la pandémie, peint des paysages très colorés, dépourvus d’êtres humains, en jouant sur les proportions pour créer une ambiance fantastique. Thun Dina, d’origine cambodgienne, exprime à travers ses peintures la nostalgie de la campagne pour les victimes de l’exode rural.
Comme le bâtiment n'est pas ouvert au public, Marie-Pierre organise régulièrement des visites guidées de son exposition. Elle en profite pour présenter l'histoire mouvementée du bâtiment qui l'abrite. La prochaine a lieu ce lundi 25 septembre à 10h30. Pour s'inscrire, cliquez ici.
Si vous ne pouvez pas vous joindre à cette visite, vous pouvez contacter Marie-Pierre pour une visite privée.