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Miguel Chevalier, artiste français pionnier de l'art numérique, expose à Séoul

Vous avez peut être déjà vu des œuvres de Miguel Chevalier, projetées sur un bâtiment ou s’épanouir dans un de vos musées préférés. L’artiste français expose à Séoul, au Ara art Center jusqu'au 11 février 2024, et aussi sur la façade du Dongdaemun design plaza.

Miguel Chevalier, artiste français et pionnier de l'art numérique.Miguel Chevalier, artiste français et pionnier de l'art numérique.
Écrit par Charlotte Gide
Publié le 4 septembre 2023, mis à jour le 9 septembre 2023

Polo bleu électrique et lunettes à monture noire, Miguel Chevalier arrive d’un pas rapide sous une pluie battante, devant le Ara art Center, du côté d’Insadong à Séoul. Une exposition à son honneur s’y tient jusqu’au 11 février 2024. Rencontre.

Comment avez-vous eu envie de devenir artiste ?

Mon père était diplomate, il a créé le premier Institut français à Mexico. Dès mon enfance j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup d’intellectuels, notamment au Mexique, dont certains artistes qui ont fait l’histoire de l’art mexicain comme David Alfaro Siqueiros ou Diego Rivera. Toutes ces relations parentales ont joué un rôle important dans mon éveil intellectuel et artistique.

En quoi ces deux artistes vous ont influencés ?

Ils ont créé le muralisme mexicain, dont les œuvres réalisées dans l’espace public en grand format, étaient accessibles au plus grand nombre. Leur influence est perceptible dans la dimension monumentale de mes œuvres, ainsi qu'à l'attention que j'accorde à l’intégration de l’art dans l’espace public et aux prolongements de mes recherches artistiques dans l’architecture.

 

Les oeuvres immersives de Miguel Chevalier permettent aux visiteurs de s'immerger dans le coeur de l'exposition du Ara art Center à Séoul.

 

Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers l’art numérique et virtuel ?

Lors de mes études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris au début des années 80, je m’intéressais beaucoup à l’œuvre vidéo du Sud-coréen Nam June Paik ou aux rayogrammes de Man Ray. Yves Klein et Lucio Fontana constituaient aussi pour moi deux formes d’absolu pictural, mais je ne voyais pas, ce que je pouvais développer de réellement nouveau dans le champ de la peinture. En regardant l’histoire de l’art, on s’aperçoit qu’à chaque époque, les artistes utilisent les moyens de leur temps. Il fallait développer un domaine vierge qui n’avait pas encore été expérimenté.

Comment avez-vous appris à apprivoiser ces outils ?

Déterminé dans ma démarche de créer des œuvres numériques, j’ai peu à peu gagné la confiance d’ingénieurs au CNRS. J’ai pu y développer mes premières œuvres numériques. À la fin des années 80, la micro-informatique est arrivée et j’ai pu avoir mon propre matériel. Au début, tout le monde pensait que j’étais fou, que ce n’était que de la technique et pas de l’art. Mais si l’on regarde plus attentivement quelque soit le médium que l’on pratique, il y a toujours dans l’art une certaine technicité que ce soit pour peindre, pour sculpter, pour réaliser des photos ou de la vidéo. Je suis un artiste de mon temps avec les outils d’aujourd’hui.

À l’heure où tout le monde parle des revers de l’IA, que souhaitez-vous montrer par l’utilisation de cet outil dans votre nouvelle oeuvre Meta-Nature IA qui est actuellement sur le bâtiment de Zaha Hadid, le Dongdaemun design plaza ?

Tout dépend de quelle IA nous parlons. Celle liée à la guerre peut être en effet très dangereuses pour notre futur mais pour beaucoup d’autres secteurs comme la médecine, elle est très utile pour détecter des maladies. Dans l'art, elle devient un nouveau domaine d’exploration de l'image. Cet outil m’ouvre un champ très large et me permet de créer des œuvres fixes comme la peinture ou la photographie mais aussi des œuvres animées en vidéo et des œuvres génératives qui vont se transformer dans le temps avec lesquelles on peut interagir et les modifier selon le déplacement des spectateurs. L'IA ne tue pas la créativité, c'est un outil très puissant qui démultiplie notre imagination, mais seulement si les artistes ont des idées et des visions. Sans idées, l'IA n'est rien.

 

Les fractal flowers de Miguel Chevalier ont une représentation numérique et une physique.

 

Vous avez une grande exposition en cours au Ara art Center, Digital beauty. Quel rapport avez-vous avec la Corée du Sud ?

J'ai eu la chance d'exposer mes œuvres à plusieurs reprises depuis 2005 en Corée du sud. C'est un pays incroyablement dynamique. On a des possibilités en terme d’espaces d’exposition et de moyens techniques, je n’ai jamais eu nulle part ailleurs dans le monde. L ’exposition au Ara Art Center en témoigne. C’est la plus grande exposition personnelle que j’ai réalisée dans le monde. J’ai quatorze installations dont quatre sont entièrement nouvelles, dont Attractors Dance (lire ci-dessous). Des œuvres poétiques et hypnotiques qui tentent de mieux comprendre notre monde actuel et de replacer l'être humain au centre d'un univers de plus en plus dématérialisé. Vous l’aurez compris, les coréens du sud aiment mes créations digitales et réciproquement, je les aime.

 

L'oeuvre collaborative de Patrick Tresset et Miguel Chevalier, Attractors dance.
L'œuvre collaborative de Patrick Tresset et Miguel Chevalier, Attractors dance. (Photo Nicolas Gaudelet)

En savoir plus 
Un autre artiste français expose au Ara art Center : Patrick Tresset. Une première œuvre collaborative entre les deux artistes, un robot dessinateur à cinq mains réalisant différents portraits, a été l'occasion de réunir leur deux savoir-faire. "Il y a aussi une création musicale tout au long de l'exposition par Claude Micheli qui enrichi l'expérience des visiteurs", souligne Miguel Chevalier.
Puis, une salle dédié entièrement à l'art de Patrick Tresset s'explore, avec l'opportunité de faire son portrait par l'un de ses robots, installé sur place. 
> Ara art Center, 26 Insadong 9-gil, Gyeonji-dong, Jongno-gu, Seoul (métro ligne 3, Anguk Station, sortie 6. Tél. +82-2-733-1981 

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