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Entreprendre dans la Tech à Singapour, le pari gagnant ?

Dans la cité-État la plus connectée d’Asie, l’innovation est une seconde nature. Entre efficacité administrative, dynamisme économique et ouverture culturelle, Singapour attire une nouvelle génération d’entrepreneurs français. Décryptage d’Éric Barbier, Président de la French Tech Singapour.

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Écrit par Capucine Canonne
Publié le 13 octobre 2025

 

 

En 2025, la Cité-état accueille déjà plus de 4.000 multinationales et près de 200 licornes technologiques

 

 

Singapour, laboratoire de technologies 

Dans le paysage mondial de la technologie, Singapour s’impose comme un modèle de stratégie et d’efficacité. Derrière une apparence futuriste — tours intelligentes, véhicules autonomes et infrastructures connectées — se dévoile un État qui fait de l’intelligence artificielle (IA) le cœur de son développement national.

Depuis le lancement de sa stratégie d’IA en 2019, la cité-État s’emploie à intégrer cette technologie dans tous les aspects du quotidien : santé, finance, transport, urbanisme, ou encore gestion des services publics. En 2025, la Cité-état accueille déjà plus de 4.000 multinationales et près de 200 licornes technologiques, attirées par un cadre réglementaire clair et favorable. L’un des piliers de ce succès réside dans la loi sur la protection des données personnelles, qui parvient à équilibrer respect de la vie privée et liberté d’expérimentation. Pour le dire autrement, l’innovation n’est pas freinée par la régulation. 

 

 

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L’incontournable French Tech de Singapour 

Tout a commencé il y a environ 7 ans “avec un ambassadeur motivé et un petit budget”, confie Eric Barbier, installé à Singapour depuis 22 ans. “Nous avons réuni une première équipe, puis structuré la French Tech autour de différentes entités – FinTech, IA…– animés par des volontaires.” Depuis, le réseau s’est densifié. Deux événements par mois rythment la vie de la communauté : un rendez-vous de networking ouvert à tous, et des rencontres thématiques où se croisent start-up, grands groupes et acteurs locaux. “Tout se fait en anglais, c’est une règle que nous nous sommes fixés. Nous voulons être inclusifs et connectés à l’écosystème singapourien.” La démarche porte ses fruits. Les grands groupes français installés sur place – Thales, Dassault, Engie – soutiennent activement les jeunes pousses à coups de  sponsoring et mentorat. L’esprit de collaboration est au cœur de la réussite de la French Tech de Singapour. 

 

L’administration applique la fameuse No Wrong Door Policy : si un fonctionnaire ne sait pas répondre, il doit vous orienter vers la bonne personne

 

Parmi les success stories locales, Eric Barbier met en avant  Sleek, une plateforme de services administratifs pour entrepreneurs mais aussi Novad, spécialiste de la fintech, Flowdesk, acteur majeur du trading d’actifs numériques, ou encore YesWeHack, expert en cybersécurité éthique. “Singapour fait tout pour attirer les talents et faciliter la création d’entreprise. Ici, on peut monter sa société en une demi-journée”, sourit Éric Barbier. “Les démarches sont 100 % dématérialisées, la signature électronique reconnue et les impôts adaptés aux jeunes structures. “Le gouvernement pousse vraiment à l’entrepreneuriat, tout est fait pour faciliter les démarches.”  L’administration applique la fameuse No Wrong Door Policy : si un fonctionnaire ne sait pas répondre, il doit vous orienter vers la bonne personne. “C’est un luxe qu’on n’imagine pas quand on vient de France.”

 

 

Pourquoi Singapour est l’un des meilleurs pays au monde pour faire du business ?

 

 

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La Tech française encore bien timide… Pourquoi ?

Mais la French Tech locale se heurte encore à une certaine timidité côté hexagonal. “Les start-up françaises regardent d’abord les États-Unis ou l’Europe, très peu l’Asie. C’est une erreur selon Eric Barbier qui ajoute que la croissance asiatique est forte, que les capitaux abondent, et que la stabilité juridique est un atout immense. 

 

Le classement Doing Business est basé sur différents critères datés de 2020, comme la création d’une entreprise, la réglementation, l’obtention d’un permis de construire, d’un crédit, d'investissement, ou encore de l’enregistrement de propriété. Le classement place Singapour en 4ème position des pays où il est facile de lancer un business. Pourquoi ? Principalement parce que, dans la cité-Etat, peu de procédures sont nécessaires pour démarrer ou exploiter officiellement une entreprise industrielle ou commerciale. 

 

 

Certains visas sont difficiles à obtenir pour les étrangers

 

Si créer une entreprise est facilité, il y a bien une ombre au tableau : le coût de la vie, en forte hausse depuis la pandémie, et des seuils salariaux plus élevés pour les expatriés. “Cela freine un peu les nouvelles arrivées, même si la qualité de vie, la sécurité et les opportunités compensent largement.” Certains visas sont difficiles à obtenir pour les étrangers. “Plus votre employé est diplômé et bien rémunéré, plus c’est simple. Mais avec la hausse du coût de la vie et les salaires minimums imposés pour les “Employment Pass”, il est devenu plus difficile pour les jeunes Français de venir”, souligne Eric Barbier. 

 

 

Entreprendre et créer une entreprise à Singapour, le guide pratique

 

 

 

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Des défis, mais une énergie unique

Mais le Directeur garde un regard enthousiaste : “Les Français devraient faire quelques années à l’étranger. Ça change profondément une personne. Ici, on apprend à s’adapter, à penser global, à saisir les opportunités.” La French Tech travaille main dans la main avec la Chambre de commerce, les Conseillers du commerce extérieur (CCE) et l’ambassade. “Il n’y a pas de rivalité, on avance ensemble”, insiste-t-il. Un événement commun avec les CCE est d’ailleurs prévu d’ici la fin de l’année 2025. Tout le réseau français de Singapour se mobilise pour aider les entrepreneurs. 

 

 

Il y a plus d’argent que de projets à financer. Les investisseurs n’attendent que de bonnes idées.

 

 

Les conseils d’Éric Barbier aux futurs entrepreneurs ?  Ne pas avoir peur de venir : “L’Asie n’est pas un Eldorado inaccessible. C’est une région jeune, dynamique, pleine d’opportunités.” Il recommande aussi de faire de Singapour une base solide : “Même si vos marchés sont ailleurs, fondez votre holding ici : droit clair, investisseurs confiants, cadre efficace.” Enfin, voir grand : “Il y a plus d’argent que de projets à financer. Les investisseurs n’attendent que de bonnes idées.” L’Asie du Sud-Est compte aujourd’hui plus de 700 start-up spécialisées en intelligence artificielle et environ 50 licornes valorisées à plus d’un milliard d’euros. 

 

Les opportunités Tech ne manquent pas. En mai 2025 par exemple, Singapour a choisi Thales pour moderniser sa capacité de lutte contre les mines sous-marines. Ce partenariat marque une première en Asie pour le groupe français dont la technologie innovante est déjà déployée en Europe. À la même période, 31 accords ont été signés entre la France et Singapour lors de la visite d’Emmanuel Macron, dont une vingtaine entre entreprises et agences publiques. Ils couvrent la défense, l’IA, la culture, le transport, la recherche et l’énergie. Dans l’IA, des acteurs français comme Mistral AI s’implantent à Singapour. Oui, l’Asie du Sud-Est fait les yeux doux aux entreprises françaises. Mais attention, en séduction comme en affaires, celui qui n’ose pas finit toujours par regarder les autres danser. 

 

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