

Après le président Jacques Chirac et le sénateur Charles Pasqua, c'est au tour de l'ancien homme fort polynésien Gaston Flosse d'être rattrapé par la justice. Le sénateur vient de perdre son immunité et pourrait donc à tout moment être mis en détention provisoire pour les nombreuses affaires l'impliquant
Gaston Flosse est un enfant de Polynésie
Gaston Flosse (AFP) est né en 1931 à Rikitea (Mangareva) dans l'archipel de Gambier (Polynésie française). Son père lorrain, qui s'était lancé dans le commerce de la perle noire, s'était marié avec sa mère originaire de l'île. Alors que le jeune Gaston a 7 ans, il part s'installer avec sa famille à Pirae (Tahiti). Gaston Flosse grandit sur l'île et il y exerce dans un premier temps en tant qu'instituteur pendant treize ans. Il quitte ensuite l'Education nationale pour rejoindre le monde des assurances où il rencontre de nombreuses personnalités importantes de l'île, en particulier des chefs d'entreprises, dont il acquiert le soutien lorsqu'il se lance en politique.
L'homme politique sait jouer de ses relations
Militant depuis 1958 au sein de l'UTD-UNR, mouvement gaulliste polynésien, Gaston Flosse devient en 1965 le premier maire de la commune de Pirae. En 1978, il se rapproche de Paris en intégrant le RPR et par la même occasion l'Assemblée nationale grâce à une victoire aux élections législatives. Gaston Flosse sera plusieurs fois député et siégera également au Parlement européen en 1984. C'est d'ailleurs à Strasbourg que l'homme politique polynésien obtient le statut d'autonomie de la Polynésie française. Il devient alors le premier président du gouvernement polynésien. L'amitié très proche qui le lie avec Jacques Chirac lui permettra d'obtenir en 1986 le poste de secrétaire d'Etat du Pacifique sud dans le gouvernement de cohabitation Chirac/Mitterrand. En 1998, il passera dans l'autre chambre du Parlement tricolore en étant qu'élu sénateur (réélu en 2008).
Il obtient un bilan en demi-teinte pour la Polynésie
Ses bonnes relations avec la capitale et ses talents de négociateur permettront de booster l'économie polynésienne. Gaston Flosse arrivera en effet à convaincre l'Etat français de débloquer des budgets très conséquents alloués à la collectivité française autonome. Au niveau social, il instaure en 1995 une protection sociale pour tous les Polynésiens. Afin de développer le tourisme, Gaston Flosse crée en 1996 : Air Tahiti Nui (ATN), une compagnie aérienne effectuant des longs courriers entre Papeete et l'Europe ou encore les Etats-Unis. Les différentes réformes du statut de la Polynésie ne plaisent cependant pas à tous les Polynésiens et la stratégie économique du dirigeant polynésien s'avère mauvaise car peu durable. L'économie de la Polynésie est tournée pratiquement exclusivement vers le marché public et la Polynésie se retrouve donc financièrement très dépendante de la métropole. Une partie de la population polynésienne dénonce également le "système Flosse": une gestion politique oligarchique, autoritaire et corrompue.
Le sénateur est rattrapé par la justice
Si au cours de sa carrière Gaston Flosse a été plusieurs fois mis en examen pour "trafic d'influence", "faux et usage de faux"ou encore "prise illégale d'intérêt", il a récolté plus de non-lieux que de condamnations. Le sénateur DVD (il a été exclu de l'UMP en 2008) doit cependant aujourd'hui dire adieu à son immunité parlementaire. Le bureau du Sénat, saisi pour la 3e fois par la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, a finalement accepté de lever son immunité. Gaston Flosse est soupçonné d'avoir bénéficié pendant 10 ans pour lui-même et son parti, le Tahoera'a Huiraatira, de versements, estimés à plus d'un million et demi d'euros, d'anciens responsables de l'Office des Postes et Télécommunications (OPT) et du groupe 2H, chargé de la publicité pour l'annuaire officiel de la Polynésie. Dépourvu de bouclier parlementaire, Gaston Flosse devrait rapidement être placé en détention provisoire dans cette affaire, comme cela a été le cas pour plusieurs personnes de son entourage, dont sa femme. Le sénateur âgé de 78 ans est également au centre de plusieurs autres affaires judiciaires dont la disparition inexpliquée en décembre 1997 de Jean-Pascal Couraud (JPK). Selon la famille de la victime, le journaliste tahitien aurait été éliminé car il en savait trop. Il aurait été en possession d'informations sur l'existence d'un compte secret qu'aurait détenu Jacques Chirac au Japon. Le sénateur, sous le coup d'une condamnation d'inéligibilité, pourrait également perdre son mandat si la cour de Cassation maintient la décision judiciaire, confirmée en appel, dans une affaire de détournement de fonds.
Damien Bouhours (www.lepetijournal.com) jeudi 4 novembre 2009
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Le blog de Gaston Flosse
Article du Nouvel Obs, Le Sénat lève l'immunité parlementaire de Gaston Flosse


































