Coïncidant avec le huitième mois du calendrier chinois, il culminera le 17 septembre, jour de la pleine lune. Il est marqué par de nombreux événements et traditions dont l’origine se perd dans la nuit des temps.
Une tradition millénaire auréolée de légendes
Le festival a lieu au milieu du huitième mois lunaire du calendrier chinois, qui tombe autour de l’équinoxe d’automne. C’était il y a plus de 3000 ans une fête des moissons destinée, comme dans beaucoup d’autres endroits dans le monde, à remercier les dieux pour la récolte de riz ou de blé. Remarquons que cette fête est encore célébrée dans certaines régions de France, comme à Provins.
Au fil des siècles, le milieu d’un mois lunaire étant une pleine lune, ce festival s’est transformé en fête de la lune, associée á la féminité, et donc à la fécondité. Des offrandes étaient offertes à la déesse de la lune, Chang’e.
Une légende rapporte qu’elle était la femme d’un héros, Hou Yi, qui avait réussi à détruire de ses flèches 9 des 10 soleils qui brulaient alors la Terre. Un immortel le récompensa en lui faisant don d’un élixir d’immortalité. Mais Hou Yi ne voulait pas devenir immortel sans son épouse et lui confia donc la garde du précieux breuvage. Un mauvais garçon, ayant eu vent du secret, voulut s’emparer de l’élixir. Pour l’en empêcher, Chang’e n’eut d’autre moyen que de le boire : elle s’envola au ciel et devint l’esprit de la lune. Quand il apprit cela, Hou Yi devint si triste qu’il étala les fruits et gâteaux préférés de Chang’e dans la cour et les lui offrit. La population apprenant cela, fut très touchée et accompagna Hou Yi dans ses sacrifices.
Une autre version de cette légende, moins glorieuse pour Hou Yi, dit que celui-ci fut nommé roi après son exploit. Enivré par son pouvoir, il devint tyrannique et réclama cet élixir d’immortalité. Mais sa femme, Chang’e, ne voulant pas que le peuple continue à souffrir trop longtemps sous le joug de son mari, subtilisa le breuvage et le but. Hou YI fut si enragé qu’il lui décocha une flèche alors que Chang’e s’envolait au ciel. Mais il la manqua. La population, reconnaissante, offrit a Chang’e un sacrifice chaque année pour commémorer son action.
Une autre légende relative à ce festival met en scène Bouddha. Celui-ci, déguisé en vieillard affamé, approcha trois animaux : un renard, un singe, et un lapin. Le renard lui remit un poisson qu’il avait attrapé. Le singe lui apporta des fruits. Mais le lapin se jeta dans un feu pour s’offrir lui-même en nourriture. Le Bouddha fut si touché par ce sacrifice qu’il ressuscita le lapin et l’envoya sur la lune pour y être vénéré.
En quoi consiste les festivités ?
Le festival est la fête chinoise la plus importante après le Nouvel An. Elle est célébrée dans tous les pays où réside une communauté chinoise, dont, bien sûr, Singapour.
C’est tout d’abord l’occasion de réunions familiales dans les maisons illuminées de lanternes multicolores. Des offrandes à la lune sont déposées sur les autels, comme des pomelos. Le soir, il est d’usage de se promener dehors en famille en portant des lanternes pour admirer la lune. C’est pourquoi, ce festival est aussi appelé « festival des lanternes ».
Certaines entreprises rassemblent leurs employés pour cette occasion, en organisant dans leurs locaux diverses activités, pour renforcer la cohésion de leur personnel.
Des événements communautaires sont aussi organisés, comme des bals, des jeux, des spectacles, des retraites aux flambeaux, ou des lâchers de lanternes sur les cours d’eau ou la mer. Ces rassemblements sont une occasion de rencontre pour les jeunes gens. Cette période est aussi propice aux mariages.
Parmi les traditions liées au festival de mi-automne, la plus répandue est celle des gâteaux de lune « mooncakes », dégustés en famille après le repas avec une tasse de thé. Ces gâteaux ronds et dorés, comme la pleine lune, de quelques centimètres de diamètre sont traditionnellement fourrés avec de la pâte de lotus sucrée et en option un jaune d’œuf salé. Mais la tradition a pris un tour commercial depuis quelques années et on trouve toutes sortes de gâteaux de lune, tant en ce qui concerne leur extérieur que leur intérieur : chocolat, truffe, champagne, … Tous les grands pâtissiers et hôtels en vendent, dans des emballages flamboyants et à des prix parfois exorbitants, deux mois avant le festival, car c’est un cadeau prisé dans cette période. Inutile de dire que ces douceurs doivent être consommées avec modération, compte tenu de leur teneur en calories.
Ces gâteaux de lune auraient aussi joué un rôle dans la lutte contre les envahisseurs mongols au 14ème siècle. Les rebelles chinois auraient propagé l’incitation à un soulèvement coordonné en cachant des messages dans les gâteaux.
Que faire à Singapour durant cette période ?
La plupart des quartiers de Singapour célèbrent le festival, mais deux endroits sont particulièrement intéressants à visiter.
Le quartier chinois (« Chinatown ») est bien sûr celui où la fête bat son plein. Jusqu’au 14 octobre, la grande avenue qui le borde au Nord (New Bridge road/Eu Ting Sen street) est décorée de sculptures illuminées. Tout le quartier est décoré de lanternes multicolores. Une procession de lanternes aura lieu le 14 septembre à partir de 19h entre Chinatown point et Kreta Ayer square, où des spectacles se tiennent le week-end.
Gardens by the Bay est un autre endroit célébrant le festival jusqu’au 22 septembre. Vous y trouverez des sculptures illuminées tous les soirs évoquant les diverses légendes et traditions liées au festival. Le soir, des spectacles son et lumière ont lieu près des Supertrees. Les weekends, des concerts, des spectacles de danse, des ateliers de fabrication de lanternes, et des démonstrations de cérémonies de thé y sont organisés. Pour plus de détail sur les programmes cliquez ici.
Mais il se passe des choses dans tous les quartiers de Singapour, comme par exemple des illuminations en soirée à Jurong lake, divers événements au Sun Yat Sen Nanyang Memorial Hall, un concert au Tampines Hub, et partout des marchés de produits traditionnels de cette période, dont les fameux gâteaux de lune.