L’un est un muraliste à São Paulo, l’autre une photographe carioca. À eux deux, ce sont les artistes du moment et leurs œuvres ont largement dépassé les frontières. Chacun à sa façon a su imposer une vision nouvelle et contemporaine, l’un pour le street art l’autre dans la photographie. Portrait de Eduardo Kobra et Angélica Dass.
Eduardo Kobra, de tagueur à l’artiste street-art incontournable du XXIe siècle
Kobra de son nom d’artiste, est né dans une des banlieues sud de São Paulo. Son goût pour l’art urbain a commencé très tôt, déjà dans les murs de son quartier et de son école où il a reçu plusieurs procès-verbaux pour « délits d’environnement pour ses tags ». Il a commencé par travailler dans la publicité, en réalisant des panneaux et quelques illustrations sur des événements locaux. L’artiste transforme les édifices et les murs de la ville en œuvre d’art.
Kobra, gagne peu à peu son espace artistique notamment avec le projet : « murs des mémoires » en 2007. Il recrée des scènes, dessine des portraits de grands noms qui ont marqué l’Histoire, il évoque le souvenir et les questionnements comme pour nous rappeler qui était là avant nous... Ensuite vient « green pincel » projet sensibilisant sur l’environnement, ses œuvres nous prêtent toujours à une certaine réflexion sur l’espace ou le temps. Et, en 2009, on ne parle plus de simple tagueur ou graffeur il devient « muraliste ». Il crée des illustrations murales géantes dans la ville, où il révolutionne les codes du street art avec le « 3D » invitant les spectateurs à interagir et se divertir avec lui. Plus de 500 illustrations au Brésil et dans 17 autres pays dont la France où l’on trouve l’une de ses œuvres à Lyon, jardin d’amarante, rue Sébastien Gryphe, 7e.
À la découverte de Kobra dans les rues de São Paulo
Sans plus attendre, découvrez à ciel ouvert les peintures murales de Kobra répandues dans toute la ville, il y en a plus d’une quinzaine, l’incontournable portrait d’Oscar Niemeyer se trouve Praça Oswaldo Cruz, avenida Paulista, mais il y en a d’autres.
Retrouver ici les adresses des muraux*
La couleur de peau vue par Angelica Dass
Angélica Dass est une enfant de Rio de Janeiro, elle est « mulata » comme on dit ici au Brésil, sauf que pour elle ce mot n’a pas beaucoup de signification. Comme elle le dit elle-même, les couleurs ne s’arrêtent pas au blanc et noir. Elle étudie dans une école française, commence une orientation scientifique, change pour le stylisme et finalement trouve sa voie dans la photographie. Elle s’envole pour Madrid où elle vient faire un stage et finir ses études supérieures. C’est au cours de ce master qu’elle présente « HUMANAE », une série de portraits où à chaque participant est attribué une couleur de peau avec un pantone.
Le pantone est une donnée de couleur numérotée de photoshop. Ainsi, elle démontre par cette expérience qu’il y a autant d’individus sur terre que de couleur peau différente et met fin au principe de couleur raciale. De là, naît « humanae » qui fut un retentissement mondial et qui aujourd’hui est devenu une institution. Le succès d’Angelica vient de sa justesse, tant dans le choix de la forme que dans sa manière de communiquer car c’est un projet qui a été porté par les réseaux sociaux et les gens s’en sont emparés.
"Humanae" un projet photographique sur l'humain
"Humanae" a eu un franc succès aux États-Unis et en Europe, bien plus qu’au Brésil, ce grand pays si contrasté par les mélanges d’ethnies où pourtant le sujet s’y prête davantage. Angélica raconte dans une interview pour "Oitenta mundos" : « je me souviens que j’allais rendre visite à ma grand-mère, blanche, et que lorsque j’utilisais l’ascenseur les voisins me faisaient remarquer que j’aurais dû emprunter l’ascenseur de service, pensant que j’étais employée ou fille d’employé ».
La mise en oeuvre de Humanae est bien passée par le Brésil, l’artiste à l’époque résidait plaça rotary à São Paulo, en 2013, y exposant les premiers portraits et incitant les personnes à y participer.
Pour en savoir plus, et voir l’exposition il faut suivre l’agenda de l’artiste ici.
Adresses des peintures murales*
1 – Oscar Niemeyer, Praça Oswaldo Cruz, av. Paulista
2 – A Arte do Gol (projeto Muro das Memórias), av. Hélio Pellegrino com av. Santo Amaro, em São Paulo
3 – Chico e Ariano, na avenida Pedroso de Morais, Pinheiros
4 – Mural da 23 de Maio (projeto Muro das Memórias), av. 23 de Maio (próximo ao viaduto Tutóia)
5 – Murais do Parque do Ibirapuera, ao lado do MAM, no Parque do Ibirapuera
6 – Pensador, Senac Tatuapé, em São Paulo
7 – Muro das Memórias Caixa d’água, Senac Santo Amaro
8 – AltaMira (projeto Greenpincel), rua Maria Antônia, São Paulo
9 – Muro das Memórias, Senac Tiradentes, em São Paulo
10 – Viver, Reviver e Ousar, Igreja do Calvário, em Pinheiros
11 – Sem Rodeio (Projeto Greenpincel), av. Faria Lima
12 – Muro das Memórias Senac Tiradentes, av. Tiradentes
13 – Racionais MC’s, Capão Redondo
14 – Genial é Andar de Bike, Oscar Freire
15 – A Lenda do Brasil, rua da Consolação