Édition internationale

SANTE - La malnutrition, véritable fléau du Brésil

Il y a presque un demi siècle, JosuéDe Castro, médecin, dénonçait la faim au Brésil, et notamment certaines famines organisées dans un livre au titre frappant : Géopolitique de la faim. Aujourd'hui, son analyse reste malheueusement d'actualité


10,5% des enfants présentent des troubles de la croissance (photo: LPJ)


Il y a presque un demi siècle, JosuéDe Castro, alertait l'opinion publique avec un livre au titre évocateur : Géopolitique de la faim.
Aujourd'hui, son analyse reste d'actualité, et malgrèles propositions diverses du gouvernement et le rôle de la sociétécivile, le problème ne semble pas se résorber. "Le problème de la faim au Brésil n'est pas comparable àla situation tragique de l'Afrique australe, oùles populations n'ont vraiment rien àmanger", souligne Andrew MacMillan, Directeur des opérations de terrain àla FAO.
"Au Brésil, avoir faim signifie avoir une assiette àmoitiépleine ou n'avaler qu'un seul repas par jour. Sur le long terme, cela a un effet débilitant sur la population et menace les opportunités de développement d'un pays àfort potentiel"poursuit-il. 
On utilise souvent le terme «faim »pour décrire tous les types de problème nutritionnels, pourtant il s'agit bien au Brésil de malnutrition. Un exemple : nombre de Brésiliens n'ont accès qu'àdeux repas sur trois. "Si àla fin de mon mandat, tous les Brésiliens peuvent prendre leur petit déjeuner, leur repas de midi et leur repas du soir, j'aurai accompli la mission de ma vie", estimait Luiz Iniacio da Silva, lors de son arrivée au pouvoir en 2003.
10% de Brésiliens sous-alimentés
Si le ministère de la Santécontrôle la iodation du sel depuis 1983, les carences en vitamine A sont un problème de santépublique au Brésil. Cette carence atteint 12% des enfants en dessous de cinq ans dans l'état du Para. En 1998, 48% des enfants en dessous de cinq ans de la région nord-est souffraient d'anémie (hémoglobine <11 g/dL), les taux en milieu rural étant plus élevés qu'en milieu urbain.
Aussi, 10,5% des enfants brésiliens présentent des troubles de la croissance (chétivité). 1 million d'enfants de moins de cinq ans, soit 7% de cette classe d'âge, sont victimes de malnutrition modérée ou grave, ce qui place le Brésil entre le Chili (3%) et la Colombie (10%). Dans le nord du Brésil, 55% des décès d'enfants avant un an sont indirectement ou directement liés àla malnutrition.
Malheureusement, le nombre de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique n'est pas connu avec précision et fait l'objet de controverse. Selon les estimations de la FAO, en 1998-2000, 16,7 millions de Brésiliens (environ 10 pour cent de la population) étaient sous-alimentés. Pourtant, la production agricole s'est fortement développée au Brésil au cours des vingt dernières années, mais l'agriculture de subsistance ne semble pas avoir suivi l'évolution démographique.
Julie LE PHUEZ (LPJ - Sao Paulo) 3 avril 2006

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