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ROMAN - "Ni d’Eve, ni d’Adam", Nothomb, nippon

Elle a ses bons et ses mauvaises cuvées, ses années sanglantes et ses retours autobiographiques. Cette fois le nouvel Amélie Nothomb s'intitule Ni d'Eve, ni d'Adam et s'inscrit dans sa veine japonaise. Tant mieux, c'est la meilleure

L'année dernière, elle nous semblait un peu exsangue avec un Journal d'hirondelle pas terrible. La revoilà en forme et insubmersible pour une nouvelle année Nothomb. Elle surfe dores et déjà en tête des classements de ventes, comme si c'était simple et naturel. Depuis plus de 15 ans, le phénomène d'édition échappe d'ailleurs à la raison. Est-ce/> la brièveté de ses textes, son écriture accessible mais facétieuse ou son personnage médiatique chapoté un peu branque mais attachant qui emballe tous les publics à ce point ?
Et si c'était tout simplement parce qu' Amélie Nothomb n'écrit pas que de mauvais livres ? La preuve en est ce Ni d'Eve, ni d'Adam, plus copieux qu'à son habitude et tout à fait charmant. Il propose une sorte de pendant amoureux de Stupeurs et tremblement. Alors que le premier roman racontait les malheurs d'Amélie au travail, Ni Eve, ni d'Adam retrace son idylle avec Rinri, un jeune Japonais.

Romance tokyoïte
L'histoire est simple. Fin des années 80, Amélie a 23 ans et est de retour au Japon, le pays de son enfance. Rinri cherche un professeur de français et c'est le début d'une liaison légère et heureuse. Sur ce mince canevas, Amélie Nothomb brosse, de sa plume futée et efficace, un panorama des joies et des déboires des amours interculturelles nippo belge. La nourriture y tient, comme souvent, une place particulière, entre la vision très aseptisée que Rinri et ses amis ont de la fondue, le difficile rôle de maîtresse de table ou les pures extases que procurent beignets de pissenlits, feuilles de chiso farcies aux racines de lotus, fèves confites aux cédrats ou friture de crabes nains.

Extases et pudeur
Entre deux repas, les amants font du tourisme, se présentent leurs familles ou évoquent Duras et Mishima. L'ascension du Fuji-yama procure, entre autre, à Amélie des sentiments intenses. La pure exaltation des sensations est d'ailleurs permanente et joliment démesurée, alors que plane sur les choses de l'amour un épais voile de pudeur jamais levé, si ce n'est peut-être au cours d'un très vilain et très réjouissant éloge de la fuite en fin de volume.
Bien sûr, il y a les Nothophobes et les Notholâtres. Pour eux, rien à faire. Pour ceux, plus circonspects, qui attendent de voir au coup par coup, la livraison de l'année est très recommandable.
Jean Marc JACOB. (www.lepetitjournal.com) jeudi 11 octobre 2007

Ni d'Eve, ni d'Adam, Amélie Nothomb (Albin Michel) 245 pages, 17,90?

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