Édition internationale

ROMAN - Bernard du Boucheron : une île noire

Venu tardivement à la littérature, Bernard du Boucheron signe Chien des os, un troisième et remarquable roman dont l'intrigue se déroule au XVI° siècle, sur une île que se disputent Espagnols, Portugais et Anglais. Il dépeint, dans une langue superbe, l'homme dans ce qu'il a de plus sombre

Bernard de Boucheron dresse un tableau implacable et complexe (photo Hélie Gallimard)

Le monde décrit par Bernard du Boucheron est divisé par la nature des hommes d'abord, constamment en lutte, opposés les uns aux autres par la convoitise et la férocité. Par la nature géographique ensuite, qui épouse et génère leurs antagonismes.
Chien des os est situé sur une île de l'Atlantique. Nous sommes au XVI° siècle. Les Espagnols occupent une terre précédemment portugaise et convoitée, dans l'ombre et le complot,
par les Anglais.
Sur le plateau du Paùl vivent "ceux d'en haut", les habitants les plus pauvres du territoire. Ce sont de misérables bergers ou des hommes chargés de la maintenance dangereuse des canaux d'irrigation qui conduisent l'eau précieuse vers les terres bases et vers la capitale, Le Rabaçal.
Dans la ville, règne une corruption orchestrée par l'autorité du Corregidor et de l'Inquisition qui relègue aux pires taches les Mores et les Juifs soupçonnés de fausses conversions.

Ceux d'en haut, ceux d'en bas

Le tableau dressé par Bernard de Boucheron est implacable et complexe. Ecrivain tardif, cet énarque a publié son premier roman, Court serpent, à l'âge remarquable de 76 ans et remporté dans la foulée le prix 2004 de l'Académie Française.
Avec ce troisième livre, il fait à nouveau la démonstration de son immense érudition et de la densité de son style. Méandreux, fragmenté, parfois un peu obscur, Chien des os ne s'attache pas exactement à un personnage ou aux rebondissement d'une histoire. Il détaille, en alternant le mode, les lieux et les circonstances, avec un sens gourmand de la noirceur. Une lecture exigeante, savante et savoureuse.
Jean Marc JACOB (www.lepetitjournal.com) 23 février 2007

Chien des os, Bernard du Boucheron (Gallimard), 168 pages, 14,50 ?
 

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- Le prisonnier, Michel Ragon (Albin Michel) : Certains lecteurs s'approprient les personnages de roman au point d'en donner une interprétation différente de celle de leur auteur. C'est le cas d'un prisonnier écrivant à Michel Ragon. L'homme a connu Christine, l'ex-femme de l'écrivain. Une correspondance un peu envahissante se met en place. A partir du trouble éveillé par ces lettres, Michel Ragon remonte le fil de sa vie, revient sur son mariage passé, sur sa condition, sur ses origines, avec une belle sérénité autobiographique. (136 pages, 12,50?)
- Sa passion, Véronique Olmi (Grasset) : La quatrième de couverture est on ne peut plus brève et comporte cette simple question : comment font les autres, tous ceux qui ne meurent pas d'amour ? La passion est donc bien au centre de Sa passion, celle d'une femme, écrivain isolée dans un salon du livre, seule dans sa chambre d'hôtel et dévorée par un coup de téléphone à l'homme qu'elle aime. En parallèle, Véronique Olmi évoque des souvenirs d'enfance, où, petite fille, elle était ballottée entre une famille pauvre et une cousine beaucoup plus argentée. C'est cet aspect qui s'avère le plus intrigant, même si l'ensemble du roman ne manque pas d'une certaine exaltation fidèle à son titre. (170 pages, 13,50?)
- Un été chez Voltaire, Jacques-Pierre Amette (Albin Michel) : Après son Goncourt consacré à La Maîtresse de Brecht, Jacques-Pierre Amette reste entre auteurs mais change d'époque pour nous inviter à passer quelques jours dans la vie de Voltaire. En 1761, dans son Châteaux de Ferney, l'écrivain et philosophe reçoit deux comédiennes italiennes afin de remonter Le Fanatique ou Mahomet, une de ses pièces qu'il juge mal comprise. Le sujet résonne évidement d'échos contemporains même si le roman tient davantage de la scène de genre champêtre où se mêleraient les sentiments et les paysages, sous une plume alerte comme une toile de Fragonard. (172 pages, 15?)

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