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A la recherche du Kampong perdu par Gilles Massot

Jusqu'au 1er octobre, Gilles Massot, artiste pluridisciplinaire qui a longtemps résidé à Singapour, expose à Fort Canning.

Gilles Massot Kampong Buangkok Ulu TrackGilles Massot Kampong Buangkok Ulu Track
Kampong Buangkok en 1990 (copyright Gilles Massot)
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 13 septembre 2023, mis à jour le 5 octobre 2023

Une composante d'une exposition plus large sur les Kampongs

Jusqu’au 1er octobre, le rez-de-chaussée du Centre de Fort Canning abrite dans le cadre du « Night Festival » « The Lost Cities Series : Kampong Port Cities Of Pre-Colonial Era ». Cet ensemble d’expositions gratuites sur le thème des Kampongs est coordonné par Oval Partnership, cabinet d’architecture promouvant le développement durable.

Dans un décor imitant l’ambiance des Kampongs, on y trouve l’histoire d’un Kampong fictif montrant toutes ses facettes, entre le 14ème et le 16ème siècle, et un reportage sur la vie quotidienne des deux derniers Kampongs encore debout aujourd’hui (Buangkok et Pulau Ubin) sous formes de photos et de témoignages recueillis par des étudiants de la SMU (Singapore Management University).

 

Fort Canning Kampong Port Cities Oval Partnership
Vue générale de l’exposition (copyright Azmi Athni)

Trois artistes ont illustré à leur manière l’ambiance des Kampongs. Deux ont été amenés par la Galerie « Intersections » de Marie-Pierre Mol : Gilles Massot, dont nous allons parler plus longuement, et Marc Nair, dont un poème « Gotong Royong » (« assistance mutuelle » en malais, une des caractéristiques de l’esprit des Kampongs) est exposé. La troisième, Zen Teh, artiste et enseignante, présente des pierres sur lesquelles sont développées des photos en complète harmonie.

 

Les photos de Gilles Massot : trois époques de Singapour et des techniques photographiques

Le premier volet de l’exposition de Gilles Massot est extrait d’une série de photos en noir et blanc sur support argentique prises au début des années 1980 quand il a découvert Singapour. Une seule photo est retenue : la seule concernant un Kampong, en l’occurrence Kampong Sembawang, qui n’était pas encore urbanisé. Mais cette photo (ci-après) datant de 1984, ensuite peinte par Gilles, est devenue une carte postale et a eu un gros impact : c’est elle qui a conduit indirectement à la prise de conscience de la nécessité de la conservation des sites à Singapour. Par ailleurs, elle faisait partie de la première exposition de Gilles à Singapour en 1985.

 

Gilles Massot Kampong Sembawang Ulu Track
Kampong Sembawang en 1985 (copyright Gilles Massot)

Le deuxième volet provient d’une série de diapositives en couleurs prises à la fin des années 1990, notamment dans les Kampongs de Woodlands, juste avant qu’ils disparaissent pour faire place à la ville nouvelle que nous connaissons aujourd’hui. Ces photos figurent dans le livre de Gilles « Things I remember » paru en 2021, qui rassemble des photos en couleurs de Singapour prises entre 1980 et 2000.

 

Gilles Massot Kampong Sembawang Ulu Track
Kampong Woodlands en train de disparaitre (copyright Gilles Massot)

Le troisième volet comprend des photos digitales prises en 2009 pour documenter le dernier Kampong de Singapour situé sur l’ile principale : Kampong Buangkok, qui rétrécit au fur et à mesure du développement des HDB aux alentours. Dépêchez-vous d’aller le voir, si ce n’est pas encore fait !

 

Gilles Massot Kampong Buangkok Ulu Track
Kampong Buangkok en 2009 (copyright Gilles Massot)

L’exposition est baptisée « Ulu track », « ulu » signifiant « éloigné » en malais singapourien. Cette dénomination doit être entendue dans les deux dimensions de temps et d’espace chères à Gilles : éloigné dans le temps, car ces photos témoignent d’un Singapour disparu ou en voie de disparition ; éloigné dans l’espace, car les sites, alors pas toujours aisément accessibles, se situent dans la périphérie de l’île.

 

Gilles Massot, un artiste complet

Il est difficile de trouver un domaine artistique que Gilles n’a pas abordé. Dans son enfance, il a suivi des cours de danse, mais il a alors abandonné, trop rebelle pour accepter la discipline rigoureuse inhérent à cet art. Cependant, il a appris le ballet peu après son arrivée à Singapour en 1981.

Apres son bac, il a étudié l’architecture. Mais il était plus intéressé par ses aspects humains que techniques. Ainsi, après quelques années, il s’est tourné vers la photographie et l’audiovisuel comme un moyen de questionner la société et de mieux comprendre les autres : photo reportage, photo artistique, où est la frontière ? Mais il est aussi peintre, décorateur, chanteur, curateur, écrivain, avec notamment un livre intéressant sur Bintan. Il a aussi enseigné pendant 20 ans à l’Ecole des Beaux-Arts Lasalle de Singapour.

 

Gilles Massot Ulu Track Fort Canning
Gilles Massot en compagnie de l’auteur de l’article

 

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