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Paola Belfiore : "L'ikebana permet de mieux se connaître soi-même"

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ikebana Rome Roma
Écrit par Anne Debaillon
Publié le 23 janvier 2018, mis à jour le 23 janvier 2018

Venez à la rencontre de Paola, qui enseigne l'ikebana, l'art floral japonais, à Rome. Elle nous raconte ici la naissance de cette passion, de ses cours et de ses projets, notamment celui d'un espace libre dédié, l'ikebanalab.

Paola ikebana Roma

 

Lepetitjournal.com de Rome : comment est née cette passion pour l'art floral japonais ?

Paola Belfiore : un peu par hasard. Je résidais alors à New York, et j'ai commencé les cours de l'école Sogetsu, avec une enseignante, amie belge ayant vécu au Japon. Puis je suis partie vivre au Brésil, où existe une communauté japonaise importante, et j'y ai retrouvé l'école Sogetsu.

Que signifie suivre un parcours dans une école d'ikebana ?

Il existe de nombreuses écoles d'ikebana, dont 3 plus importantes : Ikebonobo, la plus traditionnelle, Ohara entre tradition et modernité et Sogetsu, la plus innovatrice. Dans cette dernière, il est nécessaire de suivre 4 niveaux pour commencer (2 fois 48 cours). Pour les enseignants, il existe 8 niveaux, je prends moi même encore des cours, je me rends régulièrement à Anvers, ma professeur également, cela ne s'arrête jamais .... L'ikebana évolue avec la culture et la société, mais il existe des techniques à acquérir. Le concept de l’école Sogetsu est que l’ikebana peut être fait par tous, n’importe où et avec n’importe quel matériel. Ainsi il doit refléter la personnalité de l’artiste, comme l’art contemporain.

Que vous apporte la pratique de l'ikebana ?

Ikebana veut dire en japonais, voie des fleurs, il s'agit d'un chemin pour mieux se connaître soi même et s'améliorer constamment. J'ai appris en terme d'attention au détail, de patience, de détachement. Quand je réalise une composition, je me retire de ce qui m'entoure, je n'entends plus le bruit, tout le mental et le physique sont concentrés. Je peux passer une heure à apporter une dernière touche à un arrangement floral, ou à prendre une bonne photo. Le résultat est important mais aussi la façon dont on y est arrivé. J’observe aussi la nature avec une attention différente, même la nature urbaine.

ikebana Rome

 

Que retirez-vous de l'enseignement de l'ikebana ?

J'apprends beaucoup de mes élèves car enseigner est une manière d'apprendre. Les personnalités sont différentes mais je dois trouver avec chacun la bonne façon de faire passer les messages. Une grande satisfaction vient de, quand les gens sortent et me disent : merci, j'ai réussi à oublier ma vie pendant 2 heures et j'ai passé du temps en harmonie avec moi-même.

Qui sont vos élèves ?

Principalement des femmes âgées de 36 à 65 ans, j’ai un seul homme ! L’ikebana était réservé au Japon aux hommes jusqu'à 1700. Il est né chez les moines bouddhistes, au 6ème siècle après JC, il a évolué avec la société, a été présent chez les samouraïs, puis l'aristocratie et les marchands. Aujourd'hui, comme pour la cuisine, les grands Directeurs des écoles sont souvent des hommes, mais c'est un art surtout pratiqué par les femmes. Je m’adapte à la démarche de chacun, et j’enseigne en plusieurs langues : anglais, français, portugais et italien. Il est aussi possible d’offrir des cours à un proche.

Quelle est la différence entre l’ikebana et les compositions occidentales ?

Je dirais l’importance du vide, et de l’asymétrie. Pour augmenter la perception qualitative d’un bel ikebana, il ne faut rien autour de la composition, il faut aussi agencer le vide dans les branches. Donc moins de quantité pour gagner en qualité, le principe du “less is more”.

ikebana Rome

 

Comment se passent les cours ?

Ils durent de 1h30 à 2h, je vais chercher les fleurs et les végétaux en amont. Chacun réalise une composition - pour les 2 premiers niveaux, le vase est simple, je choisis un contenant bas pour les compositions moribana avec un kenzan pour fixer les fleurs ou des vases hauts pour les compositions nageire. Pour les niveaux plus élevés, je propose un choix varié de vases. Au début, les élèves calquent la composition à l’identique, puis ils doivent la reproduire. On n’obtient jamais deux compositions égales. Puis les élèves défont leur travail, emportent les fleurs, pour réaliser à nouveau l’ikebana chez eux.

ikebana Rome
ikebana Rome

 

Quels sont vos projets ?

J’enseigne l’ikebana depuis fin 2015 avec une autre enseignante et amie, Lucia Pierelli. Notre volonté était de créer un espace libre, réservé à ceux qui pratiquent déjà, ceux qui veulent un parcours plus structuré, ou ceux qui souhaitent seulement découvrir cet art. Depuis, nous avons créé un site internet, et une page Facebook et Instagram, pour lancer le concept d’espace libre, l’ikebanalab. Il s’agit d’un espace pour ceux qui veulent découvrir la magie de l’ikebana, pour le diffuser, pour favoriser les rencontres autour de cette passion. Rome est un lieu de passage pour de nombreux touristes, nous  souhaitons ouvrir cet espace aux ikebanistes de passage, échanger, boire un café ou réaliser une composition ensemble.

L’ikebana est donc plus qu’un simple hobby …

Oui, il s’agit d’une véritable passion, et je dois reconnaitre que la famille doit avoir de la patience! Il fait partie de ma vie.

 

Retrouvez les magnifiques compositions de Paola et Lucia sur : http://ikebanalab.com/

Pour des informations sur les cours :

Tel: +39 339 674 1368 / +39 340 598 8285

info@ikebanalab.com

 

Page Facebook : https://www.facebook.com/ikebanalabroma/

Page Instagram : https://www.instagram.com/ikebanalab/

crédit photo : Paola Belfiore et Ben Huybrechts

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