Édition internationale

RIO+20 – Michel Rocard en voyage au Brésil pour préparer le sommet

C'est en tant qu'ambassadeur spécial de la France que l'ancien premier ministre de François Mitterrand a passé cinq jours au Brésil. Spécialisé dans les questions polaires et du réchauffement climatique, son objectif annoncé était de préparer au mieux la conférence sur l'environnement qui aura lieu en juin 2012, à Rio de Janeiro et de présenter le projet de la Charte des Responsabilités Universelles

« Nous sommes très inquiets » déclare d'emblée Pierre Calame, directeur de la Fondation Charles Leopold Mayer pour le Progrès de l'Homme (FPH), partenaire de Michel Rocard au cours de ce déplacement brésilien. A l'approche du Sommet de la Terre Rio+20, « toutes les conditions sont réunies pour que cette conférence soit un échec, ce qui serait dramatique car le monde a besoin que des décisions soient prises », estiment M. Calame et Rocard, compte tenu de la situation actuelle de « multi-crises » et de la relation des pays entre eux.

Depuis plusieurs décennies, toutes les tentatives de prises de décisions communes se sont révélées peu efficaces au plan international, du fait d'une impossibilité de consensus. Le monde se retrouve donc face à une situation bloquée :
- les Etats sont de plus en plus interdépendants. Se sentant dès lors menacés, ils se replient sur eux-mêmes et l'idée de leur souveraineté est mise en avant du fait de la crise ;
- les pays et populations n'ont pas réussi à créer une « réelle impression de communauté de destin ».

Chacun rejette la responsabilité des dérèglements actuels sur les autres et en aucun cas ne veut être celui qui va essayer d'agir pour remédier à la situation. Mettant en exergue la phrase d'Archimède, « Donnez-moi un levier et je soulèverai le monde », les deux hommes qui travaillent ensemble depuis de nombreuses années, proposent à travers leur Charte des Responsabilités Universelles de créer ce levier. « Conçue comme un 3ème pilier faisant pendant à La Déclaration universelle des Droits de l'Homme et à la Charte des Nations Unies », la Charte promeut l'idée que tous les acteurs mondiaux, à tous les niveaux acceptent de prendre la responsabilité des dommages à réparer. Peu importe qui en est la cause, puisque c'est l'ensemble de la communauté qui en subit les conséquences et doit donc se sentir concernée.?

Un rôle à jouer pour le Brésil


C'est donc la gouvernance mondiale qu'il faut repenser, et à ce titre les pays émergents ont une place à prendre. Le choix du Brésil n'est pas anodin : Pierre Calame affirme que « face au risque d'échec de Rio+20, il faut que le Brésil soit porteur des idées de perspectives de la Charte ». A Brasilia, Michel Rocard et Pierre Calame se sont entretenus avec cinq ministres brésiliens (Gilberto Carvalho, Izabella Teixeira, Maria do Rosário, Celso Amorim, José Eduardo Cardozo), avant de s'entretenir à Rio avec le maire Eduardo Paes. Michel Rocard s'est montré particulièrement satisfait des échanges d'idées qui ont eu lieu avec les dirigeants du pays : Rio+20 risquant d'être un simple inventaire de tout ce qui n'a pas été fait en 20 ans, « on va beaucoup pleurer et dire qu'il faudra faire mieux la prochaine fois. L'attention du monde n'est plus sur l'environnement, mais sur la crise financière. Mes interlocuteur brésiliens savent tout ça ».

Il voit dans le Brésil le pays de la situation, celui qui ouvrir la réflexion sur les méthodes à mettre en place, en passant notamment pas la reconnaissance des responsabilités. « Il y a des ennemis à se faire, beaucoup même. Mais le Brésil est un pays puissant, plein d'allant, jeune et fier de sa nation, populaire auprès des autres pour avoir renoncé à l'arme nucléaire. Le Brésil a toutes les possibilités pour se lancer dans cette démarche ».

Amélie PERRAUD-BOULARD (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 21 septembre 2011

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