Chloé Severyns est une artiste française qui a grandi en Asie du Sud-Est. Après des études à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, puis des expériences professionnelles dans la mode haut-de-gamme et les bureaux de tendances, elle est revenue vivre à Singapour où, en parallèle de son activité de designer freelance, elle enseigne le dessin et la peinture.
Chloé, qu'est ce qui vous a amenée à Singapour ? Depuis quand ?
La première fois que je suis arrivée à Singapour, j’avais un an, mes parents s’étaient expatriés pour le travail de mon père. Nous avons ensuite vécu dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, en Thaïlande, en Indonésie, à Hong Kong, puis nous sommes revenus à Singapour. J’ai suivi ma scolarité au Lycée Français de Singapour (IFS) jusqu’au Bac, avant de partir faire mes études supérieures à Paris, déterminée à intégrer l’école des Arts Décoratifs qui me faisait rêver. Après de belles expériences professionnelles à Paris, notamment chez John Galliano et Kenzo, je suis revenue vivre à Singapour il y a 6 ans. L’Asie fait partie de mon identité autant que la France.
Quels sont les évènements qui vous ont marquée ?
L’année du SARS, je passais mon Bac. L’école a fermé pendant trois semaines, l’atmosphère était étrange. Je me souviens aussi avoir appris l’attentat du 11 septembre 2001 en étant à Singapour, le pays était sous le choc comme le reste du monde. Il y a eu également la mort de Lee Kwan Yew, en 2015. C’était un événement national ! Il y avait beaucoup d’émotion, tout le monde se déplaçait pour lui apporter des fleurs. Et bien sûr, le Covid-19 qui chamboule nos vies depuis un an et demi.
Quels ont été les challenges auxquels vous avez dû faire face ?
Quand je suis revenue à Singapour il y a quelques années, j’ai commencé par chercher un poste de designer textile en entreprise. Bien qu’il y ait beaucoup d’agences de design d’intérieur ici, les postes en design textile sont très rares. La création textile est un secteur très développé dans les pays voisins comme la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie, mais à Singapour cela se limite malheureusement et principalement à la distribution. L’aspect positif est qu’il y a du coup une belle ouverture pour la création ! Face à ce challenge, j’ai donc décidé de monter mon entreprise et de développer mon activité de designer textile, papier peints et fresques en freelance. Pour des clients à Singapour comme Danone Nutricia ou LinkedIn, aussi bien que pour des clients à Paris, comme Kenzo et Pierre Frey. La liberté de l’entreprenariat me correspond très bien, et la diversité des projets est passionnante.
Parallèlement à mes projets - inspirée par ma mère Anne Severyns, qui est une artiste peintre reconnue à Singapour et excellente professeur de peinture à l’huile - j’eu envie de transmettre ma passion de l’art et de la couleur avec mes médiums de prédilection. J’ai donc commencé à donner des cours de dessin, de peinture à l’aquarelle, à la gouache, et j’y ai découvert un autre travail que j’adore. Aujourd’hui j’ai deux métiers : le design et l’enseignement, tous les deux très complémentaires.
La pandémie m’a impactée dans la mesure où, tous mes projets et cours ont dû s’interrompre pendant le « Circuit Breaker », autre période de challenge. Mais dès la fin de celui-ci, les projets ont redémarré avec d’autant plus de vigueur ! Et depuis que l’on est de nouveau autorisés à se réunir à cinq, j’ai également pu reprendre l’enseignement. Avec beaucoup d’enthousiasme de la part des élèves qui, ne pouvant voyager, ont besoin d’activités, surtout créatives. L’art est l’un des meilleurs moyens pour s’évader...
Quels souvenirs gardez-vous de Singapour dans les années 2000?
Les années 2000 sont mes années Lycée. J’ai le souvenir d’une vie très douce (et très humide!) avec mes parents et mes deux frères. De magnifiques voyages en Asie, des moments de bonheur en famille, une liberté de mouvement loin de la situation actuelle !
Avez-vous des membres de votre famille à Singapour ?
Oui j’y vis avec mon compagnon. Mes parents vivaient à Singapour jusqu’à l’année dernière, et se sont depuis installés en partie à Bordeaux.
Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour dans le contexte de la pandémie ?
Les restrictions sanitaires qui viennent juste de se raffermir à cause du nouveau variant, présagent encore de longs mois imprévisibles… Nous ne sommes pas confinés dans nos appartements, nous gardons la possibilité de sortir faire des activités, d’avoir une vie sociale au quotidien, avec nos masques. Notre entourage en France qui vient de vivre son troisième confinement nous considère plutôt chanceux pour cela. Mais à l’heure actuelle, si nous sortons du territoire nous ne pouvons y revenir. La situation est très complexe.
Comment envisagez-vous la suite ?
Ce n’est pas évident de prévoir la suite dans le contexte actuel ! Aujourd’hui j’ai mon entreprise ici, je me sens très épanouie dans mon travail, avec mon compagnon et notre entourage, je n’ai pas de raison de partir ailleurs. Le futur dépendra surtout de l’évolution de la situation sanitaire, des mesures mises en place ici. Ne pas pouvoir prendre l’avion pour aller voir nos familles sans devoir faire une quarantaine de 3 semaines, n’est pas viable sur le long terme. Mais on essaie de rester positifs quant à l’avenir.
Retrouvez les fresques de Chloé dans la boutique Gorgeous Gifts à Cluny Court / Découvrez ses oeuvres sur son compte Instagram @chloe.severyns / Découvrez les créations de ses élèves sur son compte Instagram @chloe.little.artists
Dans le cadre de l’anniversaire des 20 ans de lepetitjournal.com, l’édition de Singapour a souhaité donner la parole et mettre en lumière des Français et francophones résidant à Singapour depuis une vingtaine d’années.