Née à Shanghai, formée aux Beaux-Arts de Paris et photographe talentueuse, Wang Fei conjugue avec sensibilité son art à une quête spirituelle nourrie par l’astrologie chinoise. Dans un entretien avec lepetitjournal.com, elle nous éclaire sur cette tradition millénaire, bien plus profonde qu’un simple signe animal, et sur la manière dont elle continue d’influencer la vie quotidienne en Asie.
L’astrologie chinoise m’a toujours fascinée, non pas comme outil de prédiction, mais comme une sagesse ancienne qui révèle les liens profonds entre l’homme, la nature et le cosmos.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours, de vos origines, de vos passions et de votre lien avec l’astrologie chinoise ?
Je suis née à Shanghai, dans une famille chinoise. Dès le lycée, j’ai été fascinée par l’art et par les grandes questions existentielles liées à l’origine de l’univers, à la religion, et au lien entre l’homme et la nature. À l’âge de 20 ans, je suis partie vivre en France, où j’ai séjourné près de dix ans. J’ai alors suivi une formation à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, ce qui m’a permis de développer un regard artistique à la croisée des cultures orientales et occidentales.
J’ai choisi la photographie comme mode d’expression précisément parce qu’elle me permettait de capter la beauté du quotidien. Aujourd’hui, je suis photographe indépendante et j’ai fondé ma propre agence spécialisée dans la photographie de mode. En parallèle, je continue de réaliser des clichés de paysages ou de scènes de rue, que j’expose en galerie. Voyager occupe une place essentielle dans ma vie : j’aime autant les instants de solitude que l’énergie de la foule. Je me rends régulièrement dans les monastères tibétains, en haute altitude, pour y rencontrer les moines et approfondir ma quête de sens et de vérité.
Mon intérêt pour l’astrologie chinoise remonte à l’enfance. Elle m’a toujours fascinée, non pas comme outil de prédiction, mais comme une sagesse ancienne qui révèle les liens profonds entre l’homme, la nature et le cosmos. Mon parcours artistique m’a naturellement amenée à explorer cette relation invisible entre les êtres et les forces universelles.
Ce sont deux visions du monde distinctes : l’une cyclique et énergétique, l’autre astronomique et symbolique.
En quoi l’astrologie chinoise se distingue-t-elle de l’astrologie occidentale ?
L’astrologie chinoise repose sur un calendrier luni-solaire et met l’accent sur l’interaction entre le temps (année, mois, jour, heure de naissance) et les cycles de la nature. Elle s’appuie sur des concepts fondamentaux comme le Yin et le Yang, ainsi que sur les cinq éléments (bois, feu, terre, métal, eau).
L’astrologie occidentale, que je connais moins, se concentre davantage sur les positions planétaires et les constellations. Ce sont deux visions du monde distinctes : l’une cyclique et énergétique, l’autre astronomique et symbolique.
Pourquoi réduire l’astrologie chinoise à un signe animal est-il une erreur ?
Le signe animal de naissance n’est qu’un fragment de l’astrologie chinoise. Pour dresser un véritable portrait astrologique, on doit prendre en compte non seulement l’année, mais aussi le mois, le jour et l’heure de naissance, et les associer aux troncs célestes et branches terrestres, sans oublier l’équilibre des cinq éléments.
C’est un système extrêmement riche et nuancé, qui dépasse largement la simple appartenance à un animal du zodiaque.
Que représente l’année 2025, année du Serpent de Bois ?
Le Serpent symbolise la sagesse, la transformation subtile et l’intuition, tandis que le Bois évoque la croissance, la créativité et l’expansion. Ensemble, ils annoncent une année propice à la réflexion, à l’adaptabilité et à l’éclosion de projets.
Cependant, son impact varie selon le profil astrologique de chacun. Ainsi, l'année du Serpent de Bois a une tendance générale, mais ses effets varient d'une personne à l'autre. Si certaines y trouveront de la chance et de la fluidité, d'autres pourront rencontrer des oppositions. Il est donc essentiel de savoir à quel élément parmi les cinq (Wu Xing) nous appartenons, afin de chercher un équilibre approprié.
L’astrologie est perçue comme une boussole pour avancer en période d’incertitude, un outil de sagesse pratique.
Comment l’astrologie chinoise s’inscrit-elle dans la vie quotidienne en Chine et à Singapour ?
Dans les sociétés asiatiques, l’astrologie fait partie du quotidien. On consulte le calendrier pour choisir la date d’un mariage, lancer une activité, déménager ou planifier une naissance. Chaque Nouvel An, les prévisions astrologiques sont très attendues et largement diffusées via des livres, des applications ou des conseils de maîtres astrologues.
L’astrologie est perçue comme une boussole pour avancer en période d’incertitude, un outil de sagesse pratique.
Peut-on s’appuyer sur l’astrologie chinoise pour faire des choix de vie importants ?
Oui, notamment en Asie où il est courant de consulter un astrologue avant une union, ou pour choisir une orientation professionnelle. Certaines combinaisons de signes sont considérées comme naturellement harmonieuses (comme le lapin et le chien), tandis que d’autres sont jugées plus conflictuelles (comme le dragon et le chien).
Compatibilité
- le rat et le boeuf
- le tigre et le cochon
- le lapin et le chien
- le serpent et le singe
- le cheval et le mouton
- le coq et le dragon
Incompatibilité
le rat et le cheval
le boeuf et mouton
le tigre et le singe
le lapin et le coq
le dragon et le chien
le serpent et le cochon
Mais rien n’est figé. Le fondement de l’astrologie chinoise repose sur l’harmonie et l’équilibre. Comme le dit le Livre des Mutations (Yi Jing) : « L’excès engendre son contraire ». De la même façon: « l’excès mène au déclin, et l’adversité peut se transformer en prospérité » (Confucius).
Quels sont les mythes et croyances les plus populaires liés à l’astrologie chinoise ?
On croit souvent que l’année correspondant à son propre signe présage des difficultés. C’est ce qu’on appelle le Ben Ming Nian (本命年). Pour se protéger, on porte alors des accessoires rouges.
Parmi les légendes, celle de la grande course organisée par l’Empereur de Jade est très connue : c’est ainsi que les douze animaux ont été choisis pour former le zodiaque. Le Rat, rusé, trompa le Chat, qui n’arriva jamais à temps et fut exclu du cycle zodiacal.
Autre exemple de croyance: les animaux “royaux”, tels que le dragon et le phoenix sont associés au pouvoir, alors que le tigre apporte le courage.
Les jeunes générations s’intéressent-elles encore à l’astrologie chinoise ?
Oui, même les jeunes y trouvent un repère. Des applications modernes comme (测测 - CeCe) permettent aux jeunes de consulter leur profil astrologique ou de discuter sur des forums.
En Asie, l’astrologie joue parfois un rôle quasi-thérapeutique : en période de doute ou déprime, plutôt que d’aller chez un psychologue, on préfère consulter un maître astrologue. Celui-ci rassure : « Ce n’est pas votre faute, c’est une mauvaise période. Attendez que les énergies tournent et que la mauvaise conjoncture cosmique passe ».
Cette approche apaise. Elle déplace la responsabilité de l’échec personnel vers un cycle naturel extérieur au consultant , et redonne confiance dans le futur.
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