

Passionné de développement durable, Brice Degeyter est un jeune auto-entrepreneur installé en Asie depuis 6 ans. En 2019, il décide de créer son entreprise Bizsu à Singapour, une startup qui offre des solutions écologiques pour les entreprises locales ainsi que des produits eco-friendly pour les consommateurs. Interview avec un millennial plein d'entrain et éco-responsable.
Pouvez-vous nous présenter votre start-up Bizsu ?
Bizsu a pour mission d’aider les entreprises à se développer tout en étant plus respectueuses de l’environnement. Pour ce faire, nous nous procurons des produits et services innovants et à fort potentiel provenant d’Asie que nous distribuons sur le marché singapourien.
Notre ambition se définit en 3 points. Environnemental et financier puisque nous apportons aux entreprises singapouriennes des produits de qualité, qui s’adaptent parfaitement à leur business et avec un bon rapport qualité/prix. Et une ambition sociale puisque nos fournisseurs asiatiques sont principalement de petites entreprises qui grâce à nous se développent à Singapour.
Pourquoi ce nom Bizsu ?
Bizsu est l'abréviation de l’anglais ‘where Business meets Sustainability’.
Quelles solutions durables proposez-vous ?
Nos offres sont sensiblement différentes néanmoins nous nous limitons à trois domaines. Tout d’abord, l'efficacité énergétique des bâtiments car 20% des émissions de CO2 proviennent de la climatisation, ensuite l’alimentaire parce que l'agriculture provoque 15% de nos émissions de CO2 et enfin le plastique.
Pour les climatisations, nous proposons et distribuons à Singapour une solution brevetée, facile et rapide à installer, qui permet de réduire jusqu'à 50% la consommation énergétique. Le système a été inventé par un japonais, Ryuji Sakai, et est largement utilisé au Japon par Coca-Cola, Tesco, Tokyu Department Store ou encore les hôtels Hilton.

Autre produit que nous distribuons : un dentifrice au format tablettes qui est en vente chez FairPrice. L’idée de ce produit vient de Keeva Saksiamkul, une jeune thaïlandaise qui a constaté que la majorité des dentifrices en vente sont mauvais pour l’environnement et la santé car ils contiennent beaucoup d’eau et d’ingrédients nocifs tels que le dioxyde de titanium ou le triclosan. Sans aucune connaissance sur le sujet, elle s’est mise a créer son propre dentifrice avec un seul objectif en tête : 0% d’eau, 0% de plastique, 0% de produits toxiques. Elle a donc retiré l’eau et a remplacé les ingrédients nocifs, par le bicarbonate de sodium et le menthol, qui sont plus sains pour notre santé.
Aujourd’hui, Bizsu est fier de pouvoir proposer ces produits innovants et de collaborer avec des personnes aussi créatives et qui impactent positivement l’environnement.
Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans le développement durable ?
Je viens du nord de la France, j’ai grandi dans un village entre Lille et Valenciennes au milieu de la nature, c’est de là que vient mon attachement pour l’environnement. J’ai fait un master Finance à Dauphine et Assas puis je suis venu à Singapour pour étudier à l’ESSEC.
J’ai ensuite eu l'opportunité de vivre à Bangkok et d’y monter ma première entreprise où je proposais des contrats de sponsoring à des clubs de football européens. Travailler pour ces clubs de foot et les aider à se structurer, c'était un rêve.
Vivant à Bangkok, je voyais les conditions de vie difficiles de certains habitants. Les déchets qui s'accumulent et je me sentais presque inutile au milieu de tout cela. Je me suis dit que l’on pourrait faire énormément pour l’environnement et la communauté. L’envie de lancer une autre entreprise a tout de suite fait sens pour moi et cette fois-ci dans le développement durable. Instinctivement je savais que Bizsu allait être ma prochaine mission.

Qu’avez-vous fait avant de créer Bizsu à Singapour ?
J’ai décidé de parfaire ma connaissance dans le développement durable avant de créer ma startup. Étant basé à Bangkok, j’ai pu travailler chez Decathlon puis chez Central Group, ce dernier est un groupe thaïlandais qui possède près de 5000 boutiques et centres commerciaux.
J’ai énormément appris. Notamment à identifier les personnes décisionnaires sur les problématiques environnementales, à développer des projets environnementaux et allier l’aspect business tout en étant plus éco-responsable.
Fort de ces expériences, j’ai pu lancer et développer ma startup à Singapour. Aujourd’hui après seulement un an d’existence, nous travaillons avec le Shangri-La hotel, Keppel Corporation, Singapore Management University, La Petite École, ou encore FairPrice. Malgré la situation difficile due au Covid-19, on s’en tire plutôt bien.
Pourriez-vous partager une expérience environnementale qui vous tient à cœur ?
Quand j’ai travaillé pour Decathlon Thaïlande en 2016, nous sommes devenus le premier supermarché local à utiliser des sacs de caisse compostables. Cela m’a beaucoup inspiré ainsi que le mouvement du non au plastique qui était déjà bien présent en Europe.
Donc quand j’ai rejoint Central Group en Thaïlande, qui est l'équivalent de Mulliez en France, je me suis battu pendant un an pour convaincre les responsables du groupe d’arrêter les sacs plastiques. Nous savions que les consommateurs le souhaitaient mais personne n’osait encore le faire. En juin 2019, Central Group a lancé une campagne et la magie a opéré.
Les concurrents ont suivi le mouvement et quelques mois plus tard, le gouvernement thaïlandais a promulgué une loi pour interdire tous les sacs plastiques de supermarchés à partir de 2020. C’était incroyable de voir l’ampleur de ce mouvement.
Avez-vous un conseil pour un/e jeune entrepreneur qui souhaite se lancer dans la ‘sustainability’ ?
Il ne faut pas hésiter à se lancer ! Il y a certes la peur d’échouer ou la prise de risques mais cela ne veut pas dire que la réussite soit impossible. Je pense que si c’est pour développer une entreprise avec une mission aussi importante qu’agir en faveur de l’environnement, le jeu en vaut vraiment la chandelle.
D’ailleurs je m’inspire beaucoup de cette citation du colibri de Pierre Rabhi, reprise d’une légende amérindienne. J’essaie tous les jours, via mon entreprise notamment, d'être ce petit colibri et de faire ma part pour améliorer notre environnement. Notre monde aujourd’hui a besoin de plus de colibris. Nous devons tous être des colibris.
Sur le même sujet
