

Selon Mediapart, un accord secret aurait été passé fin 2010 au sein des instances nationales du football afin de limiter la présence de joueurs noirs et arabes dans les équipes de jeunes et les centres de formation. Une enquête interne est ouverte. Laurent Blanc présente ses excuses
L'équipe de France à l'entraînement le 2 septembre 2010 à Clairefontaine (photo AFP)
La Fédération Française de Football a-t-elle mis en place des quotas discriminatoires à l'égard des joueurs français trop basanés ? C'est ce qu'affirmait jeudi Mediapart : "L'objectif avoué au sein de la DTN, mais inavouable au grand public, est de limiter, en les triant dès l'âge de 12-13 ans, le nombre de joueurs français de type africains et nord-africains. Une authentique ségrégation appliquée au football".
D'après le quotidien en ligne, le nouveau Directeur technique national, François Blaquart, "et d'autres dirigeants de la DTN ont proposé à plusieurs reprises lors de réunions officielles la planification d'une discrimination concernant les jeunes joueurs prometteurs, et obtenu gain de cause. Le chiffre de 30% a même été avancé, le 18 janvier 2011, par le directeur technique lors d'une réunion de la DTN.""Des consignes en ce sens auraient d'ores et déjà été données à des responsables de centres de formation, comme l'Institut national français (INF), à Clairefontaine dans les Yvelines", assure Mediapart qui conclut : "En un mot, il y a trop de grands noirs athlétiques et pas assez de petits blancs qui ont l'intelligence du jeu dans le foot français."
"Le football français est raciste"
Ces graves accusations ont fait réagir à la FFF. Son président, Fernand Duchaussoy, s'est dit "surpris" et "choqué". François Blaquart, le principal mis en cause, a été suspendu. D'autant qu'André Mérelle, ancien directeur de l'INF Clairefontaine a reconnu, sur RMC, que la FFF a eu recours dans les centres de formation à des sélections sur des critères peu objectifs: "Oui, c'était sous la direction de Gérard Houllier. Il n'y avait pas de quotas à proprement parler, mais des réflexions sur le nombre de black et de beurs. Selon eux, dont François Blaquart, il y en avait un trop grand nombre."
Quant à Pape Diouf, l'ancien président de l'OM, il n'est pas surpris. Sur RMC Sport, il a expliqué : "Savoir si la réunion dont on parle a eu lieu ou non me paraît complètement superflu. Je ne dis pas qu'elles sont vraies, mais je ne suis pas étonné par ces révélations. La vérité est la suivante. Le football français est à l'image de sa société. Le football français est raciste, il exclut".
Les excuses de Laurent Blanc
Henri Emile, actuel coordinateur des Bleus, s'étonne :"Laurent Blanc et l'ensemble des membres de la DTN peuvent être choqués par des jeunes binationaux qui vont ensuite dans un pays étranger, mais il n'y a jamais eu de réflexion négative avec des quotas. C'est impensable." Dans un verbatim de cette réunion, publié par Médiapart, Laurent Blanc se serait en effet dit "tout à fait favorable" à la limitation du nombre de joueurs binationaux dans les filières de formation fédérales, mais en précisant qu'il ne s'agissait pas d'un problème de couleur. "S'il n'y a que des ? et je parle crûment ? ?blacks?dans les pôles et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien." Il souhaitait également modifier les critères de sélection : "Il fut un temps où les critères de sélection en France étaient basés sur le physique des joueurs alors qu'en Espagne, c'est le football qui compte, les qualités techniques. Les critères en France ne sont pas assez bons, il nous en faut d'autres."
Meurtri par les critiques qui se sont abattues sur lui, le sélectionneur a publié samedi un communiqué : "Que certains termes employés au cours d'une réunion de travail, sur un sujet sensible et à bâtons rompus, puissent prêter à équivoque, sortis de leur contexte, je l'admets et si, pour ce qui me concerne, j'ai heurté certaines sensibilités, je m'en excuse. Mais être soupçonné de racisme ou de xénophobie, moi qui suis contre toute forme de discrimination, je ne le supporte pas". La députée PS Safia Otokoré, peu convaincue, souhaite sa démission. Lilian Thuram, ancien coéquipier de Laurent Blanc, dénonce "un vrai scandale".
La Ministres des Sports, Chantal Jouanno, a affirmé sur LCI : "C'est inimaginable parce que c'est contraire à l'histoire et à l'esprit de la Fédération française de foot, c'est surtout contraire à la loi et à la Constitution". Pour faire toute la lumière sur cette affaire, elle a proposé une enquête interne. La FFF a annoncé qu'elle sera menée par le député communiste Patrick Braouezec, président de la Fondation du football, et par l'inspection générale de la jeunesse et des sports. Ses conclusions seront rendues sous huit jours.
MPP (www.lepetitjournal.com) article actualisé le 2 mai 2011


































