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Trophées des Français de l’ASEAN 2025 : cinq lueurs d’espoir à la Résidence de France

Sous les lumières de Noël de la Résidence de France, la communauté francophone de Singapour s’est réunie mardi 9 décembre 2025 pour célébrer les Trophées des Français de l’ASEAN 2025. Au-delà des récompenses, la soirée aura surtout mis en lumière ce que l’ambassadeur a appelé ces « lueurs d’espoir » dont le monde a tant besoin : cinq parcours lumineux, ancrés au Vietnam, au Cambodge, en Thaïlande et à Singapour, mais qui rayonnent bien au-delà de la région.

Cérémonie des Trophées ASEAN 2025 à Singapour Cérémonie des Trophées ASEAN 2025 à Singapour
Cérémonie des Trophées ASEAN 2025 à Singapour - crédit photo : Bframeproduction
Écrit par Adeline Marie
Publié le 10 décembre 2025

 

Une soirée sous le signe de la lumière

En arrivant à la Résidence de France, difficile de ne pas s’arrêter quelques secondes sur le décor. La maison coloniale noire et blanche, illuminée de guirlandes de Noël, accueille les invités dans une atmosphère chaleureuse. Dans le grand salon, diplomates, dirigeants d’ONG, entrepreneurs, sponsors, membres du jury et amis de la communauté française échangent déjà, un verre à la main. Organisée par lepetitjournal.com, l’édition 2025 des Trophées des Français de l’ASEAN met à l’honneur cinq parcours venus du Vietnam, du Cambodge, de Thaïlande et de Singapour. Cinq trajectoires très différentes, mais réunies par un même point commun : l’envie de donner du sens à leur engagement en Asie du Sud-Est.

 

 

ambiance de cérémonie ASEAN

 

 

« Quand on croise des lueurs d’espoir, il faut les faire grandir »

Dans un discours à la fois chaleureux et grave, l’ambassadeur de France à Singapour, Stephen Marchisio, salue les lauréats, mais aussi l’ensemble des Français engagés dans la région : entrepreneurs, responsables associatifs, salariés qui décident d’ajouter une part de sens à leur travail : « Dans un monde turbulent, les lueurs d’espoir ont parfois tendance à se faire rares. Alors quand on les croise, il faut les faire grandir. », confie-t-il devant une salle silencieuse.

Puis il souligne ce que représentent ces Trophées : la reconnaissance d’hommes et de femmes qui, à plus de 10.000 km de la France, font bouger les lignes à travers leurs projets. Il cite enfin les mots du Président de la République, venu à Singapour en mai 2025, qui encourageait à embrasser la modernité au service d’un humanisme partagé. Une modernité que les cinq lauréats incarnent à leur manière, sur le terrain, chaque jour.

 

 

trophées ASEAN cérémonie à Singapour

 

 

Le Petit Journal, 25 ans de récits d’expatriation

Capucine Canonne, la rédactrice en chef de lepetitjournal.com à Singapour, prend le relais. Son discours débute par un souvenir d’enfance : sa propre expatriation à Singapour, les bus scolaires, les plantes tropicales plus grandes qu’elle, puis les pays découverts au fil des années.

Ce détour par l’intime n’a rien d’anecdotique : « Chez lepetitjournal.com nous savons ce que représente un départ, un changement de continent, une nouvelle vie. Nous comprenons les enfants qui s’adaptent, les conjoints qui se réinventent, les entrepreneurs qui se dépassent. » Elle souligne les 25 ans à venir de lepetitjournal.com et ses désormais 76 éditions locales, avec l’ouverture de celle de Bali. De Paris à Dubaï, de Londres à Montréal, et bien sûr à Singapour et dans toute l’ASEAN, le média raconte les parcours de ces Français qui font vivre la francophonie loin de l’Hexagone.

Avant de céder la place aux sponsors, elle salue l’équipe locale et les correspondants de la région. Une façon de rappeler que derrière chaque article, chaque Trophée, il y a aussi un travail collectif pour mettre ces trajectoires en lumière.

 

 

Trophées des Français de l'ASEAN

 

 

Cinq lauréats, cinq façons de faire rayonner la France en ASEAN

La suite de la soirée est rythmée par les prises de parole des partenaires – Banque Transatlantique, Caisse des Français de l’Étranger, Vatel, EDHEC Business School, International French School – et par les interviews menées sur scène. Chacun des cinq lauréats apporte une nuance à cette mosaïque d’engagements.

 

Daniel Verschaere, une lumière pour les enfants du Dragon

Pour remettre le Prix du Public, Cédric Figliolini, Managing director de la Banque Transatlantique à Singapour invite l’auditoire à regarder le décor autrement : un toit au-dessus de la tête, un verre d’eau potable à la main… Ce qui semble évident ici est un privilège ailleurs.

C’est précisément ce que rappelle le parcours de Daniel Verschaere, directeur des partenariats de l’ONG Les Enfants du Dragon à Hô Chi Minh-Ville. Après une carrière brillante dans le consulting et le management de grands groupes, il a choisi de mettre son expertise au service d’une ONG qui a 3 trois missions principales: construire des maisons de solidarité, offrir un accès à l’eau, et accueillir dans son orphelinat les enfants des rues. Sur scène, il évoque sa volonté de s’inscrire dans la durée. Parmi les projets qu’il souhaite voir grandir en 2026 : une éco-ferme pédagogique au sein de l’orphelinat et une cantine scolaire pour plus de 700 enfants qui, aujourd’hui encore, n’ont pas de lieu dédié pour leurs repas. Mardi 9 décembre, le prix qu’il reçoit est moins une consécration personnelle qu’un moyen de rendre l’association plus visible et de rallier de nouveaux soutiens à sa cause.

 

Daniel Verschaere, les enfants du dragon
Daniel Verschaere, les enfants du dragon - credit photo Bframeproduction

 

 

Léa Klein, faire rayonner la mobilisation citoyenne à l’échelle régionale

Le Trophée Entrepreneur, remis par Laurent Periez, Directeur marketing et recrutement de l’EDHEC Business School, revient à Léa Klein, fondatrice et directrice du bureau Asie de makesense. Laurent Periez rappelle que l’entrepreneuriat est d’abord une aventure humaine, faite de hauts, de bas… et de beaucoup d’audace, surtout lorsqu’elle se double d’une expatriation.

Léa Klein incarne parfaitement ce mélange de vision et de terrain. Partie seule aux Philippines il y a dix ans pour y déployer les méthodologies de mobilisation citoyenne de makesense, elle a progressivement bâti un écosystème régional dédié à la mobilisation citoyenne, à l’innovation sociale et à l’économie verte. C’est aujourd’hui 22 millions de personnes mobilisées par an, 50 ONG et entreprises sociales créées, une plateforme Jobs_that_makesense Asia qui aide 15.000 personnes par mois à rejoindre l’économie verte et sociale.

Interrogée sur l’avenir, Léa insiste sur le rôle de facilitateur de makesense : l’organisation n’agit jamais seule, mais toujours avec des acteurs locaux – ONG, collectivités, entreprises, institutions. Son rêve ? Faire de makesense Asia une plateforme de collaboration où citoyens et société civile co-construisent des solutions locales… puis des politiques publiques à plus grande échelle.

 

 

les trophées ASEAN
Credit photo : Bframe production 

 

 

Marie Kretz di Meglio, donner du pouvoir d’agir aux travailleuses migrantes

Eric Pavy, directeur général de la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) souligne en introduisant le Trophée Social et Humanitaire combien l’histoire de Marie Kretz di Meglio conjugue « beaucoup de cœur et beaucoup d’intelligence ». La rencontre de Marie avec sa première employée de maison lui a donné envie d’agir: même âge, même niveau d’études, mais des opportunités radicalement différentes.

Partie de son expérience de directrice d’un centre de formation à distance, Marie crée Uplifters, une ONG qui propose des cours en ligne gratuits aux employées de maison migrantes, souvent endettées et sans épargne malgré des années de travail. Elles peuvent ainsi apprendre à gérer leur argent, acquérir des compétences et préparer un projet de retour au pays. Sur scène, entourée des membres de son équipe et de femmes qu’elle a accompagnées, elle rappelle l’essentiel : ces formations ne sont pas de l’assistanat, mais une façon d’apporter une autre lumière : celle du pouvoir d’agir. 

 

 

Cérémonie des Trophées lepetitjournal.com

 

 

Manon Fernandes, l’excellence hôtelière au service des cantines scolaires

Pour le Trophée Tourism & Hospitality, Anne Poisignon, directrice du développemenr commercial du groupe Vatel insiste : la gastronomie et l’hospitalité françaises ne se vivent pas uniquement dans les palaces. Elles se déploient aussi dans une cantine de Phnom Penh où 1.700 élèves reçoivent chaque jour des repas sains.

C’est là qu’intervient Manon Fernandes, Coordinatrice Qualité, Hygiène et Sécurité Alimentaire pour l’ONG Toutes à l’école. Formée chez Vatel, elle a choisi de mettre la rigueur de l’hôtellerie internationale au service d’un projet à fort impact social : la Cantine Verte. Manon parle d’abord d’émancipation : celle des 25 mères d’élèves qu’elle a formées, alors qu’elles ne sont pas diplômées et ne parlent pas anglais, à devenir personnel de cuisine qualifié ; celle des jeunes filles qui, grâce à une ferme agroécologique produisant 24 tonnes de fruits et légumes par an, découvrent que l’alimentation durable peut changer leur santé, leur concentration, leur avenir. Elle insiste sur l’autonomisation des femmes et sur un message simple : « L’accès à une alimentation saine n’a rien d’évident pour des millions de personnes, et pourtant l’éducation passe aussi par l’alimentation. ».

 

Manon Fernandes, Lauréate Trophées Tourism & Hospitality
Manon Fernandes, Lauréate Trophées Tourism & Hospitality - credit photo bframeproduction 

 

 

Sarah Kolbenstetter, une étincelle verte devenue mouvement

En remettant le Trophée Développement Durable, David Binan, proviseur de l’International French School (IFS) insiste sur le rôle des écoles : préparer les esprits à relever les défis environnementaux. Honorer Sarah Kolbenstetter, fondatrice de Little Green Spark au Cambodge, apparaît alors comme une évidence. Son parcours, de Bonn à Bruxelles, de la Bolivie au Sénégal, l’a amenée à identifier un besoin critique : la gestion des déchets dans un pays en pleine construction. Depuis 2021, Little Green Spark a revalorisé plus de 22.000 kg de déchets et accompagné plus de 25 organisations dans leur transition vers une économie circulaire.

Ce soir, Sarah choisit de mettre en lumière un projet en devenir : la création d’une plateforme de réemploi des matériaux de construction, pour éviter que des tonnes de matériaux ne restent inutilisées dans des dépôts et finissent par perdre toute valeur. Une manière très concrète d’illustrer son credo : transformer notre rapport à la valeur de ce que l’on consomme, ce que l’on jette ou recycle.

 

 

Sarah Kolbenstetter, lauréate dévelopement durable
Sarah Kolbenstetter, lauréate dévelopement durable - crédit photo Bframeproduction 

 

 

Champagne, petits fours et conversations éclairées

Une fois les Trophées remis, les applaudissements laissent place aux photos de groupe, puis au traditionnel cocktail. Dans les salons de la Résidence, les plateaux de petits fours circulent, les flûtes se lèvent, les cartes de visite s’échangent.

Les lauréats sont entourés, sollicités, félicités. On parle d’éco-ferme et de cantine scolaire, de plateformes de réemploi, de formations en ligne, de financements et de collaborations possibles entre Vietnam, Cambodge, Thaïlande et Singapour. Sponsors, membres du jury, représentants d’associations et invités prolongent les discussions entamées sur scène. Dans ce décor de Noël, la Résidence de France prend des airs de lanterne allumée au cœur de l’ASEAN : un lieu où se croisent, le temps d’une soirée, des trajectoires venues de toute la région, unies par la volonté de faire bouger les lignes.

En repartant vers leur pays d’adoption, chacun emporte un peu de cette lumière. Les cinq lauréats, eux, repartent avec un trophée et surtout une responsabilité supplémentaire : continuer de rayonner, pour que leurs lueurs d’espoir deviennent, demain, des foyers durables de changement.

 

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