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« Le syndrome K », histoire d’une épidémie romaine

Rome hôpitalRome hôpital
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 12 novembre 2020, mis à jour le 12 novembre 2020

Tout le monde connaît l’hôpital situé sur l’île Tibérine, mais ce dernier regorge encore de secrets, comme l’histoire d’une mystérieuse épidémie survenue durant la Seconde Guerre Mondiale.

En 1943, un service de l’hôpital (le service K) s’occupe de patients atteints du syndrome K, épidémie alors inconnue, mise à jour par le docteur Giovanni Borromeo, et qui faisait fuir tous les soldats nazis chargés de perquisitionner les lieux, à la recherche de Juifs (1200 Juifs avaient déjà été déportés).

Mais cette maladie n’était en réalité qu’un subterfuge orchestré par Borromeo pour protéger les innocents ; il inventa le syndrome K au nom révélateur, puisque « K » est l’initiale des noms de Kesselring, commandant en chef du groupe d’armées C, et de Kappler, chef de la police nazie à Rome.

Genèse du syndrome K

Le médecin-chef avait refusé un poste similaire dans deux autres hôpitaux romains, ceux-ci l’obligeant à adhérer au Parti national fasciste, ce qu’il refusait catégoriquement ; il accepta de travailler au Fatebenefratelli parce que l’hôpital était tenu par des moines catholiques, de fait, les employés n’étaient pas tenus de s’associer à un parti politique.

Ainsi, Borromeo recruta Vittorio Emanuele Sacerdoti (médecin juif à qui l’hôpital avait fourni de faux papiers, il travaillait alors sous le nom de Vittorio Salviucci), qui avait caché des Juifs dans l’hôpital au moment de la rafle du 16 octobre 1943 ; et Adriano Ossicini, psychiatre antifasciste catholique qui avait échappé à la prison à plusieurs reprises. Néanmoins, les actions de Borromeo devaient être découvertes et il n’échappa pas aux nazis.

En effet, il avait fait installer un émetteur radio dans la structure, dans l’optique d’organiser la résistance, mais décida, avec l’aide des moines de l’hôpital, de jeter tout l’attirail dans le Tibre alors que les nazis avaient repéré le signal de l’émetteur.

Persuadé (à juste titre) que les nazis allaient lancer une perquisition dans les plus brefs délais, le médecin eut l’idée d’inventer une maladie des plus contagieuses, le syndrome K. Cette dénomination devint un véritable symbole, puisqu’elle permit de sauver de nombreux réfugiés jusqu’à la libération de Rome le 5 juin 1944. Effectivement, alors qu’ils s’étaient introduits dans le bâtiment à la recherche de Juifs, les soldats rebroussèrent rapidement chemin, craignant d’être contaminés par l’épidémie.

En 2004, le mémorial israélien dédié aux victimes de la Shoah Yad Vashem de Jérusalem (créé en 1953) décida de décerner à Borromeo, à titre posthume, le titre de « juste parmi les nations », titre décerné aux hommes et femmes ayant risqué leur vie pour sauver les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale (il avait notamment sauvé cinq membres de l’Almagià et sa famille élargie).

En 2014, l’histoire de Giovanni Borromeo est devenue le sujet d’un film commandé par la Fondation « L’Italie et l’Holocauste » au documentariste Oren Jacoby, My Italian Secret : The Forgotten Heroes. Outre l’histoire de Giovanni Borromeo, l’on peut aussi y découvrir les actions du célèbre cycliste Gino Bartali, surnommé « Gino le Pieux », qui utilisait son vélo pour porter des messages et des documents à la Résistance italienne durant la Seconde Guerre Mondiale.

Karine Gauthey
Publié le 12 novembre 2020, mis à jour le 12 novembre 2020

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