

Que feriez-vous si vous découvriez un jour qu'il n'y a plus que vous sur Terre ? Comment réagiriez-vous ? Ces questions, Jonas, le héros du nouveau roman de Thomas Glavinic, se les prend en pleine figure un 4 juillet, alors que tout semblait normal. Après son réveil, il s'aperçoit qu'il ne capte plus aucune chaîne de télévision ni la radio, qu'Internet ne fonctionne pas et que sa petite amie, partie en Angleterre, reste injoignable. En se rendant au travail, il constate rapidement que la situation est bien pire : il n'y a absolument aucun être vivant dans sa ville, Vienne, ni humains ni animaux? et qu'il en est apparemment de même dans le reste du monde.
Voilà comment débute ce roman hors-norme. Le travail de la nuit peut être décrit comme un road trip, mais un road trip atypique. Dans ce genre cher à la culture américaine, un personnage apprend des autres et retire une certaine philosophie de vie des diverses personnes qu'il croise sur sa route. Thomas Glavinic, auteur autrichien, ex joueur d'échec et ancien chauffeur de taxi, a choisi d'en dynamiter les codes en 360 pages angoissantes.
Lire et ressentir
En allant à la recherche d'autres personnes, Jonas va partir à la rencontre de lui-même. Au fil des pages, la quête des autres se transforme en quête de soi, alors qu'il redécouvre des lieux qui ont marqué son existence. Une existence dont il va peu à peu se demander si elle a un sens.
Mais le plus troublant, c'est l'extrème dépouillement dont fait preuve le style de Thomas Glavinic. Une écriture abrupte, donc chaque mot semble s'abattre comme un couperet. La progression en devient presque dérangeante puisque l'on se retrouve presque dans l'état d'esprit dans lequel est plongé le héros, entre folie et desespoir. Très vite, on se met à sa place et l'on ressent le besoin de sortir afin de voir si les gens ne se sont pas évaporés entre temps.
Qu'elle se révèle négative ou positive, Le travail de la nuit est une expérience intense qui marque la vie d'un lecteur.
Nicolas MANGIN. (www.lepetitjournal.com) vendredi 24 août 2007
Thomas Glavinic, Le travail de la nuit (Flammarion) 360 pages, 21 euros








































