Il y a 75 ans aujourd’hui, le 16 octobre 1943, 1250 juifs furent arrêtés par les soldats nazis en plein cœur du ghetto de Rome. 1022 d’entre eux furent déportés au camp d’extermination d’Auschtwitz-Birkenau. Du groupe, seulement 16 ont survécu. 15 hommes et une femme. Retour sur un des épisodes les plus traumatisants de l’histoire de Rome.
« Pour la communauté juive italienne, la rafle de Rome est le plus gros évènement de l’occupation nazie. Pas seulement pour Rome, mais pour l’ensemble de l’Italie », affirme sans hésiter Amedeo Osti Guerrazzi, historien spécialiste de cette période et recherchiste pour la Fondazione Museo della Shoah à Rome.
Quelques jours auparavant, le chef de la police nazie à Rome, Herbert Kappeler, avait pourtant promis aux membres de la communauté juive romaine que s’ils réunissaient 50 kg d’or en 36 heures, ils auraient la vie sauve. Les membres de la communauté réussirent à amasser la somme demandée, mais cela ne satisfît pas l’état-major nazi à Berlin et Heinrich Himmler ordonna tout de même que Rome soit « libérée » des Juifs.
Trouvant que l’opération qui devait être menée par Kappeler n’allait pas assez vite à son goût, Himmler envoya un autre SS en renfort à Rome, Theodor Dannecker. Dannecker était l’un des plus hauts officiers dans la hiérarchie nazie et il avait organisé la grande rafle juive de Paris en 1942.
Dannecker obtint des autorités romaines la liste des familles à arrêter avec les adresses correspondantes. Ainsi, le 16 octobre au matin, les autobus se stationnèrent devant le Teatro Marcello et les nazis commencèrent l’opération qui dura jusqu’à 14h30. Le train partit de la station Tiburtina le 18 au matin et le voyage dura 5 jours. Presque tous les juifs de Rome ont été gazés en arrivant à Auschwitz.
Aucune aide du Vatican
Les leaders de la communauté juive locale ont tenté d’obtenir de l’aide, entres autre du siège de l’Église catholique, la Cité du Vatican étant située à moins de quatre kilomètres de l’endroit, mais en vain.
« Certains ont tenté de fuir, d’autres ont tenté de se cacher. Il n’y a pas eu par contre de réaction organisée de l’ensemble de la communauté, » explique M.Osti Guerrazzi, qui soutient que parce que la communauté juive étant très bien intégrée à la société italienne depuis des centaines d’années et située près de l’autorité papale, « personne ne pouvait imaginer un tel dénouement ».
Commémoration
75 ans plus tard, la commémoration est importante pour la communauté juive de Rome, car selon Amedeo Osti Guerrazzi, « dans chaque famille, on connait un parent ou un grand-parent qui a été déporté. C’est un évènement central dans la mémoire et dans l’identité de la communauté juive romaine. C’est une tragédie qui est non seulement impossible à oublier, mais c’est surtout impossible de ne pas se rappeler », conclut-il.
Ce mardi 16 octobre, dans le cadre du Festival du film de Rome, la Fondazione présentera le documentaire La Razzia - Roma, 16 Ottobre 1943 à la Casa del Cinema. Voici les détails.